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Mémorial Camp Boiro
Accusations sur le « Complot » Peul


Marche révolutionnaire des militants de Conakry I

Le Président Ahmèd Seku Ture

« Il faut définitivement enterrer le racisme… un enterrement de première classe.»
Horoya N° 2238 — 5 au 11 septembre 1976

Le 27 août 1976, la Fédération de Conakry I a effectué une marche de fidélité au Stratège Ahmèd Seku Ture.Cette marche constitue en elle-même une condamnation énergique de la réaction qui a choisi l'arme du racisme pour étrangler la Révolution.

Voici, l'adresse à cette occasion du Président Ahmèd Seku Ture et le discours du Bureau fédéral de Conakry I

Camarades de la Fédération de Conakry I,

Au nom du Comité Central, nous voudrions vous remercier de votre initiative pour l'organisation de cette puissante marche révolutionnaire, signifiant ainsi aux comploteurs, la résolution des militants de la Fédération de Conakry I à poursuivre irréversiblement la lutte de démantèlement de la 5ème colonne pour le triomphe de la Révolution.
Nous avons dit que les ordres de la Révolution sont dictés :

Depuis quelques trois, notamment après la découverte par nous de certains de ses crimes, la 5ème colonne nous a mobilisés. Et nous avons répondu tous présents à son appel, non pas pour la suivre dans sa voie anti-nationale et réactionnaire, mais pour l'étrangler et l'anéantir.
Quelle est la contradiction essentielle ? C'est l'opposition irréductible entre la légitimité, légalité que représentent le Peuple et ses intérêts face à l'illégalité et l'illégitimité représentées par les exploiteurs impérialistes et colonialistes. Entre le mal et le bien. il n'y a pas d'affinité, il n'y a pas de juste milieu et pas de compromis. Entre le vrai et le faux entre la véritéet mensonge, il n'y a pas de juste milieu. Les deux forces se combattent jusqu'à ce que l'une élimine l'autre. Entre l'impérialisme et la Révolution, c'est donc le combat irrémédiable et permanent ! Entre, d'une part, le colonialisme et le néo-colonialisme, et, d'autre part, la liberté et la dignité, c'est toujours le combat permanent ! La vrai lutte est celle qui nous oppose donc à l'impérialisme, au colonialisme, pour préserver l'indépendance de notre pays et accroître les moyens de bien-être de notre Peuple.

