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Cellou Dalein Diallo, leader de l'opposition guinéenne : « Les soldats de Dadis ont dansé sur mon dos »


Thierno Diallo. Correspondant permanent
Le Quotidien.sn
14-10-2009

Trois jours après sa sortie de l'hôpital, Cellou Dalein Diallo a accepté de nous recevoir dans son luxueux hôtel près de Paris où il est en train de suivre une longue période de convalescence. Les séquelles des coups reçus au stade du 28 septembre sont perceptibles à travers sa voix à peine audible. Fatigué, l'opposant guinéen qui a miraculeusement survécu aux massacres « dirigés par Toumba Diakité » s'efforce malgré tout de recevoir ses militants, et autres personnalités venus lui témoigner leur soutien. Et ce depuis son lit d'hôpital déjà où les présidents de la Bad, de l'Uemoa, et Alpha Condé, entre autres, étaient venus à son chevet.
Bernard Kouchener, samedi, Claude Guéant, avant la fin de cette semaine, le président de l'Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg) multiplient également les démarches de sensibilisation sur les «menaces qui pèsent aujourd'hui sur la Guinée».
Dans cet entretien, il revient, en exclusivité pour Le Quotidien, sur les évènements du «lundi noir», non sans se considérer comme un miraculeux. Tout en témoignant sa gratitude à l'endroit d'Abdoulaye Wade qui a convaincu Dadis de le laisser sortir de Conakry.

Vous êtes sortis de l'hôpital depuis vendredi. Comment vous sentez-vous ?

Je vais beaucoup mieux. Mon traitement n'est pas terminé. Je dois donc retourner régulièrement à l'hôpital. Mais je dois reconnaître que je vais mieux.

Ressentez-vous encore des douleurs ?

Oui, bien sûr. Vous savez, j'ai eu des fractures au niveau des côtes, ça ne peut pas se ressouder aussi rapidement. Il faut quatre semaines. Et d'ici cela je dois rester sous observation.

Qu'est-ce qui s'est passé le 28 septembre dernier à Conakry ?

Les Forces vives de Guinée avaient décidé d'organiser une manifestation pour marquer leur opposition à la candidature du capitaine Dadis Camara à la prochaine élection présidentielle. Etant donné que les partisans de cette candidature manifestaient un peu partout dans le pays, notamment au stade, au palais du peuple et dans les quartiers, on a estimé qu'il était bon que les Forces vives, opposées à cette candidature, manifestent leur opposition. Le gouvernement a décidé d'interdire la manifestation et de fermer le stade du 28 septembre. On a décidé de passer outre cette interdiction, compte tenu du fait que nous voulions une manifestation pacifique. Nous voulions juste nous retrouver au stade pour exprimer notre point de vue comme le faisaient déjà les partisans de cette candidature. Le 28 septembre, tous les leaders se sont retrouvés au domicile de Jean-Marie Doré (Ndlr : secrétaire de l'Union pour le progrès de la Guinée, Upg). Et de là, on a pris la direction du stade. On a rencontré la police et la gendarmerie qui nous ont empêchés l'accès au stade en invoquant l'interdiction de la manifestation. Le commandant Tiégboro (ministre de la lutte anti drogue et du grand banditisme) est venu sur les lieux. Il a soutenu qu'on ne pouvait pas manifester le 28 septembre parce que c'est une fête nationale. Alors que le 2 octobre a toujours été la fête d'indépendance du pays. Néanmoins, à l'issue de cette discussion, on est resté longtemps puisqu'il y avait un barrage devant nous. Trente minutes après, le commandant Tiégboro est revenu pour nous dire de passer au stade, en nous disant qu'il doit avouer qu'ils étaient débordés par les jeunes. Il nous a demandé d'aller parler aux jeunes afin qu'ils ne cassent pas les équipements du stade et qu'ils arrêtent de lancer des pierres contre les véhicules de la police et de la gendarmerie. Nous sommes arrivés ensuite au stade et nous avons effectivement réussi à calmer les jeunes. Puis, nous les leaders, sommes montés à la tribune présidentielle, tandis que les jeunes s'amusaient sur la pelouse. On est resté là environ une heure de temps. Ensuite, les bérets rouges de la garde présidentielle ont fait irruption dans le stade en tirant sur la foule. Je dois avouer que pour moi et pour la plupart des leaders, nous pensions qu'ils tiraient avec des balles en caoutchouc. C'est à la vue des cadavres qu'on a réalisé qu'ils tiraient avec des balles réelles. Et on voyait aussi des jeunes tomber par dizaines. Cette garde présidentielle était conduite par Diakité.

