Paris: Présence africaine, 1961. 436 p.
Camarades,
Je vais répondre aux nombreuses questions contenues les 45 rapports des sections du P.D.G.
Les plus importantes de ces questions concernent la délimitation à faire entre le domaine d'action des organismes politiques et celui des organismes administratifs.
C'est là où la reconversion des mentalités doit être rendue possible car, sans elle, les attitudes fâcheuses qui ont pu être dénoncées hier continueraient encore à fausser les rapports entre Président du Conseil de Circonscription et le Secrétaire Général du Parti.
Prenons comme exemple un paysan qui n'a jamais été à l'école. Si ce paysan a la confiance de la population, il peut donc être élu député, conseiller de circonscription ou secrétaire général de sa sous-section pour remplir les fonctions politiques ; il n'est demandé au militant de remplir les critères politiques correspondant aux dites fonctions. Ce paysan ainsi élu doit respecté par tous les fonctionnaires de la circonscription dès l'instant qu'il représente le parti. Dans le secteur administratif, ne peut être désigné chirurgien qui le veut et quand il le veut. Outre le critère politique, il y a d'autres critères qui conditionnent la désignation de tel travailleur à tel ou tel poste de responsabilité.
Il ne faudrait pas que le camarade chef de la circonscription médicale, chef du bureau des Finances, chef du groupe chirurgical ou professeur, dont la désignation est fonction de sa compétence technique, désobéisse au camarade qui serait de son état commis, infirmier ou paysan, premier responsable du Parti, pour la simple raison que celui-ci, dans le cadre de la hiérarchie administrative, ne jouerait qu'un rôle subalterne.
Nous devons considérer que tout n'est que moyen y compris l'instruction. Si tout n'est que moyen, la supériorité des moyens ne doit être recherchée qu'en vue d'une plus grande efficacité pour la réalisation concrète de l'idéal que nous nous sommes fixés et non par respect formel des valeurs qui s'y attachent.
Cette reconversion est indispensable pour que camarade paysan, devenu secrétaire général de la sous-section ou du comité de village, convoquant une assemblée générale, le chef de la circonscription soit le premier à s'y rendre parce qu'il verrait en ce paysan le représentant authentique du Parti Démocratique de Guinée. De même, ce camarade, cadre politique qui a été au niveau de la conception des décisions faisant d'un tel un chef de la circonscription administrative ou un président du conseil de circonscription, etc...; ce cadre politique, dis-je, doit être fier d'exécuter les ordres donnés par ce chef de circonscription dans le domaine technique, parce qu'ayant lui-même contribué à lui donner cette autorité. S'il ne le fait pas, il n'aura pas insulté ce camarade chef de circonscription, mais le Parti qu'il représente.
Par conséquent, nous n'avons pas à supprimer la dualité, car sans elle notre éducation ne sera jamais complète. Nous devons nous élever au-dessus de ces contradictions internes pour que chacun ne voit que l'intérêt supérieur du pays. S'il en était ainsi, jamais les problèmes d'homme ou d'amour propre ne viendrait perturber l'évolution de notre Mouvement et la réalisation de son programme. Quand certains camarades ont soulevé les aspects de cette dualité entre les différents organes pour demander la suppression des conseils de circonscription, ils n'ont pas fait l'effort politique nécessaire dans le sens de la compréhension. Chaque phénomène ou chaque action comporte à la fois son aspect négatif et son aspect positif. Ne dit-on pas que pour construire, on est obligé de détruire ce qui existe déjà.
Supposons que nous décidions la suppression des conseils de circonscription pour mettre fin à certains abus. Il est exact que les conseils de circonscription comportent en même temps, dès leur naissance, leur aspect négatif et leur aspect positif. Mais si nous ne voyons que l'aspect négatif pour justifier leur suppression, demain, nous pourrions demander aussi, pour les mêmes motifs, la suppression de l'Assemblée Nationale dont certains membres ont des agissements qui déshonorent le Parti. Puis nous supprimerions aussi le Gouvernement qui, lui-même, n'est pas sans faute. Or, nous pouvons pas nous engager dans ce processus. Nous voyons les conseils de circonscription sous leur double forme ; la forme qui les lie à la masse en tant qu'expression directe de cette masse, et qui fait de ces conseils de conscription non seulement le mandataire mais le défenseur de ses intérêts, dans tous les domaines.
La deuxième forme d'appréciation de l'action des conseils de circonscription se ramène évidemment à l'efficacité de l'action menée par les hommes qui ont été désignés. Comme on dit souvent : « la valeur d'une loi dépend aussi de ceux qui sont chargés de son application ». Certaines sous-sections ont rendu hommage à l'action des conseils de circonscription, alors qu'ailleurs les condamnations les plus catégoriques ont été faites. Cela va faciliter tout-à-l'heure l'analyse de ce problème. Nous dirons que les conseils de circonscription sont nécessaires en tant qu'organismes populaires et ceux qui croient qu'en supprimant les conseils de circonscription on aura résolu une contradiction, ceux-là se trompent. Lorsque vous supprimez une contradiction et que vous vous mettez sur une autre plate-forme, vous trouverez toujours une autre contradiction à résoudre sur votre chemin. Puisque les conseils de circonscription ont encore un rôle, ne serait-ce que leur rôle d'organisme démocratique, conservons-les. Il ne faut pas se cantonner dans l'idée simpliste qui consiste à dire qu'un seul organisme suffit : le chef de circonscription. En effet, on pourrait dire tout autant que les membres du gouvernement ayant été désignés par nous et par conséquent étant des hommes sûrs nous n'avons plus besoin l'Assemblée Nationale.