La 5è Colonne, point d'appui de l'impérialisme

Avant 1958, les représentant de l'exploitation coloniale étaient en Guinée et agissaient contre nous. Après 1958, les colons sont contraints de rentrer dans leur pays, sans pour autant renoncer à l'accaparement des richesses immenses de notre Peuple. Et pour pouvoir agir en Guinée, il leur fallait bien avoir sur place des agents dociles. Ils ont donc acheté des hommes, les ont corrompus et transformés en agents à accomplir inconditionnellement tous leurs ordres. Ces hommes vendus ont constitué ce que nous appelons la 5è colonne impérialiste, c'est-à-dire l'armée impérialiste d'agression traîtreusement camouflée à l'intérieur du pays et quelque fois jusque dans l'appareil du Parti-Etat. Ils sont Malinkés, Soussous, Peulhs, Guerzés, Tomas, Kissiens, etc. Ils sont nés ici, et parlent nos langues. Ils sont nos frères, mais se sont vendus à l'étranger comme de simples marchandises ; ce sont des mercenaires, au service de l'impérialisme.
Si l'impérialisme continue à en vouloir à la Guinée, c'est parce qu'il a ses hommes parmi nous, qui travaillent pour son compte. Tout d'abord les impérialistes croient réellement à l'incapacité du peuple guinéen à vivre indépendant.
C'est pourquoi, à la suite de l'indépendance du pays, ils disaient, en prophètes de malheur : « dans trois mois, dans six mois, l'édifice va s'écrouler ». Après un an, c'est un sursis prophétique. « Mais, attendez, le régime guinéen ne durera pas deux ou trois ans !» En dépit de ces prévisions successives de la fin tragique de l'indépendance guinéenne, nous sommes toujours là et nos enfants, nés sous le drapeau de la souveraineté, sont devenus aujourd'hui, des cadres de la Révolution ! Donc l'impérialisme ne croit plus à sa propre philosophie qui affirmait l'incapacité du Peuple africain à assumer ses responsabilités devant l'histoire. Et pour que sa prophétie de la chute, du régime guinéen se réalise, il est obligé de s'appuyer maintenant, sur les Africains eux-mêmes. En Guinée, ils'appuie sur des Guinéens pour détruire la Guinée ! Cela veut dire que si nous arrivons à détruire la 5ème colonne, l'impérialisme émondé et réduit à sa plus simple expression, renoncera définitivement, en tout cas en Guinée, à ses desseins machiavéliques, parce qu'il n'aura plus d'instruments entre ses mains pour agir contre l'intérêt du Peuple guinéen.
C'est pourquoimême quand la 5ème colonne nous instruit, c'est-à-dire quand elle nous apprend qu'elle avait été constituée par telle ou tellepuissance, qu'elle a été recrutée à tel ou tel taux, ce qu'il faut retenir comme un fait ignoble, c'est qu'il s'est trouvé des Guinéens apatrides pour accepter d'agir contre leur propre patrie, contre la dignité et la liberté de leur propre Peuple ; car ces puissances, en achetant des Guinéens, en les transformant en agents serviles, ne font que leur devoir de puissances impérialistes : la préparation des agressions contre les Peuples.
Nous devonsattirer votre attention sur un fait : la guerre au Vietnam a duré 30 ans. L'impérialisme a utilisé des milliers de bombardiers, de tanks, de canons contre pays. Tous les moyens meurtriers avaient été utilisés contre le vaillant Peuple du Vietnam : cependant le Peuple du Vietnam a été finalement vainqueur. Pourquoi ? Parce qu'il a su conserver une bonne santé morale. L'impérialisme n'a jamais réussi à recruter au Vietnam un seul agent de la 5è colonne. Voilà le secret de sa victoire sur l'impérialisme.
Supposez un homme de 40 ans, robuste, grand, fort, mais atteint de folie. Si cet homme lutte contre un enfant de 15 ans, la victoire sera à l'enfant qui jouit de son équilibre mental. Supposez un autre homme, très fort mais infirme, ayant les deux pieds coupés. S'il est en lutte contre un jeune qui peut se déplacer, courir à telle ou telle arme, alors que l'adversaire est immobilisé, il est certain que ce jeune remportera la victoire. Supposez ce 3è homme, également fort, mais manchot, et qui affronte un jeune adolescent de 15 ans en parfaite santé physique et morale. L'on assistera inéluctablement à la victoire du jeune da 15 ans.
Ainsi, pour que le Peuple, soit victorieux, il lui faut toujours disposer d'une bonne santé idéologique, morale, politique, sociale, économique. Grâce à une telle santé, il pourra utiliser toutes ses potentialités contre l'ennemi qu'il battra à coup sûr, parce que défendant une cause juste, celle d'un Peuple qui veut vivre libre, souverain et prospère.
