Frédéric Couteau. RFI. 14 janvier 2010
Après Dadis, c'est le général Konaté qui est arrivé hier soir à Ouagadougou. L'actuel numéro un guinéen et le président Compaoré, facilitateur de la crise guinéenne, ont ou vont sans doute tenter d'expliquer à l'ex-chef de la junte que la partie, pour lui, est terminée.
D'ailleurs, il y a des signes qui ne trompent pas. Comme le souligne le site d'information Guinée Conakry Infos, « le président par intérim, le général Konaté, est arrivé hier soir dans la capitale du Burkina Faso, à bord de l'avion présidentiel ivoirien où il a été accueilli par les ministres burkinabé des Affaires étrangères et de la Défense. » Un faste qui contrastait avec l'arrivée en catimini avant-hier de Dadis. « Une arrivée presque banalisée », remarque Guinée Conakry Infos, alors que celle de Konaté a été « solennisée ».
En tout cas, s'interroge le site, « comment Blaise Compaoré et Sékouba Konaté vont-ils s'y prendre pour convaincre Dadis de rester encore sur place, lui qui fulminait déjà contre l'équipage marocain avant-hier, quand il a su qu'il n'était pas à Conakry ? »
De toute manière, les dés sont jetés pour bon nombre de journaux et de sites d'information guinéens ou burkinabé : il serait inconcevable que Dadis revienne au pouvoir.
Ainsi, pour Aminata, le général Konaté « redonne l'espoir aux Guinéens » avec « un noble idéal », affirme le site : « assurer la transition et permettre à ses compatriotes qui n'ont que trop souffert de choisir librement enfin par la voie des urnes leurs propres dirigeants. Ce serait une date historique pour la Guinée et les Guinéens, poursuit Aminata, si les hommes à la gâchette facile rentraient dans les casernes en laissant la politique aux politiciens. »
Et d'après GuinéeNews, autre site guinéen d'information, cet espoir se préciserait. En effet, GuinéeNews annonce que la junte militaire « a décidé de mettre un trio de ‘choc ’ à la tête du gouvernement de transition. Ce trio est composé, affirme le site, de Jean-Marie Doré, porte-parole du Forum des forces vives, pressenti au poste de Premier ministre ; de Hadja Rabiatou Sera Diallo, secrétaire générale de la CNTG, pressentie au poste de premier vice-Premier ministre et du général de division Mamadouba Toto Camara, numéro deux du CNDD, pressenti au poste de deuxième vice-Premier ministre. (…) « C'est ce gouvernement de transition qui définira le chronogramme des futures élections. Maintenant, nous voulons sortir de cette crise et repartir sur de nouvelles bases », aurait affirmé un haut gradé du CNDD, proche de Konaté, cité par GuinéeNews. GuinéeNews qui précise que « toutes les dispositions semblent être prises pour matérialiser cette décision du général Sékouba Konaté dans les 24 ou 48 heures qui viennent… »
Dans ces conditions, on comprend que Dadis soit devenu bien encombrant. Et le site d'information burkinabé Fasozine de s'interroger : « acculé par la communauté internationale, (presque) assassiné par son ancien fidèle aide de camp, débarqué de son douillet cadre hospitalier de Rabat, quelle carte reste-t-il entre les mains de Dadis Camara pour peser encore d'une quelconque façon sur le destin de son pays ? Celle de la reddition et du fait accompli ? Aura-t-il alors l'élégance de la jouer à Ouagadougou pour ouvrir une nouvelle ère politique dans ce pays tant meurtri ? »
Enfin, commentaire dans le quotidien ivoirien L'Inter du journaliste-écrivain Venance Konan. Un commentaire en forme de lettre adressée directement à l'ex-chef de la junte : « Tu as dû te rendre compte que depuis le 28 septembre dernier, après le massacre commis par ta soldatesque au stade, tu es devenu un personnage encombrant, pour ne pas dire infréquentable. C'est pour cela que les Marocains se sont débarrassés de toi en te refilant comme une patate chaude à Blaise. On me dit aussi que tu tiens absolument à aller à Conakry. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée », s'exclame Venance Konan qui avance toute une série d'arguments, notamment le fait que « ton opposition, écrit-il, à qui on a proposé le poste de Premier ministre, n'a aucune envie de te voir venir remettre cela en cause. Et puis, n'oublie pas. Il y a Bernard Kouchner et Hillary Clinton qui disent que tu n'es pas le bienvenu dans ton pays. » Bref, conclut Venance Konan, « si je peux te donner un conseil, reste au Burkina Faso. »
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