Ne soyons pas simplistes. Recherchons dans la diversité des rôles la solution des contradictions. Il y a eu, il est vrai, des abus commis par des conseillers de circonscription dont certains ont eu tendance à se justifier à l'endroit des chefs de canton. De leur côté, certains présidents ont eu tendance à se justifier à l'endroit des chefs de canton. De même d'autres présidents ont eu tendance à dire qu'ils étaient la première personnalité de la circonscription et que si le chef de circonscription n'était pas content, ils pouvaient le faire remplacer, que les fonctionnaires étaient à leur seule disposition, etc.
Ils ont même eu l'audace de dire que si les cadres administratifs ne leur obéissaient pas, ils prendraient des sanctions contre eux.
Ces cadres administratifs sont donc dans l'insécurité. Traqués de toutes parts, ils ne font plus preuve d'initiative créatrice, pour ne pas être mal jugés par l'homme politique du lieu. Nous disons que tous ces phénomènes nous les avons constaté dans certaines circonscriptions et nous devrons y faire face. Comment ? En prenant les sanctions les plus sévères contre les coupables, c'est-à-dire contre ceux dont l'attitude partisane compromet le bon fonctionnement des conseils de circonscription, et entrave de ce fait le jeu harmonieux des différentes structures sans lesquelles le pays ne peut pas se développer.
Le Bureau Politique va étudier les compétences des conseils de circonscription et leur mode de fonctionnement pour essayer de mettre fin à ces contradictions.
Quant à la transformation (dans l'appellation) des conseils de circonscription en conseil général, cette proposition est à l'ordre du jour et au nom du Bureau Politique, je vous affirme, d'ores et déjà, que nous n'y voyons aucun inconvénient. De même, quant à ce que les chefs de circonscription assument le rôle de président du conseil de circonscription, le Bureau Politique n'y voit aucun inconvénient.
Nous mettrons tout en oeuvre afin que toute dualité trouve sa solution au niveau du Parti politique.
Dans l'ordre du jour, on a parlé de l'unification des partis politiques. Nous disons que ce problème est d'actualité. Le camarade Barry Diawadou a exposé hier l'historique de ce problème d'unification du P.R.A. et du P.D.G. A l'avance, je vous dirai que chez ce camarade nous avons constaté une parfaite loyauté. Quant à la réalisation de cette unité politique, la forme proposée par lui n'est pas à notre avis la meilleure. Il suggère, effet, l'envoi de deux délégations formant une délégation mixte auprès des masses.
Nous disons que le P.D.G. est un mouvement organisé qui a ouvert ses portes à tous ceux qui veulent apporter leur contribution à l'évolution de l'Afrique. L'U.P.G. ayant, de son côté, fait la même option et donné les précisions nécessaires à ses membres, il ne lui reste que peu de chose à faire.
La réalisation de l'unité n'est retardée que par les hésitations de certains militants du P.R.A., lesquels n'ont pas été P.R.A. en raison du programme du P.R.A. mais par opposition à l'action du R.D.A. Par conséquent, nous demandons que l'U.P.G. renouvelle les instructions ou besoin envoie partout où cela est nécessaire un délégué en tournée. De toutes les manières la sanction des contre-révolutionnaires ne doit pas être examinée sous l'angle de l'appartenance au R.D.A. ou à l'U.P.G. Quiconque veut contrecarrer l'indépendance de la Guinée sera châtié. D'autre part, le rôle du Bureau Politique à l'égard des militants a été évoqué dans beaucoup de rapports de sections. On reproche au Bureau Politique d'avoir à recevoir des militants et à traiter avec eux directement des problèmes de portée politique ; on reproche également à certains militants de l'intérieur de se vanter d'avoir des appuis au sein du Bureau Politique, partant de l'amitié, de la fraternité, avec certains ses membres. Cette tendance doit être située sous une double responsabilité. La première, sous l'angle des responsabilités des dirigeants des sous-sections. Qu'est-ce à dire ? Les responsables des sous-sections tranchent les problèmes et se refusent après coup à toute discussion. Parfois, ils s'autorisent à donner des lettres de recommandation à l'adresse du Secrétaire général, du secrétaire politique, de tel ou tel Ministre, pour des questions d'ordre individuel et privé. Combien de circulaires vous ont été envoyées ? Nous avons enlevé aux députés le droit de saisir directement un Ministre d'un problème donné sans l'avoir soumis, préalablement à la sous-section. Combien de fois avons-nous demandé le respect de ces instructions sans avoir satisfaction de la part de ceux qui étaient chargés de leur application ?
Lorsque vous êtes partisan de cette tendance qui a dénoncée par le camarade de Télimélé, il faut vous attendre à son développement sous des formes déplaisantes à votre endroit. Nous tenons à dire qu'aucune délégation de l'intérieur n'a été reçue, il y a plus d'un an par le Bureau Politique de Conakry, sauf celles de Benty, Forécariah et Farmoréah. En dehors de ces trois sous-sections, personne ne peut dire avoir constaté qu'une délégation venue à Conakry ait été reçue par le Bureau Politique de notre mouvement. J'ai cité ces trois sous-sections à l'égard desquelles nous avons eu une politique particulière ; elles ont été pendant plus d'un an troublées. Plus d'une délégation du Bureau Politique a défilé devant ces sous-sections pour des différends qui n'ont jamais eu de solution définitive. Si nous avons accepté cette situation, il faut que les camarades sachent que nous ne méritons pas de reproches, pour autant car il s'agit de problèmes que le camarade de Forécariah n'a pas voulu situer et qui concernent le camarade « X ».
Nous n'avons traité cet aspect que pour montrer nécessité, pour tout problème qui mérite une solution de la part de votre Bureau Politique, d'une étude d'ensemble dans les formes régulières afin que sa solution reflète le point de vue de l'ensemble de la sous-section.
