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Guinée : dix-neuf ans après le “non” du 28 septembre 1958 le mythe et les réalités
Deux millions de réfugiés
Jeune Afrique. N° 875, 14 octobre 1977, pages 35-62
Les purges périodiques auxquelles procède le Président Sékou Touré ont frappé toutes les couches socio-professionnelles ; en particulier, tous les grands corps de l'Etat. Parmi ces derniers, le corps diplomatique a été particulièrement atteint. En tout cas, depuis que la Guinée a noué des relations diplomatiques avec des pays étrangers, la liste des ambassadeurs arrêtés, emprisonnés, ou en fuite est éloquente :
Paris : Sur les trois diplomates qui ont précédé l'ambassadeur actuel, M. Seydou Kéita, deux ont été emprisonnés et le dernier (Nabi Youla), condamné à mort par contumace, vit à l'étranger. [Note. Seydou Keita fut fusillé en juillet 1985 durant la purge menée par Lansana Conté et le CMRN en rétion au coup d'Etat avorté du Colonel Diarra Traoré. — Tierno S. Bah]
Moscou : Sur les cinq qui ont précédé l'actuel, trois ont disparu au Camp Boiro ; un a été condamné à mort par contumace, et le cinquième a eu le temps de demander le droit d'asile à la Suisse en 1972.
ONU : Arrêtés à tour de rôle, Diallo Telli, Kaba Sory et Ashkar Marof n'ont donné aucun signe de vie depuis. Un quatrième, Touré Hady, a choisi la liberté.
Washington : Quatre sur les six qui s'y sont succédé, sont emprisonnés, à moins qu'ils ne soient déjà morts.
Dakar : Deux ont été arrêtés et emprisonnés ; un troisième, M. M'Baye Cheikh Omar a été arrêté avant même d'avoir rejoint son poste [et fusillé en 1971].
Berlin-Est : Deux ambassadeurs ont coup sur coup, abandonné leur poste pour se réfugier à l'étranger.
Des ambassadeurs ayant été en poste à Bonn, à Abidjan, à Lagos, à Alger, à Dar es-Salam sont soit emprisonnés, soit en fuite.