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Sanctions de l'UE — Dadis embauche des mercenaires sud-africains

Philippe Chapleau
Ouest-France
27 octobre 2009

Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont décrété un embargo sur les armes à la Guinée et décidé d’imposer des sanctions ciblées à l'encontre des membres de la junte au pouvoir.

Ces mesures visent notamment à sanctionner l'implication de la junte dans la répression sanglante d'une manifestation le 28 septembre à Conakry, qui a fait au moins 150 morts selon l'ONU et suscité l'indignation internationale. Cet embargo fait suite à celui imposé, la semaine dernière, par les pays d’Afrique de l’Ouest réunis au sein de la CEDEAO.

La junte a pris les devants

La menace de telles sanctions a poussé la junte à acheter des armes et à recruter des spécialistes étrangers. Ces développements inquiètent les services de renseignements frnçais qui ont été priés de vérifier la teneur de deux récentes informations.

Dadis a-t-il expédié en Ukraine son ministre de la Défense ? Sékouba Konaté a effectivement négocié l’achat d’armes légères d’un montant de 45 millions de dollars.

Dadis a-t-il recruté des mercenaires ? L’arrivée à Conakry, la semaine dernière, de trois Sud-Africains (Christo Delport, Eloff Meyer et Rudolf Muller, tous trois d’anciens membres de la police sud-africaine) confirme que la junte a fait appel à une société militaire privée. Omega Strategic Services, installée à Dubaï et dirigée par des Sud-Africains, a pour mission de réceptionner les armes ukrainiennes, de former les soldats et miliciens guinéens, et d’assurer des missions de protection rapprochée.

Cette équipe avancée a été rejointe, quelques jours plus tard, par un deuxième groupe de mercenaires recrutés par un certain Dereck Coetze qui dirige une autre société également implantée à Dubaï, Global Maritime Security Solutions. Au total, une cinquantaine de « spécialistes » étrangers pourraient être déployés en Guinée.

Doigt ou baroud d’honneur ? Quelle que soit la réponse, de telles initiatives de la junte guinéenne confortent Paris dans sa décision d’évacuer ses ressortissants et de considérer hors-la-loi le régime du capitaine Camara.