Toute erreur que vous faites commettre par la Direction diminue l'efficacité de son rôle. Le problème de fond c'est l'état d'esprit de certains camarades qui croient que chacune de nos réalisations doit être l'occasion d'une récompense pour les vieux militants. A leurs yeux, l'efficacité de l'action quotidienne ne doit pas prévaloir sur l'utilisation, dans certaines fonctions, des compétences de l'adversaire d'hier qui, aujourd'hui, est décidé à poursuivre avec nous la réalisation de notre programme commun ; l'utilisation de ce cadre devrait être écartée en faveur de celle du vieux cadre. Cette tendance est des plus nocives au sein de notre parti et elle doit cesser.
Nous avons toujours dit que ce qui compte, ce n'est pas le nombre d'années au sein du Parti, mais à chaque moment donné, l'efficacité, la signification, l'importance de l'action que l'on est à même d'accomplir pour la réalisation de notre programme qui doit s'élargir, se renouveler.
Le dernier congrès a eu à traiter des problèmes qui ne sont pas à l'ordre du jour de la présente conférence nationale. La prochaine conférence aura à traiter, aussi, d'autres problèmes que nous n'aborderons aujourd'hui. La seule possibilité, pour un vieux cadre de se maintenir, c'est de rester toujours à la hauteur des événements et à la hauteur de ses responsabilités.
Aussi, on nous demande d'exercer un contrôle sur les S.M.D.R. Chers camarades, je vous dirai tout simplement que c'est là un des points de reconversion immédiate. Pas plus tard qu'à la dernière conférence, nous avons eu à traiter de ce problème en faveur de l'utilisation exclusive de nos cadres politiques à la tête des S.M.D.R., et les élections des dirigeants des S.M.D.R ont été dominées par cet aspect politique. C'est ainsi que telle ou telle personne politiquement valable et sûre assume telle ou telle fonction.
Les masses qui accordent une confiance absolue au Parti ont eu à approuver nos décisions. Pourquoi cela ? Parce que nous étions alors dans le contexte colonial. Pour éviter qu'elles ne soient détournées de leur objectif et qu'elles ne soient rendues impopulaires comme les S.I.P. auxquelles elles ont succédé, nous avons préféré mettre à leur tête des cadres politiques, exclusivement. Nous sommes aujourd'hui dans un contexte totalement différent, non pas en ce qui concerne l'aspect économique, mais totalement différent quant à l'aspect politique et administratif. Par conséquent, nous n'avons plus à craindre que cette administration donne une orientation que nous redoutons aux S.M.D.R. Cette administration, désormais, c'est nous-mêmes. Les critères de désignation à la tête des S.M.D.R. ne peuvent donc plus être politiques. C'est dans le sens politique que s'opère l'éducation de l'homme qui est à même de mener une action constante et politique positive dans l'avenir. Dans le sens politique, il faut voir les critères élargis entre la S.M.D.R. et l'Administration. Le deuxième critère qui doit être maintenant recherché est un critère technique.
N'est pas directeur de S.M.D.R. qui le veut et quand il veut ; n'est pas chef comptable qui le veut et quand il le veut. Nous devons donc rechercher tous les camarades techniquement valables puisque nos préoccupations anciennes dues au fait national n'existent plus ; nous devons élargir les critères de désignation et non les restreindre et aussi le contrôle qui s'effectue doit être de nature différente de celle du contrôle ancien.
Il n'est pas indiqué que les camarades aient à s'initier, dans les moindres détails, à la vie des S.M.D.R. Cela ne peut pas être recommandé, tout comme l'Agent spécial ne peut vous inviter à vous initier au fonctionnement intime de son Agence.
Le contrôle ne s'effectue qu'au point de vue de l'appréciation de la ligne tracée, c'est-à-dire de l'orientation de l'action de la S.M.D.R. Ces S.M.D.R. ont été créées uniquement pour l'intérêt des masses populaires.
Quant à la compétence technique des différents cadres, il faut poser certains critères. Il y a des hommes qui ne sont pas politiques mais techniques et qui seuls habilités à faire ce contrôle.
Aussi, il y a d'autres problèmes signalés à Télimélé où les camarades fuient leurs responsabilités. Au cours des deux derniers précédents congrès de janvier et de juin, nous avons dit aux sous-sections de condamner sans réserve toutes tendances à vouloir définir le dirigeant par rapport au Parti. Par conséquent, le Parti a déjà examiné à fond ce problème. Aucune sous-section ne doit tolérer qu'un Secrétaire général aille dire à un militant: « Ce n'est pas mon affaire, c'est l'affaire du député ou du ministre, etc... » Ces tendances appellent des sanctions sévères, sanctions sur lesquelles le Bureau Politique ne reviendra Jamais.
Par ailleurs, le problème des navétanes 2 a été posé. Je vous dirai tout de suite que c'est un problème d'ordre économique très important. Chaque année, de 20 à 50.000 navétanes vont au Sénégal faire la culture de l'arachide et sont utilisés dans des conditions pénibles. Ils reviennent au pays dans les conditions que vous avez décrites hier. Le problème des navétanes doit donc être repensé. Nous croyons, de notre côté, pouvoir faire la reconversion des navétanes, soit en les aidant à se constituer en groupes, travaillant pour leur compte personnel, soit en les considérant comme des travailleurs au compte des S.M.D.R. auxquelles nous pouvons avancer de l'argent. Ils peuvent être utilisés pour le développement de la culture du riz, de l'arachide, etc... De toutes les manières, il ne sera pas question, pour la prochaine traite, de laisser passer un seul navétane. Des dispositions seront prises à cet effet pour que, après avoir ouvert dans des conditions meilleures des secteurs de compensation pour l'utilisation de ces navétanes, aucun d'eux ne puisse alors sortir du pays et laisser dans la sous-alimentation ou la sous-production les régions du Foutah, de la Haute-Guinée ou de la-Basse-Guinée. Ce problème sera examiné à fond à l'échelon du Gouvernement.
