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Crise en Guinée
L’opposition rejette les propositions du médiateur


AFP
20-11.2009

L’accord politique soumis par le médiateur de la crise guinéenne a été rejeté par la délégation du forum des « Forces vives » regroupant l’opposition, les syndicats et la Société civile. La période de transition de dix mois proposée par Blaise Compaoré ne tient compte ni des recommandations de la Cedeao, ni de celles de l’Union africaine encore moins de l’Ue.

L’opposition à la junte au pouvoir en Guinée a catégoriquement rejeté hier les propositions du médiateur de la crise guinéenne, le président burkinabè Blaise Compaoré, qui préconisait un maintien des putschistes pendant une transition de 10 mois.

“La délégation du Forum des Forces vives (opposition, syndicats et Société civile) a pris la décision de rejeter le projet d’accord politique, tel qu’il lui a été soumis” par la médiation, indique un communiqué de l’opposition. “Les préoccupations fondamentales du peuple guinéen, exprimées par les Forces vives (...), n’ont pas été prises en compte dans le projet d’accord politique”, précise le texte. Les «  Forces vives  » prennent également leur distance par rapport au médiateur : la délégation se “réserve le droit, après consultation de sa base en Guinée, de se prononcer quant à sa position par rapport à la médiation”. “Les recommandations, résolutions et communiqués finaux de la Cedeao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest), du Groupe international de contact sur la Guinée, de l’Union européenne ainsi que du Conseil de sécurité de l’Onu ont été purement et simplement ignorés”, selon elles.

“Notamment ceux relatifs à la non candidature aux prochaines élections des membres du Cndd (Conseil national pour la démocratie et le développement, junte), de son président, du Premier ministre et des membres du gouvernement ainsi que la mise en place, sur la base du retrait du Cndd, d’une nouvelle autorité de transition”.

Le Forum des Forces vives “lance un appel solennel au peuple de Guinée pour qu’il reste mobilisé afin de défendre ses droits légitimes pour l’avènement de la démocratie, pour la justice et le progrès économique et social”, sans toutefois donner de précision sur les actions à venir. Après avoir rencontré séparément les deux parties à Ouagadougou depuis début novembre et recueilli leurs propositions, le médiateur Compaoré, nommé par la Cedeao, leur avait remis jeudi soir à Ouagadougou un document de synthèse. Dans ce texte consulté hier par l’Afp, M. Compaoré propose notamment la mise en place d’un “Conseil national de transition” dirigé par le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, qui sera également “chef de l’Etat” et “chef suprême des armées”. Mais depuis le massacre fin septembre par les forces de sécurité de plus de 150 opposants, selon l’Onu, dans un stade de Conakry, l’opposition refuse tout dialogue avec les putschistes et exige le départ de la junte, arrivée au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat le 23 décembre 2008. “Le Conseil national de transition est chargé de l’organisation de l’élection présidentielle dans un délai de 10 mois”, indique le document de la médiation, précisant que la période de transition pourrait débuter en décembre. Selon le document, le “chef de l’Etat et tout membre du gouvernement voulant se présenter à l’élection présidentielle doit démissionner 4 mois avant le jour du vote” pour se porter candidat. Aucune disposition n’interdit donc au chef de la junte de se présenter à ce scrutin. Sans surprise, la junte avait très vite exprimé sa satisfaction. “Oui nous sommes satisfaits. Vous savez que le président Blaise Compaoré est une référence pour l’Afrique. Donc il ne vous propose pas quelque chose sur laquelle vous ne vous sentez pas à l’aise”, avait déclaré à la presse le ministre chargé de la Communication auprès du chef de la junte Idrissa Chérif