Né en 1897 à Marégala, dans la préfecture de Dinguiraye
Fils de Amara Fodé Bokar et de Hawa Sylla
Instituteur. Collègue, ami, et allié de Madani
Sabitou Bâ
L'idée répandue que Docteur Maréga aurait été arrêté pour satisfaire une vengeance, du fait que Fodé Bocar Maréga, son père (directeur d'école), ait été responsable de l'exclusion de Sékou Touré de l'école, nous paraît être saugrenue, et cela, pour plusieurs raisons :
D'abord Docteur Bocar Maréga a été officiellement arrêté pour n'avoir pas dénoncé une conversation qu'il aurait, prétendument entendu entre Kaman Diaby et Bâ Mamadou. Ces arguments ressemblent plus aux accusations habituelles utilisées par le régime guinéen pour abattre l'une de ses cibles privilégiées, l'élite guinéenne.
Ensuite, comme nous l'expliquons plus haut, et comme cela a été constaté à travers la Guinée, la politique de destruction des élites guinéennes a été une constante du régime au gré de ses déboires et échecs. Il s'agissait plus d'une politique d'ensemble visant à détruire l'ordre « ancien », et créer « le guinéen nouveau » (comme aimait le dire le Président Sékou Touré) que d'une volonté de vengeance personnelle.
Enfin, il n'y a jamais eu d'hostilité de la part de Sékou Touré vis-à-vis de Fodé Bokar Maréga, instituteur, ni à l'égard de Dr Maréga (du vivant du père de ce dernier). Quand le Président avait un problème de santé, il le faisait chercher dans toute la ville, car il estimait que ce dernier était son « parent », et qu'il avait confiance en lui.
Les faits que nous allons relater attestent, au contraire, d'une grande reconnaissance du Président Sékou Touré à l'égard de Fodé Bokar Maréga l'instituteur.
Cependant, il faut toujours garder à l'esprit le caractère criminel et paranoïaque de Sékou Touré, qui n'a pas manqué de faire assassiner des dizaines de milliers de guinéens, faisant ou non partie de l'élite :
En 1959, dès l'Indépendance, mon beau-père fut nommé commandant de Bissikrima
Sékou Touré et sa famille, notamment ses sœurs, Nounkoumba et Ramata, passaient saluer mon beau père à chacune de ses visites à Conakry chez son fils, Dr Bocar Maréga.
Mon beau-père s'est occupé de la tante de Sékou Touré (la sœur de son père qui résidait à Bissikrima) du vivant de celle-ci, en assurant tous ses repas (repas matin, midi et soir). Sékou Touré lui en a été reconnaissant
Sékou Touré faisait de nombreux cadeaux, de grande valeur, à mon beau-père. C'est ainsi qu'il lui a offert une montre en or massif à l'effigie du Roi Ibn Saoud. d'Arabie Saoudite. Une montre qui sera volée à l'arrestation de docteur Bocar Maréga.
En mars 1968, au décès de mon beau-père, alors que le Président Sékou Touré recevait deux Présidents, Léopold Sédar Senghor (Sénégal) et Moktar Ould Daddah (Mauritanie), il est venu s'incliner à Conakry la nuit devant la dépouille mortuaire de mon beau-père, qui est mort à Conakry. Il envoya une délégation du Bureau Politique National du PDG, avec Touré Mamouna comme chef de délégation. Sékou Touré fit apporter le linceul et de l'argent. Mon beau-père fut enterré à Conakry, avec la présence d'une autre délégation envoyée par le Président Sékou Touré. Enfin, il autorisa le Colonel Kaman Diaby à piloter un petit avion (qui attérit à Bissikrima) pour permettre à une délégation, comprenant Bocar Maréga, son oncle et d'autres personnes, à se rendre à Bissikrima pour les sacrifices et les condoléances.
Un certain nombre de personnes encore en vie pourraient confirmer les faits relatés plus haut.
En 1965, mon beau-père, Fodé Bocar Maréga, est venu se soigner à Conakry.
Je fus surprise des nombreuses visites de la famille de Sékou Touré, ainsi que de l'attention particulière que le Président réservait à mon beau-père.
Quand je lui ai demandé pourquoi le Président était aux petits soins pour lui, ce dernier m'a expliqué l'origine de ces égards :
« Lorsque j'ai été affecté à Kissigougou en remplacement du directeur Blanc, j'ai trouvé que ce dernier avait licencié Sékou Touré pour mauvaise conduite. Ce dernier étant trop âgé pour le cours élémentaire « CE », et du fait qu'il était le fils d'un parent, je l'ai repris et formé pour le CEP (certificat d'études supérieures), et l'école Georges Poiret pour qu'il ait une bonne formation et un métier. Il était trop âgé pour l'EPS (école primaire supérieure). Son frère Ismael, avec mon fils, ont pu aller à l'EPS ». A l'époque, le CEP était un vrai diplôme.
A Abidjan, j'ai reproché à Ibrahima Baba Kaké d'avoir reproduit le mensonge concernant mon beau père, sans avoir pris soin de vérifier les dires de Sidiki Kobélé Keita. Il s'en est excusé, et a affirmé qu'il l'avait pris du livre de ce dernier. J'avais promis d'attaquer Kaké en justice, mais il décéda quelques mois plus tard.
Monsieur Kobélé raconte n'importe quoi ; et surtout, il ignore beaucoup de Sékou Touré que nous connaissions depuis bien avant son accession au pouvoir.
Comme on le voit, mon beau-père n'a pas expulsé Sékou Touré de l'école. Au contraire, il lui a plutôt donné une formation, qui lui a permis d'être syndicaliste, de travailler à la Poste, et de devenir maire de Conakry, et enfin Président de la Guinée.
Si Sékou Touré était resté au niveau du Cours élémentaire, il n'aurait sans doute jamais été Président de la Guinée.
En outre, si mon beau-père, Fodé Bocar Maréga, avait renvoyé Sékou Touré de l'école, il n'aurait sans doute pas manifesté autant d'égards à l'endroit de ce dernier, connaissant le caractère rancunier de Sékou Touré.
Par Maïmouna Maréga
(épouse de Docteur
Bocar Maréga)
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