Je ne répondrai pas pour l'instant à la tendance signalée par le camarade de Yambéring, à savoir que l'indépendance mettrait fin à la lutte politique ; nous aborderons cette question dans les conclusions. L'instabilité politique des Foulahs a été stigmatisé par quelqu'un en parlant du Fouta-Djalon et principalement de Labé. A mon avis, ce ne sont pas les masses qui sont instables, mais les dirigeants. Il est inutile d'en faire la démonstration. Il faut nous dire que les conditions sociales, économiques du Foutah ne permettent pas, comme dans d'autres régions, une éducation très efficace des masses, parce que le seul lieu de rencontre c'est le marché hebdomadaire. Ce ne sont donc pas les masses qui sont instables comme je l'ai déjà dit, ce sont les conditions de travail actuelles dans le Foutah qui ne sont pas appropriées aux possibilités du milieu et qui rendent difficile pour les cadres politiques l'éducation d'une manière positive des masses du Foutah. Cependant, il faut reconnaître une chose : le Référendum a démontré que le Foutah est parfaitement uni au sein du R.D.A. Les centres de Mali et de Youkounkoun, en effet, ont donné 90 et même 99 % de voix. Dans une autre contrée du Foutah, on a enregistré un très important pourcentage. A chacune des consultations populaires, Labé a toujours été le seul lieu de déception. Il faut en rechercher la cause au niveau de la direction et non au niveau des masses. Quand je dis au niveau de la direction, ce n'est pas un problème d'homme mais un problème de méthode de travail. Il faut reprendre les méthodes de travail et les adapter aux conditions de la ville de Labé, afin que cette localité cesse d'être la gangrène du Parti.
La sous-section de Mamou soulève le problème d'incompatibilité entre les fonctions de député et celles de Président du Conseil Général. Nous disons qu'il ne peut exister fondamentalement de contradictions et par conséquent d'incompatibilité.
La mutation des fonctionnaires a été évoquée. Ce problème a fait l'objet de nombreuses circulaires de la direction. Nous allons donc le traiter dans ses deux aspects essentiels : l'aspect politique et l'aspect administratif.
Il arrive, par exemple, que tel fonctionnaire ait des comportements nocifs, incompatibles avec son maintien dans telle ou telle circonscription et doive par conséquent être muté. Nous sommes d'accord ; cette mutation est une mutation disciplinaire. Un autre fonctionnaire peut être absolument indispensable dans un cercle et il faut aider ce cercle à l'avoir ; nous prononcerons l'affectation sous forme administrative, c'est-à-dire pour nécessité de service. La forme politique d'une mutation est la condamnation de l'action politique du fonctionnaire en général. A ce moment, il est muté ; il va dans un autre centre où il sera en observation. Ce fonctionnaire est un adversaire.
Aujourd'hui, nous devons nous refuser à résoudre les problèmes politiques au sein des sous-sections par des mutations de caractère administratif. Ce serait une solution de paresse que de dire que, pour ceux que nous n'arrivons pas à combattre directement, dont nous n'arrivons pas à expliquer l'attitude vis-à-vis des masses, la seule solution est de les muter. Il ne faut pas oublier, en effet, qu'une contradiction laisse la place à une autre contradiction et que, dans deux mois, nous serons en présence d'une autre contradiction. Dans ce processus, nous allons purement et simplement à la régression.
Voilà comment il est difficile, en raison des appréciations différentes des sous-sections, de résoudre d'une manière simple ces problèmes de mutation qui ne sont fonction que du contexte local motivant telle ou telle décision, que la mutation soit justifiée pour des raisons administratives ou politiques.
Le camarade demande aussi que l'appellation R.D.A.-Guinée demeure. La Direction est d'accord avec cette solution qui est une des contributions à la base fondamentale et à la particularité de notre ligne politique par rapport à la ligne politique de ceux qui n'ont pas voulu poser clairement le problème.
Nous répétons donc que le P.D.G. demeure le R.D.A. de Guinée.
L'utilisation de la main-d'oeuvre pénale est aussi demandée. Nous sommes d'accord. Si nous avons toujours lutté contre l'utilisation de cette main-d'oeuvre pénale, c'est parce qu'elle était une source d'abus du régime colonial contre les hommes politiques, contre les travailleurs dont les bas salaires devaient être maintenus, grâce à l'utilisation de cette main-d'oeuvre pénale.
A l'égard des criminels, il faut d'autres conditions que celles que nous avons créées à un moment donné. La main-d'oeuvre pénale donc, dans les conditions présentes, sera utilisée au profit des masses. Les ponts, les routes, les champs seront faits, la voirie entretenue. Quand le voleur de bétail saura que demain il sera habillé et placé devant le marché pour être humilié et mis pendant deux mois au ban de la société, il changera de conduite. Nous saurons réserver aux criminels le sort qu'ils méritent, afin de faire cesser le crime.
Nous avons une grande possibilité d'utilisation de cette main-d'oeuvre dont une partie peut être employée dans les villes ou sur les chantiers. La lutte contre l'oisiveté doit être menée dans le cadre de chaque circonscription.
Ce qui a été dit à Mamou est certes approprié au contexte de cette ville, mais nous dirons qu'il ne saurait être applicable à Conakry ou à Kankan. Il faut que chaque sous-section pose à son ordre du tour ce problème de la lutte contre l'oisiveté et cherche les moyens de le résoudre par l'émulation dans le travail, grâce à la mobilisation de l'énergie des populations.