A ce moment, les leaders étaient-ils toujours dans la loge ?

Oui on était toujours dans la loge. Les bérets rouges sont alors venus nous prendre pour nous molester. Personnellement, j'ai fait l'objet d'un traitement spécifique.

Pourquoi ?

Pourquoi ? Je ne sais pas. J'ai juste entendu dire : « Voilà le Dalein qu'on cherchait. Viens-ici.» Un Monsieur qui semble être le chauffeur du Président m'a pris en charge. Il m'a frappé, il m'a cassé la tête, il m'a donné un coup sur le nez, sur la bouche… Je saignais du nez et de la bouche. Finalement il m'a traîné et a invité les autres à danser sur mon dos, ils ont cassé mes côtes. C'est lorsqu'ils m'ont pris pour mort qu'ils m'ont jeté en disant que j'étais bon pour la morgue. C'est pourquoi ils m'ont abandonné. C'est après que j'ai été récupéré et mis dans le véhicule de Tiégboro pour être conduit à l'hôpital. Après le stade, les bérets rouges sont passés dans ma maison et ont tout détruit. Ils sont entrés dans les chambres, ils ont pris ce qui leur intéressait et sont repartis. Un peu tard dans la nuit, nous avons reçu une délégation de religieux qui nous ont fait comprendre que le capitaine Dadis avait accédé à leur demande de nous libérer, et qu'ils voulaient raccompagner chacun chez lui. J'avais les côtes cassées, j'étais sous perfusion et j'ai alors dit que je ne pouvais pas rentrer à la maison et que je préférais rester à la clinique. Les autres leaders sont partis chez eux. Mais à 3 heures du matin, ils (les militaires) sont venus me chercher à la maison parce qu'ils pensaient que j'étais rentré. Ils ont demandé aux jeunes de leur dire où je m'étais caché. Ils ont fouillé toute la maison, ils ne m'ont pas trouvé. Après, ils ont détruit le reste.

Ils voulaient vous achever ou quoi ?

Apparemment oui. Car ils ont demandé où est-ce que j'étais. C'était donc pour m'achever. J'étais toujours à la clinique, et je cherchais à me faire évacuer pour venir me traiter en France. J'ai acheté mon billet et fait ma réservation. C'est le Président Wade qui a négocié toute la nuit avec Dadis pour qu'il me laisse partir.

C'est vous qui avez sollicité l'aide de Wade ou c'est lui qui s'est proposé ?

C'est moi qui ai demandé son intervention. Je l'ai appelé pour lui demander son aide. Mais il avait déjà dit qu'il était disposé à recevoir les leaders blessés, dont moi-même, pour qu'ils puissent se soigner. C'est quand j'ai pris l'option de partir à Paris que je l'ai appelé pour le lui dire. Et lorsque j'ai été informé que le capitaine Dadis Camara avait donné des instructions pour que je ne sorte pas, j'ai fait appel à lui. Il a été vraiment disponible. Il a donc négocié toute la nuit, et finalement ils se sont mis d'accord qu'il allait m'envoyer son avion personnel le matin (mardi 29, ndlr). C'est ainsi que j'ai pu sortir de Conakry pour Dakar d'abord, puis pour Paris où j'étais attendu à l'hôpital militaire de Percy (banlieue proche de Paris, ndlr).

Vous accusez directement Toumba Diakité, l'aide de camp de Dadis Camara, d'avoir dirigé les massacres. Et pourtant lui s'en défend, en disant qu'il a même reçu des coups en protégeant les leaders de l'opposition.

Ce qui est sûr c'est qu'avant son arrivée, il n'y avait plus d'affrontements avec la police et la gendarmerie. C'est avec son arrivée avec les bérets rouges de la garde présidentielle que les massacres ont commencé. Ça, je ne suis pas le seul à le constater. Je ne l'ai pas vu défendre quelqu'un. Il était à la tête d'un groupe qui s'est mis à tirer, c'est ce même groupe qui a molesté les leaders.