Voici une autre image : mettez un fût vide sur le sol et prenez une planche d'environ 10 mètres. Posez-la sur ce fut vide de manière que d'un côté, cette planche déborde d'un mètre, et de l'autre, d'environ 8 mètres. Que se passe-t-il ? Aussitôt, la planche penche du côté où elle déborde de 8 mètres. Installez alors un enfant au bout de la planche, du côté où elle est penchée et deux adultes à l'autre bout. Vous verrez aussitôt l'équilibre se rétablir et la planche prendre la position horizontale. Vous pourrez même observer que nos deux hommes ne réussissent pas à soulever l'enfant et à mettre la planche en position horizontale. En effet, plus le point d'appui est proche de la résistance à vaincre, plus la puissance réclamée à l'action est petite.
C'est le principe physique du levier comportant un point A qui représente la Résistance, un point B qui est le Point d'appui et un troisième point C, qui est la puissance. Ainsi, deux forces opposées sont équilibrées ou déséquilibrées selon les distances qui les séparent du point d'appui placé entre elles, et l'on peut toujours, à volontémettre le déséquilibre à l'avantage de la force la plus petite, pourvu que le bras du levier soit suffisamment long de son côté. Ainsi un Kg peut soulever 1 tonne si le bras du levier est suffisamment long du côté du kilo. Qu'est-ce que cela veut dire ? Au premier bout, c'est la Révolution, au deuxième, c'est l'impérialisme, et entre les deux, le fût représente la 5ème colonne. Chaque fois que la 5ème colonne est près du Peuple, l'impérialisme est victorieux ! Sortez la 5ème colonne de la Guinée en la détruisant, vous mettrez alors l'impérialisme hors d'état de battre le Peuple guinéen !
Le secret de notre victoire finale, c'est la destruction systématique de tous les agents de la 5ème colonne.Dès que l'impérialisme saura que tous ses agents recrutés dans l'obscurité et agissant en notre sein ont été dépistés, arrêtés et liquidés, il viendra alors nous tendre une main franche et loyale pour une coopération durable. Autrement, tant que ses agents sont parmi nous tout ce que nous discutons est porté à la connaissance de l'impérialisme ; tout ce que nous faisons est su de lui. Il est alors plus fort que nous et il continuera sa lutte pour nous détruire en s'appuyant sur sa 5ème colonne. C'est pourquoi le Peuple a raison de vouloir désormais en finir avec la trahison. Notre tranquillité, la paix, le bonheur, le progrès en Guinée dépendant de cette victoire à remporter sur la 5è colonne.
Aussi, devons-nous ajouter que Dieu aime la vérité et ceux qui la défendent. Votre responsabilité ne dépend pas de votre âge, des biens que vous possédez : voiture, ou instruction, ni de votre titre. Votre responsabilité dépend du niveau de votre conscience. Ainsi, Dieu est plus sévère à l'égard de ceux qui sachant, mentent, qu'à l'égard de ceux qui, ignorants, mentent, parfois sans le savoir.
Quelques-uns se sont dit : « Mais pourquoi dire, à bas le racisme ? Est-ce que ce n'est pas une exagération? Est-ce n'est pas de la démagogie ? Est-ce que cela ne favorise pas la division de la société guinéenne ? Est-ce qu'on ne méprise pas le Peuple en général ? » Nous allons y répondre !
Nous savons qu'aucun homme n'est parfait et pur nous nous excusons si vous êtes purs et parfaits ! Quant à nous, nous ne sommes ni pur, ni parfait. Notre philosophie nous apprend que Dieu seul est parfait et pur. Lisez le Coran ! L'homme que Dieu préfère à tous les hommes et qu'il a envoyé comme Messager pour nous transmettre sa volonté, c'est le Prophète Mahomet. La lecture du Coran indique que le Prophète Mahomet a parfois commis certaines erreurs et qu'aussitôt, une sourate est descendue pour lui révéler la vérité qu'il a charge de défendre et de propager. Et le Prophète de dire alors aux autres que ce qu'il avait dit n'était pas bon, et de le rectifier sans plus tarder. Cela prouve qu'il était sincère. Dans certaines sourates du Coran, la tribu dont est issu le Prophète est dénoncée dans ses comportements négatifs, l'oncle du Prophète est même nommément dénoncé : ainsi, l'Envoyé de Dieu a accompli scrupuleusement, fidèlement sa mission sans aucune restriction.
La vérité s'appelle la vérité ; quand on la connaît, il faut la dire, il faut la défendre. C'est pourquoi, lorsqu'on dit aujourd'hui « racisme peulh », le véritable révolutionnaire peulh ne peut pas être indigné, parce qu'il ne se sent plus peulh ; il se considère d'abord comme un révolutionnaire au service du Peuple de Guinée, au service de tout le Peuple Africain. Donc le racisme peulh doit être combattu et détruit définitivement en Guinée non seulement par les autres militants, mais surtout par les camarades dits Peulhs.