Le problème de la paysannerie est un des problèmes clés. Nous ne pouvons pas le traiter en détail puisque les causes en sont nombreuses et les aspects multiples : problème du revenu du paysan, etc...
Dalaba a soulevé la question de la modification des limites géographiques de certaines circonscriptions. Nous demandons à ce sujet à chaque sous-section de nous faire des propositions. Il y a des circonscriptions administratives longues de 250 kilomètres et larges de plus de 180 kilomètres ; des régions importantes qui ne sont pas mises en valeur et qui sont exploitables. Il faut faire participer certaines régions aux circuits économiques, politiques et commerciaux auxquels elles appartiennent au lieu de les laisser rattachées à une circonscription avec laquelle elles n'ont aucune vie commune. Nous ne voulons rien imposer dans ce domaine et nous vous demandons de loger par vous-même. Vous nous présenterez au nom de chaque circonscription des suggestions pour le tracé des nouvelles limites en faisant ressortir les modifications dans le domaine économique et politique par rapport à la situation actuelle.
Ces délimitations doivent être faites dans le seul souci de l'intérêt des populations.
D'autre part, le problème de l'adaptation des Services de la production a été posé. Je vous dis, camarades, que c'est là un problème urgent. L'ancien Service de la Production comprenait l'élevage, l'agriculture, les Eaux et Forêts. Au cours des deux dernières conférences, des problèmes s'y rattachant ont été examinés, mais partiellement. Maintenant, il faut résoudre fondamentalement l'ensemble des problèmes posés dans le domaine de la production. Une commission sera instituée pour l'adaptation des services de production aux impératifs économiques actuels et dans un sens dynamique. Le rôle de ces secteurs doit être mis en évidence.
On compte plus de 800 fonctionnaires dans les services de l'Agriculture appartenant au cadre. Je pense qu'ils suffisent largement à la bonne marche de ce service. Prenons un cercle comme Labé, Kankan ou N'Zérékoré ; comment est utilisé le moniteur d'Agriculture ? Qui le sait ? Personne ! En tout cas votre Gouvernement ne peut pas vous faire un rapport détaillé là-dessus. NOUS DEVONS donc penser à la réorganisation complète de ce service afin que tout soit mis en ordre. Nous devons utiliser dans les différentes circonscriptions, à travers les besoins qui se créent et les circonstances, les différents fonctionnaires. Or, nous avons établi une structure verticale afin que dans chaque circonscription la personnalité administrative se développe.
La S.M.D.R. qui bénéficie de l'aide technique du Ministère de la Coopération et du Paysannat est au niveau de la conception des décisions, en même temps au niveau de leur exécution. Il faut repenser le problème d'utilisation des fonctionnaires du secteur de l'Agriculture qui n'existent que comme moyen d'évolution mis à la disposition des paysans. Leur mode d'utilisation doit essentiellement tenir compte de la structure des organismes paysans et du fonctionnement actuel de ces mêmes organismes. Nous ne vous présenterons pas de conclusions puisque la commission qui sera nommée tout à l'heure est appelée à statuer sur ces différents problèmes.
Le Service des Eaux et Forêts et de l'Elevage sont aussi appelés à concourir au même but. Les chefs de circonscription ont pleins pouvoirs pour l'utilisation du personnel, chaque fois que cela est nécessaire, au profit des S.M.D.R.
Camarades, le problème du blocage du riz a été soulevé. Vous avez raison de dire que pour certaines circonscriptions où le riz est la seule production de population, le blocage se répercute d'une manière plus dangereuse et plus sensible sur la population paysanne. Mais je vous répond que le blocage du riz est une nécessité politique et économique. La Guinée produit à présent suffisamment de riz pour sa consommation. Elle un pays agricole par vocation, grâce à ses possibilités naturelles. Cependant, chaque année, elle importe des quantités de plus en plus élevées de riz d'Indochine, ce qui pose des problèmes de devises. Quand on pense qu'on importe 50.000 tonnes de riz, c'est-à-dire 50 millions de kilos au prix de 48 francs le kilo, ce qui représente 2 milliards de francs, que ces deux milliards sont perçus par d'autres pays, on se rend compte que le mode d'écoulement n'est pas normal.
Les paysans doivent être dotés des outils et des engins mécaniques nécessaires . Voilà donc, camarades, comment nous devons travailler pour que, désormais, nous puissions ne pas faire appel à l'extérieur, comme cela s'est produit dernièrement, pour assurer le ravitaillement de la Guinée en riz. C'est une question de dignité et une question politique et économique.
Le problème vu sous cet angle, nous serons tous d'accord pour faire triompher cette politique, et les effets que vous avez signalés au détriment des masses doivent également être effacés. C'est là que le Gouvernement doit prendre des dispositions pour que toutes les S.M.D.R. aient les possibilités de faire la commercialisation du riz et d'assurer aux paysans les moyens nécessaires pour mener une existence décente.
Le camarade de Kouroussa a posé le problème de dégagement des vieux cadres. Nous sommes d'accord et nous pouvons même dire que le succès de notre expérience sera fonction de la solution que nous apporterons à ce problème. La raison essentielle de notre succès sera déterminée par la modification des rapports de grandeur entre le budget de fonctionnement et le budget d'équipement, et au profit de ce dernier. Le dégagement de tous les vieux cadres ne peut pas être vu sous un angle formel, abstrait, mais sous l'angle de l'utilité, de l'efficacité. Il y a des cadres qui ne sont pas valables, soit parce que très épuisés par l'âge, soit parce que totalement incapables (et parmi les jeunes même). Nous prendrons toutes dispositions pour qu'à partir du 1er janvier tous ceux qui ne répondent pas aux conditions de rendement exigées soient dégagés de notre administration. Cet assainissement se fera aussi bien compte tenu de l'âge que des qualités morales des fonctionnaires
Nous vous donnerons tout de suite lecture de la liste des Commissions. Elles ont été instituées avant la Conférence et le Bureau Politique a fait certaines désignations la semaine dernière.