Que répondez-vous à Dadis Camara qui désigne les leaders politiques comme responsables des massacres ?

Le capitaine Dadis dit que c'est nous qui avons envoyé les enfants à la boucherie, mais nous on ne s'attendait pas à voir des bouchers au stade. Nous avons bien entendu demandé aux jeunes de venir manifester pour exprimer leur opinion. Nous ne nous attendions pas à ce que les soldats tirent sur la foule. Il n'y a aucun policier, aucun gendarme, aucun militaire qui est mort. Donc les civils qui ont manifesté n'étaient pas armés, sinon ils auraient pu blesser un policier, un gendarme ou un militaire. Les militaires ont tiré sur les jeunes. Et c'est eux qui ont violé les femmes. Je ne vois pas quelle est la responsabilité des leaders de l'opposition dans ces massacres. Le simple fait de venir manifester au stade, même si c'était interdit, ne pouvait pas justifier qu'on tire sur la foule, qu'on tue 150 personnes. Ce n'est pas une simple bavure, c'est un carnage. Je ne vois donc pas la responsabilité que les leaders pourraient assumer dans cette situation.

Pourquoi les forces vives ont-elles attendu la multiplication des manifestations de soutien à la candidature de Dadis pour descendre sur le terrain ?

Il faut d'abord préciser que le jour même de la manifestation contre la candidature de Dadis au stade, il y avait des jeunes qui manifestaient à Kaloum pour cette candidature. Et ceux-ci n'ont pas été inquiétés ni violentés. Alors, pourquoi on a attendu ? Il faut dire que la question de la candidature de Dadis Camara s'est posé récemment. A partir de cet instant, il fallait qu'on se retrouve au niveau des forces vives pour d'abord avoir une position. Un large consensus a été obtenu avec l'opposition des forces vives à cette candidature. La question était maintenant de savoir comment la manifester. On a alors décidé de tenir un meeting au stade pour exprimer notre point de vue, puisqu'à la télévision et à la radio nationale on ne voyait que les partisans de la candidature de Dadis. C'était notre droit en tant que citoyens d'exprimer notre position par rapport à notre candidature.

L'opposition guinéenne n'a-t-elle pas quelque part encouragé le capitaine Camara à prolonger l'aventure, pour l'avoir soutenu au début du putsch ?

Non, on ne l'a pas encouragé, on a soutenu un programme. Certes, un certain nombre de leaders avaient dit que le choix était difficile. C'est-à-dire il y avait le choix entre la transition par le président de l'Assemblée nationale et la transition par les militaires. Dadis disait haut et fort qu'il n'était pas venu pour s'éterniser au pouvoir, et qu'il voulait organiser une transition courte et organiser des élections libres et transparentes, élections auxquelles il ne se présenterait pas, ce programme a paru pertinent aux yeux des leaders de l'opposition. La classe politique toute entière a donc décidé de le soutenir. C'est son programme que nous avons soutenu mais pas autre chose.

Ce soutien n'était-il pas plutôt un aveu d'impuissance ?

Non. Dans ce contexte-là, ce n'était pas un aveu d'impuissance dans la mesure où la Cedeao avait déjà condamné le putsch, ainsi que l'Union africaine. Ces deux organisations, en plus de l'Organisation internationale de la Francophonie, avaient suspendu la Guinée. On aurait pu dire qu'on n'était pas d'accord avec le putsch, mais le programme nous rassurait plus que la conduite de la transition par le président de la défunte Assemblée. On aurait pu soutenir et exiger la transition par le respect de l'ordre constitutionnel, mais on a estimé que le programme de Dadis était plus rassurant par rapport à l'organisation d'élections libres et transparentes.

Vous n'avez aucun regret, avec le recul ?

Des regrets… euh, parce qu'on ne sait pas ce qu'aurait pu donner le respect des dispositions de la Constitution. Et c'est sûr qu'on ne pensait pas à l'époque à un bain de sang, comme celui vécu le 28 septembre. Aujourd'hui ce n'est plus la question de la candidature qui est posée, c'est la question du carnage. Comment traiter ça, comment identifier les coupables afin qu'ils répondent de cette forfaiture devant les tribunaux compétents.