Imposer le langage du Parti

Dans un des cours magistraux dispensés, l'année dernière, lors du séminaire de formation idéologique de la promotion Mao de l'Université guinéenne, nous avions eu à expliquer une séquence de la lutte menée en 1956 contre le racisme à Kankan.
Pour combattre la liste des candidats du P.D.G., des notables s'étaient réunis à Kankan, lors des élections municipales de novembre 1956, et avaient demandé aux Kaba, aux Touré, aux Diané, de désigner un nombre prescrit de candidats dans leurs familles respectives, et aux « étrangers » de désigner aussi un nombre arrêté de candidats etc., etc. Tous les clans familiaux avaient désigné leurs candidats. Nous arrivons alors à Kankan, et tombons fort à propos sur cette situation ; après analyse, nous disons aux camarades :
— « Nous sommes d'avance battus ; or il faut que la vérité triomphe ! Nous faisons alors un meeting et nous nous adressons directement en malinké à tous les « parents ». Nous nous appuyons sur le Coran, démontrons qu'il n'y a eu qu'un seul Adama et une seule Awa pour engendrer toute l'humanité. Nous rappelons l'histoire de la Haute-Guinée. Nous les invitons finalement à désigner les hommes selon leur caractère et leur capacité à servir la cause de la municipalité de Kankan, et non en raison de leur origine ethnique. Après, nous ajoutons, parlant à la première personne du singulier :

« Moi je suis élu à Conakry; ce n'est pas avec vos voix, celles des Malinkés. La preuve est qu'en juin 1951, j'ai été battu à Kankan aux élections législatives ; à Faranah je n'ai presque pas obtenu de voix; mais par contre, à Conakry, j'ai obtenu beaucoup de voix. Je suis le candidat du Parti pour les fonctions de Maire de Conakry. Ce ne sont pas les Soussous seuls qui vont voter ; les Peulhs, les Malinkés, tous les militants révolutionnaires de Conakry ont bien voulu me désigner comme candidat, le porte-parole du Parti. Ici aussi, c'est le langage du Parti qui doit être imposé. Je vous ai toujours respecté, c'est pourquoi, aujourd'hui, je ne vous cacherai pas la vérité en dénonçant votre attitude réactionnaire. Celui d'entre vous qui veut me tuer avec un couteau, qu'il se lève et vienne me tuer ! Le marabout qui veut me faire du mal, qu'il le fasse ! Le fétichiste ennemi n'a à faire contre moi ce qu'il veut ; mais je vais défendre la vérité, la proclamer ! Pour trois raisons, je vais vous dire ce que je pense :

Deux décisions se présentent à moi et j'en choisirai une que vais appliquer : ou bien je renonce à mes fonctions de Secrétaire Général de la Révolution guinéenne parce que je ne pourrai plus les assumer si l'on doit me considérer comme Malinké, ou bien je renonce à votre ethnie. C'est cette dernière décision que je prends et que je vous annonce.
Après, nous avons récité la « Fatiha » pour leur signifier que nous nous sommes exclu de leur ethnie. Nous avons prêté serment publiquement en proclamant que jusqu'à notre mort nous ne viendrons plus à Kankan, sauf si on y amène notre cadavre. Nous disons alors : « Adieu, adieu à Kankan ».