Un problème politique a été soulevé par un camarade qui dit que nous sommes trop en avance sur les masses dans le domaine démocratique. Selon lui, il ne faut pas faire élire les Conseils ruraux, les Conseils de village, les Chefs de village ; il vaut mieux les désigner, leur donner toute autorité pour assurer le bon fonctionnement de l'Administration.
C'est une idée qui pèche du côté des masses. Selon cette conception, l'Administration est un organe indispensable à un pays pour son évolution et tout doit être subordonné par conséquent à cette Administration.
Il ne faut pas perdre de vue que l'Administration, malgré son caractère d'efficacité n'est qu'un moyen d'évolution créé pour la population. Par conséquent, les Conseils villageois, élus au suffrage universel, ne sont pas créés pour les hommes qui sont élus, mais pour la population qui les a élus ; c'est là qu'il faut comprendre le rôle du Conseil de village.
Comme pour les conseils de circonscription, il faut se défaire de la tendance qui consiste à solutionner les problèmes des organes élus en ne tenant compte que des insuffisances ou des défauts constatés dans leur fonctionnement comme organe de gestion démocratique, de formation de cadres, de contrôle politique des populations sur leur administration. Si nous désignions les chefs de village comme certains camarades le demandent, ce serait une erreur politique de notre part. C'est alors que nous aurions fait de notre Parti la chose d'un homme, de l'Administration, la chose d'un homme, sans le savoir. Nous aurions fait comme l'heureux héritier d'un royaume qui se dirait: « Mon père a laissé des milliards à ma disposition ; c'est suffisant pour moi ; je n'ai qu'à vivre de ces milliards. En 100 ans, je ne pourrais pas épuiser cette fortune ; ma vie est assurée ». Il se trompe, s'il refuse de travailler pour accroître son héritage.
Eh bien, camarades, je vous dirai que jamais on ne peut être en avancé du point de vue de la démocratie.
Comme on dit que l'arbre ne doit pas nous empêcher de voir la forêt, l'attitude d'un chef de village ne doit pas nous empêcher de faire voir aux masses ce qui est leur profit.
Dans ce pays désormais indépendant, nous avons dit que tout est fait pour le peuple, par le peuple, et vient du peuple ; c'est là notre devise, et si tout part du peuple, ce peuple doit pouvoir s'exprimer de la manière plus vive. Si un homme est en avance sur le peuple, c'est à lui de se mettre à la hauteur de ce peuple ou à se confondre avec lui. Il n'appartient pas au peuple de se mettre à la hauteur d'un homme.
Il faut donc maintenir la voie démocratique pour désignation des chefs de village. A l'égard de ceux qui ne sont pas à la hauteur de leurs responsabilités, il faut prendre les sanctions prévues, aussi bien des sanctions administratives que des sanctions politiques, puisque ces hommes sont élus suivant la ligne du Parti. Ce que vous avez signalé est aussi juste. Certains conseillers jouent de leur influence. Il s'agit de faire l'éducation des masses en dénonçant ces tendances que l'on a constatées dans l'attitude des élus. Si nous éduquons les masses, nous aurons fait du bien au Parti lui-même.
Vous nous demandez comment, sur le plan politique, un responsable pourrait s'intéresser à l'action judiciaire et d'une manière générale à toute action administrative ? Le responsable politique qui par exemple entendra que l'instituteur a fait réciter des leçons aux enfants disant que « nos aïeux étaient des Gaulois ou des sanguinaires », pourra dénoncer devant une conférence régionale l'attitude de ce technicien. Tout le monde doit suivre la ligne tracée par le Parti. Le responsable politique a le droit, quand il sait que l'action judiciaire a été déterminée par des considérations irrationnelles de dénoncer le fonctionnaire coupable. Le Parti politique a donc le droit et le devoir impératif de poser le problème de toute juridiction. Par conséquent, c'est sous la forme politique que le parti peut s'intéresser à tous les problèmes et non sous l'aspect mécanique de ou fonctionnel de ceux-ci.
Là, je dirai que le camarade Demba Diallo a été le seul qui ait abordé avec le courage politique nécessaire tous les problèmes d'actualité. Hier, il accusait tous ceux qui voulaient se blanchir. Inutile de lui rendre hommage, car il n'a fait que ce que chacun de vous était appelé à faire. Mais il a commis une petite erreur disant que l'action judiciaire est séparée de l'action des chefs de circonscription, de l'action extérieure, et que, par conséquent, en aucun cas l'on ne doit admettre, même pour des raisons politiques, qu'un militant s'immisce dans l'action d'un magistrat. Peut-être la profession du camarade qui est magistrat a-t-elle prévalu sur sa grande formation politique, mais, là, nous lui disons, comme nous l'avons défini tout à l'heure, que le parti politique s'intéressera à tout sans aucune réserve. Tout ce qui est politique fait partie de son domaine et c'est surtout sur le plan de la procédure il ne doit pas intervenir. Quand, par exemple, un procureur a une attitude qui crée un problème politique, le chef de la circonscription et les responsables politiques ont le devoir d'intervenir. Chacun est chargé de faire tout ce qui renforce la ligne du Parti.
Camarades, voilà donc traités un à un les problèmes essentiels qui ont été soulevés par les différents rapports présentés hier devant la présente conférence.
