Reuters, L'Express
01/10/2009
Conakry — L'opposition guinéenne a rejeté l'appel à la formation d'un gouvernement d'unité nationale lancé par la junte militaire à la suite de la violente intervention des forces de l'ordre contre une manifestation de l'opposition.
Selon un bilan établi par une organisation de défense des droits de l'homme, les forces de sécurité ont tué 157 personnes lors d'un rassemblement de l'opposition, lundi dans les rues de Conakry.
Mercredi soir, le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), dirigé par le capitaine Moussa Dadis Camara, avait proposé la création d'un gouvernement d'union “intégrant des membres des différents partis politiques et chargé de la transition” et la mise sur pied d'une commission d'enquête internationale.
Mais l'opposition y voit une tentative de diversion.
“Cela ne m'intéresse pas le moins du monde”, a déclaré Sidya Touré, ancien Premier ministre qui dirige l'Union des forces républicaines (UFR). “Pour le moment, ce qui nous intéresse, c'est d'enterrer nos morts”, a-t-il ajouté.
Dès mercredi soir, un autre dirigeant de l'opposition guinéenne, avait qualifié de “diversion” l'annonce de la junte. “Moussa Dadis Camara n'est plus crédible pour mener à bien la transition”, a dit Mouctar Diallo, des Forces nouvelles de la démocratie. “Il a massacré son propre peuple, et a perdu toute crédibilité. Ce type de proposition ne nous intéresse pas.”
La junte, qui a pris le pouvoir en décembre dernier à la suite d'un coup d'Etat sans effusion de sang, a également demandé qu'un dirigeant africain soit désigné médiateur et proposé une “commission internationale et nationale d'enquête avec les Nations unies pour faire la lumière sur les événements de janvier et février 2007 et du 28 septembre 2009”.
Plus de 180 personnes avaient péri début 2007 lors d'une grève générale contre le président Lansana Conté, mort depuis.
Le rassemblement de lundi visait à protester contre l'intention prêtée par l'opposition au capitaine Dadis Camara de renier sa promesse initiale de ne pas se présenter à l'élection présidentielle prévue le 31 janvier 2010. Le chef de la junte n'a toujours pas fait connaître officiellement ses projets.
Les violences de lundi, sans précédent depuis le coup d'Etat, ont été largement condamnées par la communauté internationale. La France, ancienne puissance coloniale, a suspendu sa coopération militaire avec Conakry.
“Il y a trop d'enjeu pour que les acteurs internationaux laissent la Guinée s'enfoncer dans une spirale comme la Guinée-Bissau”, juge l'anthropologue Mike McGovern, spécialiste de l'Afrique de l'Ouest à l'université de Yale. “Si la Guinée plonge, le reste de la région sera en danger”, ajoute-t-il en citant le Liberia, la Sierra Leone et la Côte d'Ivoire.
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