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Guinée : bain de sang dans le stade de Conakry


Reuters
30 septembre 2009

Le capitaine Moussa Camara Dadis s'est dit « désolé, très désolé » en évoquant le massacre dans le stade de Conakry.

157 morts, 1 253 blessés. C'est le bilan, encore partiel, du massacre commis lundi dans la vaste enceinte où s'étaient rassemblés des milliers d'opposants.
Un lourd silence pesait hier sur Conakry, au lendemain d'une fête de l'Indépendance que les militaires ont transformée en bain de sang. Des centaines de soldats, juchés sur des pick-up équipés de mitrailleuses lourdes, quadrillaient les principales artères. Et, selon de multiples témoignages sur place, menaient des rafles dans les banlieues.

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Commandant Tiegboro Camara, membre du CNDD, face aux
manifestants du 28 septembre.

Lundi, la capitale guinéenne avait été le théâtre de l'une des journées les plus sanglantes du dernier quart de siècle sur le continent africain. Les bérets rouges, garde prétorienne du régime, ont fait feu sur 50 000 opposants rassemblés au stade du 28-Septembre. « Nous avons enregistré jusqu'à maintenant 157 morts et 1 253 blessés. Nos éléments ont circulé un peu partout à Conakry et dans les hôpitaux, mais ils n'ont pas pu tout voir », indiquait, hier midi, Thierno Maadjou Sow, le président de l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'homme (OGDH).

Le crime des manifestants ? Avoir brandi des pancartes « Non à Dadis ». Moussa Camara Dadis a pris le pouvoir en décembre, quelques heures après le décès de Lansana Conté, le « général-président » qui avait mis le pays en coupe réglée pendant 24 ans. À l'époque, l'obscur capitaine (jusque-là en charge des approvisionnements en essence) promettait de débarrasser l'État des voleurs et de se retirer. Neuf mois plus tard, l'argent coule toujours à flots pour l'armée et Dadis n'exclut plus une candidature à la présidentielle de janvier. Hier, dans une interview à RFI, le capitaine s'est dit « désolé, très désolé ». Dadis met le dérapage des bérets rouges sur le compte d'une « bousculade » et se défausse : « Même le chef de l'État ne peut pas contrôler ce mouvement. »

Les témoins rapportent pourtant une sauvagerie méthodique. Les militaires ont attendu que les opposants soient enfermés dans le stade pour tirer. Puis ils se sont déchaînés contre les survivants. « Il y a eu des femmes déshabillées, des militaires ont fait pénétrer des fusils dans leur sexe », affirme Mouctar Diallo, l'un des trois chefs de l'opposition blessés lundi et relâchés hier.

La France suspend sa coopération militaire

Saura-t-on un jour le bilan réel ? « On ne voit aucune photo de cadavres. Les militaires font le tour des hôpitaux, ramassent les corps et enlèvent des blessés, souligne un Français de Conakry. On voit des soldats prendre livraison de munitions au domicile d'un ministre avant de s'enfoncer dans les quartiers. »

Hier soir, l'OGDH parlait d'« au moins trois nouvelles victimes ». La France a annoncé la suspension immédiate de sa coopération militaire avec Conakry.