Nous prenons notre voiture et quittons Kankan.
Ils ont compris. Après notre départ tous les clans se sont réunis en assemblée générale et on exprimé leur honte, leur regret. Tous ont prêté serment de fidélité au Parti et ont envoyé une délégation qui nous a rejoint à Kouroussa pour nous demander de composer la liste que nous voulons ; que même si elle ne comprend pas un seul malinké de Kankan, celle-ci sera la liste municipale de Kankan. Nous leur avons répondu que nous n'avons pas demandé un pouvoir pour nous; nous avons demandé un pouvoir pour le Peuple et c'est le Peuple qui doit exercer, par la démocratie, ce pouvoir-là. Nous avons dit à la délégation :
— « Allez trouver la direction du Parti là-bas, celle que vous minimisez, allez voir les dirigeant de Kankan que vous avez traités de petits "voyous", de "vauriens". Ce sont nos supérieurs, ces dirigeants ! Allez les trouver et dites-leur de vous dicter ce que vous avez à faire. »
Alors, les Morlaye Daffé, les Awa Chérif, tous les dirigeants Soussous qui avaient commencé à organiser les premiers comités à Kankan, et qu'on traitait d'étrangers, ont été chargés d'établir la liste qu'ils ont déposée au nom de la Révolution. La population de Kankan a été fidèle à cet engagement. La liste, telle qu'elle a été présentée au nom du PDG, a été plébiscitée. Ainsi le PDG-RDA a eu la majorité absolue lors des élections de novembre 1956 pour l'installation de la première municipalité de Kankan.
Aussi, chaque fois que nous faisons des tournées, nous avez dû constater qu'à notre passage à Faranah et à Kankan le ton monte ? Pourquoi ? Lorsque le fils de ton camarade commet une faute, gronde-le comme s'il avait fait une demi-faute. Quand ton propre fils commet une faute bénigne, traite-le comme s'il avait commis une double faute; c'est la morale de la Révolution.
Quand nous voulons combattre par exemple le fétichisme en Guinée, nous venons tenir d'abord une conférence à Faranah pour élever le ton. Quand nous voulons attaquer l'alcoolisme dans telle partie de la Guinée, nous cherchons la collectivité malinké qui consomme un peu plus d'alcool, pour attaquer violemment celle-ci afin de sauver les autres collectivités.
L'année dernière, quand nous quittions Conakry pour Kankan, nous connaissions pertinemment les prix des denrées à Conakry : la tomate coûtait jusqu'à 60 sylis le kg. Cependant, bien que résidant à Conakry et sachant tout cela, nous n'avions pas commencé par y poser le problème. Nous avonsd'abord en Haute-Guinée pour y organiser la lutte contre le trafic. Et à Kankan, vous avez entendu, nous les avions traités de cafres avec insistance. Nous avons terminé la série de conférences par Conakry.
Quand nous parlons du racisme peulh, c'est parce que les cadres Peulhs, au lieu de dire la vérité à leur père, à leur mère, à leurs parents , se cachent derrière le racisme pour essayer de transformer les défauts en qualités. Disons donc la vérité, tous les hommes peuvent acquérir toutes les qualités qu'ils n'ont pas encore.
Si un homme présente un défaut, c'est à travers l'éducation qu'il a reçue, ce n'est pas de sa seule faute : il la tient de ceux qui l'ont éduqué. C'est pourquoi il est nécessaire que la société prenne conscience de certains défauts, pour pouvoir les faire abandonner par ses membres.
Tout le monde sait qu'avant, entre Dakar et Conakry c'étaient des va-et-vient de commerçants et planteurs de Guinée pour y vendre les légumes, les fruits, etc., etc.
Mais pour une question de dignité nationale, les planteurs et commerçants de la Côte d'Ivoire ont arrêté définitivement tous les rapports de ce genre avec Dakar. Or, chaque année, ce sont des milliers de jeunes gens et de jeunes filles qui quittent le Fouta pour aller se vendre au Sénégal. Nous avons dénoncé le navétanat depuis 1957. Nous avons pris la décision, au sein du Parti, d'arrêter le navétanat, mais n'avons jusqu'à présent pas réussi. Le Peuple sénégalais n'a rien contre le Peuple de Guinée. Les Sénégalais admirent beaucoup la Guinée ; ils aiment la Guinée. Malheureusement, les Guinéens qui vont au Sénégal n'ont que des défauts à leur présenter.