Que faut-il tirer encore comme conclusion générale. Nous dirons qu'il y a un petit moment de tâtonnement, tâtonnement que la présente conférence nationale doit effacer, faire disparaître, parce qu'elle aura eu le soin de clarifier encore la ligne du Parti et de forger les nouvelles idées appelées à se substituer aux idées inefficaces. Les nouvelles idées découlant du nouveau contexte et de la nouvelle situation dans laquelle nous sommes engagés, seront donc les forces de mobilisation des masses dans le pays.
Certains camarades sont animés de bonne volonté et d'esprit de sacrifice, ils sont honnêtes pour la plupart, fidèles à l'intérêt du pays, mais cela n'est rien si les énergies que l'on met à la disposition du Parti, du Pays, ne sont pas utilisées. Elles restent potentielles. Pour nous, il est inutile de dire que nous avons 50 milliards dans la malle, si cela ne se traduit pas en moyens d'évolution pour le Pays. Le militant donc, à un moment donné, reste plus sensible à ce qui a été fait jusqu'ici qu'à ce qui doit être fait.
La première caractéristique des insuffisances de certains militants réside dans le fait qu'ils ne savent pas substituer aux formes anciennes de leur action, de nouvelles formes grâce à l'analyse systématique et constante des faits concrets en vue de la définition des conditions et des nouvelles formes de lutte. Pour la plupart des questions qui ont été posées et auxquelles nous venons de répondre, nous disons que c'est le manque de dynamisme et de démocratie qui a été à la base de certaines de vos difficultés. L'instruction au sein du Parti ne peut pas être plus théorique. Nous l'avons dit lors de la dernière conférence et lors du congrès de janvier.
Je vais alors poser devant vous quelques questions sans que vous ayez à y répondre. Pour vous permettre de mesurer le degré d'insuffisance de certaines sous-sections dans le domaine de la vie militante, combien de comités de quartier du chef-lieu où réside le siège de la sous-section ont tenu d'assemblées générales hebdomadaires communes ? Les comités de quartier des chefs-lieux des circonscriptions où vous résidez et dans lesquelles vous êtes en contact permanent avec les masses ne tiennent pas chaque semaine comme il est recommandé, leur assemblée générale pour discuter des problèmes. Combien de fois vous réunissez-vous par mois ? Combien de fois les circulaires émanant du Bureau Politique ont-elles d'abord été lues en réunion du Comité Directeur et ont-elles fait l'objet d'abord d'une étude collective pour leur application dans le contexte de votre circonscription, ensuite d'une conférence publique destinée à informer les masses de leur contenu afin que l'objet de ces circulaires devienne rapidement une réalité ?
Combien de sous-sections se sont comportées ainsi à l'égard des instructions provenant de la Direction ? Combien de conférences régionales ont été tenues pour former les masses une fois par mois ou par trimestre? Combien de sous-sections se font un devoir de suivre le développement économique de leur région, la situation sociale dans son évolution et aussi le comportement ou l'attitude des différents organismes dans cette vie sociale et dans cette vie économique ?
Non seulement, il n'y a jamais eu d'études collectives sur ces problèmes majeurs, mais encore les dirigeants ne sont pas à même de nous dire avec précision quels sont les avantages économiques, ni même si la production suffira ou non à la population ; beaucoup de dirigeants ne sont pas à même de traiter de ces problèmes. C'est le manque de vie que nous avons stigmatisé tout à l'heure dans la situation de l'heureux héritier qui refuse de travailler pour augmenter son patrimoine.
Pour un parti politique, si chaque jour nous ne créons pas de nouvelles idées, si nous ne diffusons pas ces idées, si chaque jour nous ne restons pas en contact avec les populations, si nous ne faisons pas un effort pour accroître et orienter l'action des populations, nous aurons consommé une partie de l'acquit sans avoir cherché à l'augmenter.
Ce manque de dynamisme est la source de certaines contradictions qui, si elles s'étaient approfondies, auraient été un frein à l'action générale du Mouvement. Il faut encore parfaire l'organisation. Nous avons dit qu'il faut suivre la politique avant tout ; rien ne peut être au-dessus de l'organisation. C'est elle qui commande tout le reste.
Il faut que cela soit compris. Les sous-sections de Dalaba et de Guéckédou qui ont fait un compte-rendu sur lequel vous étiez tous d'accord n'ont pu atteindre ce résultat qu'en partant de ce principe.
Les camarades de Dinguiraye qui prétendent que les masses ne viennent pas à eux oublient que ce qui fait la force d'un parti, c'est de tendre la main aux masses. Ils oublient que la puissance du mouvement réside dans l'intimité que les dirigeants ont avec les masses et qui fait la solidité de son organisation.
Par conséquent, nous répétons que l'essentiel des efforts mériterait d'être porté sur l'organisation pour instruire les masses militantes des formes nouvelles de notre action. Souvent, les camarades ont rappelé le manque de centralisme démocratique !
L'appréciation du niveau de démocratie au sein d'un mouvement étant déterminée par le degré d'intimité entre sa direction et les masses, par conséquent, lorsqu'on pose le problème du centralisme démocratique, on veut que tout parte des masses. On ne doit rien revendiquer du sommet à la base qui ne vienne de la base au sommet. Il faut que l'on sache que c'est le dirigeant qui doit aller vers la masse pour la mettre dans les conditions d'action, dans les conditions qui lui permettent d'apporter sa contribution au Parti. Ce contact permet aux dirigeants de connaître les réalités de ces masses et de les respecter ; il faut donc maintenant chercher à élever qualitativement notre parti, car nous avons dit hier que, dans l'ancien régime, l'anarchie même servait le mouvement émancipateur, dans la mesure où elle était dirigée contre le système colonial. Maintenant, il faut faire oeuvre constructive. Un proverbe dit qu'il est plus difficile de construire que de démolir.