Lors de votre escale à Dakar, avant de rejoindre Paris, vous avez proposé le Président Wade comme médiateur en Guinée. Et pourtant, sa position a été jugée ambiguë par nombre d'observateurs internationaux et une grande partie de l'opinion guinéenne.

Ecoutez, des gens ont jugé la position du Président Wade ambiguë, mais personnellement on avait des échanges et je connais sa véritable position. Je me disais qu'il pourrait être un bon médiateur dans la mesure où je crois connaître ses convictions. Mais c'est que les Guinéens, de façon globale, ont fait une mauvaise lecture de la démarche qu'il avait menée la dernière fois, surtout sa présence au Palais du peuple où il y avait le comité de soutien à la candidature de Dadis. Et les propos qu'il a tenus semblaient aux yeux de beaucoup de Guinéens indiquer qu'il soutenait la candidature de Dadis. Je ne suis personnellement pas convaincu que ce soit sa position. D'ailleurs il avait une fois indiqué à Conakry qu'il soutenait Dadis parce qu'il s'était engagé à restituer le pouvoir aux civils. Lorsqu'il a fait cette déclaration, j'ai fais ma propre lecture et j'ai compris que le Président Wade n'était pas favorable à cette candidature, et qu'il soutenait Dadis sur la base de son programme, comme c'était le cas de la classe politique guinéenne. La télévision nationale du Sénégal m'a demandé quel était le portrait robot du médiateur, et j'ai dit que c'était quelqu'un qui pouvait parler à toute la classe politique, à tout le monde. Parce que je sais que le Président Wade connait tous les leaders politiques guinéens. Il rencontre Alpha Condé, Sidiya Touré, moi-même, il connaît Lansana Kouyaté… Il connaît aussi Dadis qui lui voue un respect religieux compte tenu de son expérience. Donc c'est pour vous dire que je ne voyais pas d'inconvénient à ce que Wade soit désigné médiateur, mais ce n'était pas à moi de décider. C'était un point de vue personnel. Je ne parlais ni au nom des forces vives, ni au nom de la Guinée.

Vous le défendez mais il y a quand même anguille sous roche lorsque, lors de son dernier voyage à Conakry, il rencontre uniquement Dadis Camara et pas l'opposition…

Je ne le défends pas, et je ne crois pas qu'il était venu pour une conciliation. Sa mission était de rencontrer Dadis pour lui dire ce qu'il pense. C'est comme ça que je l'ai perçu. Mais comme je n'étais pas à leur rencontre, parce qu'ils ont eu quand même un tête-à-tête… (il ne finit pas la phrase). Le message qu'il avait à délivrer ne pouvait pas l'être devant le public, si on voulait que ce message soit efficace.
En tous cas, je suis profondément reconnaissant à l'endroit du Président Wade pour avoir mené ces négociations avec Dadis Camara qui ont permis mon évacuation de Conakry. Ça je dois l'assumer haut et fort : sans son intervention, je pense que je serais resté à Conakry et ce n'était pas évident que je sois… (il ne finit pas la phrase).

Donc vous devez être déçu que Wade ne soit pas désigné médiateur.

Non je ne suis pas déçu. Je connais le Président Blaise Compaoré, je pense qu'il a aussi de l'expérience. Mais bon, l'essentiel est que les forces vives guinéennes restent unies et fermes dans leurs positions, et qu'elles puissent vraiment vendre cette position au médiateur quel qu'il soit. Je n'ai pas de préjugés, je sais que le Président Compaoré a certainement beaucoup d'expérience et qui, je l'espère, va dans le sens souhaité par le peuple de Guinée aujourd'hui.

Peut-être que si Abdoulaye Wade n'a pas été choisi c'est parce qu'il est soupçonné de partialité dans cette crise. Vous ne croyez-pas ?

Je ne sais pas. Et puis, ce n'est pas les forces vives qui ont choisi le médiateur, c'est la Cedeao. J'ai appris que le Président Wade lui-même aurait proposé le président Compaoré à New-York, en marge de l'Assemblée générale des Nations-Unies. Donc ce choix aurait été fait là-bas. Bien entendu c'est bien avant le lundi noir. Les termes de référence de sa mission ont été élaborés sur la base des problèmes tels qu'ils s'étaient posés à l'époque. Aujourd'hui il y a un nouveau développement avec le lundi noir avec le carnage qu'il y a eu. Je ne sais pas si cela est intégré dans les termes de référence de la mission de Compaoré, même si cette mission lui a été officiellement confiée après le lundi noir. En tous cas, selon les informations que j'ai eues, la décision de désigner le Président Compaoré comme médiateur a été prise un peu avant le lundi noir.