Quels sont ces défauts ? Ils n'ont pas cette dignité d'être Guinéens.
Quel défaut ? Tous les Guinéens venant au Senegal n'acceptent que les besognes les plus basses; ils sont petits marmitons, petits boys.
Quel défaut ? L'alcoolisme : ils boivent au Sénégal; ce qu'ils ne font pas au Fouta, à côté de leurs pères, là-bas, ils se le permettent. Cet esprit cachottier, ils le tiennent des rapports qu'ils avaient avec les féodaux. Ils se cachaient des féodaux pour jouir de leur liberté d'action tout comme aujourd'hui, ils se cachent en Guinée de leurs parents pour aller dans d'autres pays vivre de façon malhonnête et indigne.
Quel défaut encore ? Et vous nous excuserez, la vérité c'est la vérité ; quel défaut disons-nous ? La débauche, le trottoir. Les Sénégalais nous le disent ! Les Sierra-Léonais nous le disent ! Ceux du Liberia, nous le disent ! Les Ivoiriens aussi.
Nous avons honte et nous avons le devoir de dire que nous avons honte de cette attitude. Nous n'avons pas honte d'être pauvres, mais nous avons honte si nous nous comportons de façon indigne. Rien que le mois dernier, à côté de nous, on a raflé 780 femmes pour les déposer à nos frontières. Et au cours de cette, semaine, nous avons reçu un message par l'intermédiaire de notre ami Béavogui, de notre collègue d'à côté et qui nous dit :
— « Aidez-nous à faire rentrer, les Guinéennes qui, ici, font le trottoir. »
Nos insuffisances, nos défauts méritent d'être dénoncés tout le temps, et publiquement. La vérité, il faut la dire même si elle est contre soi. Nous aurions été fiers si on ne parlait que des qualités des Guinéens qui sont à l'extérieur: mais on parle de leurs défauts. Alors, nous considérons que ces défauts sont les nôtres.
Queldéfaut encore que celui des Guinéens Peulhs à l'extérieur ? Le vol. Nous allons vous dire quelque chose et nous demandons aux révolutionnaires Peulhs de ne pas s'en offusquer, de continuer à adhérer à la vérité historique et atteinte à notre dignité, mais par la suite nous avons compris que nous avions tort, parce que le Peuple n'accuse jamais arbitrairement. Chaque fois en effet qu'il y avait 10 voleurs, effectivement parmi eux, 7 ou 8 venaient du Fouta guinéen. Le vol est entré dans la vie courante du Fouta. Tous les jours, c'était le vol de bétail ; certains n'ont comme métier que le vol. De Labé à Dakar, de Labé au Libéria, de Labé en Sierra-Leone comme de Conakry à Labé. Ils sont organisés ! Quand le petit boy qui est chez vous vole ; il remet aussitôt l'objet volé à un complice ; vous pouvez aller fouiller chez lui, vous ne trouverez rien.
La débauche et le vol dégradent l'homme. Quand nous disons : « le racisme peulh », c'est parce que le cadres révolutionnaires Peulhs, quand bien même ils constatent tous ces défauts, ne les dénoncent guère, ils se taisent là-dessus.
Nous devons donc tuer le racisme. Nous devons continuer la lutte. Nous devons définitivement enterrer le racisme chez les Peulhs, chez les Malinkés, chez les Forestiers, chez les Soussous. Il faut enterrer définitivement le racisme. Il faut que cet enterrement soit un enterrement de première classe. Pour ce faire, chacun doit être exigeant, tous les actes du Président qui relèveraient du racisme, du népotisme, vous devez les combattre, les, dénoncer ; c'est cela votre devoir ! Donc à l'égard de n'importe qui autre cadre ou militant, dès que vous sentez l'odeur du racisme dans un propos ou un acte, vous, devez le flétrir sans hésiter, le combattre, le détruire.
Camarades de Conakry I, nous vous félicitons ; la mobilisation a été puissante, elle a été ordonnée et elle a eu un niveau idéologique élevé. Nous sommes sûr que votre manifestation a contribué au renforcement de la Révolution dans l'esprit de chacun. Nous vous demandons de rester toujours actifs, fermes et vigilants. Nous vous invitons à poursuivre, avec courage et résolution, la lutte contre Cheytane, pour le progrès de la société guinéenne. La justice sociale est une conquête, le progrès social est une conquête, et la Révolution est un devoir.

Prêt pour la Révolution !


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