Nous demandons aux masses leur adhésion constante et c'est pourquoi il faut maintenant qu'à tous les échelons les principes qui ont été arrêtés rentrent dans la vie concrète du mouvement. La presse arrive dans les Cercles, avec un contenu politique préparé par la Direction de notre Parti sur tous les problèmes sérieux ; jamais elle n'a fait l'objet d'une étude collective au niveau d'une sous-section, encore moins l'objet d'une conférence, afin que les masses puissent suivre les directives et les réalités du Parti. Il ne faut pas oublier que cette presse nous coûte des millions. Ce n'est pas la vente qui permet à cette presse de vivre, mais vos cotisations. En un an, nous avons dépensé 5 millions pour cette presse. Si ce n'était que pour voir le journal moisir dans un tiroir, il ne serait pas utile d'engager 5 millions pour le soutenir. Il faut donc camarades que la presse serve à l'éducation des masses, et qu'elle les aide à comprendre des problèmes traités aux différents niveaux.
Ce que vous avez déjà signalé tantôt a déjà fait l'objet d'articles et de circulaires. Si tout était commenté largement, ces contradictions ne se seraient pas présentées.
Camarades, il faudrait aussi que les sous-sections fassent des études sur tous les problèmes administratifs, économiques, et sociaux. Nous vous informons qu'au niveau du contexte politique, cinq commissions sont déjà créées :
Il y a d'autres commissions ; les premières citées sont des commissions techniques qui feront leurs études dans le cadre technique. Neuf autres commissions de caractère politique vont s'occuper
Voilà toutes les commissions qui vont commencer à fonctionner et dont les travaux vont servir, à compter du 1er Janvier, de nouvelles bases pour le fonctionnement administratif ou technique des différents secteurs techniques ou administratifs.
Aussi, nous disons, camarades, qu'il faut que vous soyez plus que jamais exigeants sur la discipline intérieure. Le laisser-aller au profit de tel cadre qui n'a pas assisté à la réunion se généralise et finalement le mouvement ne marchera plus. La discipline doit être rigoureuse et celui qui sera exclu par indiscipline le sera sans appel.
On peut discuter de quelques fautes politiques, mais le non-respect de la ligne politique de notre mouvement n'est pas concevable. Il n'est pas possible de revenir sur les décisions que vous avez été amenés à prendre. La discipline doit être rigoureuse dans le Parti, dans l'Administration et dans l'Armée. Dans ces trois secteurs, trois formes de disciplines différentes doivent être respectées. Nous savons qu'il y a confusion comme vous l'avez dit. Le camarade chef de circonscription doit être le premier à répondre à la convocation du paysan responsable du Parti. Il faudrait donc ouvrir la discussion sur cette question et faire l'éducation des populations.
Vous le savez vous-mêmes à titre d'exemple : à la dernière séance de notre Assemblée Nationale à laquelle nous avions invité des personnalités étrangères, nous avons constaté des attitudes qui démontraient que, peut-être, dans ce domaine, nous ne sommes pas encore mûrs. Elles ne sont pas graves de conséquences, mais elles ne doivent pas demeurer, si nous voulons avancer.
Camarades, nous terminons donc en laissant le soin au rapporteur de la Commission qui a terminé son travail de donner lecture de la résolution. Nous vous demandons de tenir compte de ce que comporte cette résolution, de le repenser pour pouvoir l'expliquer aux populations, notamment aux militants et ainsi, la conférence nationale contribuera puissamment non seulement à la clarification de la ligne de notre parti, mais aussi à l'éducation des masses. Ainsi, un camarade disait hier que les femmes n'ont plus l'énergie qu'elles avaient, puisque les camarades des sous-sections ne les associent plus dans la lutte. Ces camarades croient que, parce que le pays est indépendant, la lutte politique ne doit plus garder son intensité. Nous vous demandons, quand vous retournerez dans vos sous-sections, de faire à vos militants un rapport complet. Vous les consulterez désormais sur tout ce qui les intéresse, car la seule manière pour vous de rester une direction objective, c'est de rester une direction liée aux masses.
Vous avez pris connaissance de notre Constitution qui est un travail fait par notre Parti ; vous verrez qu'elle est muette en ce qui concerne les contradictions internes.
Si nous disons partout prééminence au Parti, l'octroi de la prééminence au Parti pourrait signifier la politisation de tous les organismes, si le Parti n'est pas suffisamment constitué et doté de cadres techniques valables.
Nous remercions tous les camarades qui ont eu le courage de poser les problèmes les plus délicats. Nous avons dit qu'il ne s'agit pas de fermer les yeux sur une difficulté pour la voir disparaître. Mieux vaut la regarder en face et chercher à la surmonter. Nous gardons l'espoir que, de plus en plus, chacun de vous se fera un devoir de se former, de respecter la discipline du Parti et se considérera partout, non seulement comme : un militant qui doit être individuellement jugé sur ses actes, mais aussi comme le représentant en tous lieux de ce Parti. Il doit respecter dans chacun de ces gestes la dignité de ce parti et la confiance placée en lui pour que la République de Guinée réalise ses idéaux.
Notes
1. Au cours de la seconde conférence Nationale des Cadres du P. D. G., les sous-sections ont soumis à l'étude de la conférence, 45 rapports. Plusieurs questions d'intérêt général étaient posées dans plusieurs de ces rapports, ce sont notamment :
Après étude de ces diverses questions, le Secrétaire général du P. D. G. devait dans une intervention d'ensemble, préciser les solutions à apporter à chacun d'eux.
2. Navétanes. Main d'oeuvre agricole saisonnière travaillant pour des propriétaires terriens au Sénégal en particulier, moyennant une rétribution leur permettant à peine de subsister.
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