Aujourd'hui quelle est votre priorité, c'est le départ de Dadis ou la lumière sur les massacres ?

La lumière sur les massacres est une priorité absolue parce que les enfants qui sont morts sont des innocentes personnes. Et, bien sûr, Dadis s'est disqualifié par rapport à la conduite de la transition, avec cette responsabilité directe ou indirecte qu'il aura nécessairement à assumer dans ce carnage. Je pense qu'il ne peut plus prétendre à diriger cette transition, même sans être candidat. Son départ est devenu une nécessité. Cette médiation en cours implique forcément négocier avec Dadis Camara ou ses proches autour d'une même table. Les forces vivent ne veulent pas négocier avec Dadis. Elles ont rédigé un mémorandum qu'elles ont remis au médiateur Compaoré dans lequel on demande son départ et qu'on n'est pas prêt à négocier avec lui.

Donc vous n'irez pas Ouadougou pour répondre à l'invitation du médiateur ?

Je suis membre des forces vives qui ont décidé de ne pas y aller. Et c'est aussi ma conviction.

Qu'est ce que les forces vives exigent exactement aujourd'hui ?

Ecoutez, le mémorandum est très clair : nous ne voulons pas négocier, nous voulons une commission d'enquête internationale pour situer les responsabilités des massacres, et nous voulons que les coupables répondent de leurs actes devant les tribunaux. Nous exigeons la libération de toutes les personnes arrêtées et la restitution de tous les corps.

Le capitaine Camara a déjà mis en place une commission d'enquête nationale… (il coupe)

Les forces vives ont indiqué qu'elles ne participent pas cette commission.

Pour quelles raisons ?

Son autonomie et son indépendance ne sont pas garanties.

Concrètement, que se passerait-il si toutefois Dadis ne partait pas ?

Nous, nous allons continuer à exiger son départ. Il faut qu'on trouve des hommes et des femmes soucieux de la sécurité et de l'avenir de la Guinée, qu'ils prennent la direction du pays pour organiser des élections libres et transparentes. Les forces vives ont décidé de se battre par rapport à ça avec bien entendu l'appui de la communauté internationale dont la position semble être conforme à cette vision.

Parlons maintenant du rôle de la France. Elle fait partie des premières nations à condamner les massacres, elle a suspendu sa coopération militaire, et elle ne veut plus travailleur avec Dadis. C'est suffisant à vos yeux ?

C'est déjà une bonne chose que la France prenne une position claire, sans aucune ambiguïté. Et les déclarations de Bernard Kouchner par rapport au comportement de la junte est claire. Je pense qu'il faut saluer cela. Elles vont dans le sens de la position prise par les forces vives. Les Etats-unis, la France, l'Ue, la Cedeao, tous ont été très clairs avec la junte.

Vous avez été reçu par Bernard Kouchner, samedi, au quai d'Orsay. Qu'est-ce qu'il vous a promis ?

On a échangé nos points de vue par rapport à ce qu'il y a lieu de faire, étant donné que nous avons des convergences de vue sur la situation en Guinée. On a parlé de la mise en place de la commission d'enquête, des sanctions annoncées par l'Union africaine. L'Union européenne soutiendrait ces sanctions si l'Ua prenait les devants. On a également parlé des risques liés à l'installation d'une dictature en Guinée et la pérennisation du pouvoir de la junte. On a une parfaite convergence de vue, par rapport aux problèmes et solutions envisagées.

Allez-vous rencontré Nicolas Sarkozy ?

Non, il n'y a pas de rendez-vous prévu avec lui.

Comptez-vous rentrer en Guinée dès la fin de vos rendez-vous médicaux ?

Je vais bien sûr rentrer en Guinée après mon traitement qui devrait normalement finir dans trois semaines.

Etes-vous conscient que vous courez un risque en retournant en Guinée ?

Ah oui ! j'en suis conscient. Mais dès lors que j'ai décidé de faire de la politique je savais que cela comportait des risques. Les risques font parie des aléas politiques.