Editions Jeune Afrique. Collection Plus. Paris. 1985. 215 p.
Vingt-six années de gestion désastreuse ont apprauvi la Guinée. Les nouveaux dirigeants se trouvent face à un défi : réussir dans une conjoncture internationale défavorable ce qui n'a pas été entrepris quand tous les espoirs étaient permis.
Il n'a guère fallu attendre, après l'instauration, le 3 avril 1984, d'un nouveau régime à Conakry, pour que se laisse percevoir un nouveau climat, favorable à la relance de l'économie guinéenne. L'immense capital de confiance recueilli par le CMRN (Comité militaire de redressement national) constitue en effet un atout majeur dans la bataille qui devait s'engager pour sortir le pays du marasme économique. Très vite, sur les marchés de Conakry, les prix amorçaient une forte baisse sans retrouver bien entendu des niveaux comparables à ceux des pays voisins. Fait particulièrement significatif, dans la seule journée du 10 avril, le cours du dollar chutait, sur le marché parallèle, de 260 sylis (environ 2 600 F CFA) à 150 sylis (près de 1 500 F CFA), soit une amélioration de plus de 40 %.
Est-ce à dire qu'une économie bloquée par les vingt-six années d'une gestion désastreuse peut être remise sur les rails du jour au lendemain ? Il faudra sans doute, au préalable, briser le carcan des structures étatiques contraignantes, instaurées par l'ancien régime. Plus facile à dire…
La domestication de l'économie par l'Etat en Guinée est un vaste engrenage qui est mis en place dès l'indépendance (2 octobre 1958). Comme l'indique Alain Cournanel, au lendemain même du référendum, le dernier gouverneur français Risterucci a ordonné le 29 septembre 1958 la suspension des investissements au titre du FIDES, le Fonds (colonial) d'investissement pour le développement économique et social, la suppression des crédits bancaires et l'établissement de droits de douane sur les marchandises guinéennes à destination de l'ancienne métropole. A cela s'ajoute l'évasion massive vers l'étranger de la majeure partie des profits réalisés dans le secteur commercial, principale source d'accumulation dans une économie où l'industrie est encore pratiquement inexistante. On estime ainsi que seulement 15 % des bénéfices des sociétés restent dans le pays.
D'éminents experts, dont le professeur Charles Bettelheim, économiste marxiste bien connu, sont appelés au chevet de cette économie aux premiers pas pour le moins chancelants. Ils conseillent une thérapeutique a priori rationnelle, mais qui se révèlera — à leur corps défendant — désastreuse : l'étatisation du commerce. Elle se traduit par la création en 1959 de deux comptoirs nationaux, l'un pour le commerce extérieur, le CGCE, et l'autre pour le commerce intérieur, le CGCI. Objectif : faire disparaîÎtre les maisons coloniales, permettre à l'Etat d'accaparer les surplus qu'exportaient ces dernières, diversifier les débouchés. Les principaux partenaires commerciaux étant désormais les pays socialistes auxquels la Guinée va être liée par des accords de troc — plus précisément de « clearing » (accords de compensation) — la centralisation des circuits commerciaux semble opportune.
Or, très tôt, la fonctionnarisation des postes commerciaux engendre une bureaucratie qui envahit le système de distribution, engorge les docks au port de Conakry pendant que la pénurie s'installe à l'intérieur. Les difficultés financières s'accumulent en raison de la défaillance des coopératives de commerçants qui s'acquittent avec retard de leurs paiements. A la fois exportateur et importateur, le CGCE vend ses marchandises au CGCI qui, ayant le monopole du commerce de gros, les cède à son tour aux magasins d'Etat régionaux.
L'étatisation excessive ne tarde pas à généraliser gabegie et corruption. En 1961, le pouvoir fait machine arrière. Le CGCE est démantelé et remplacé par deux sociétés d'exportation des produits nationaux (Guinexport pour les denrées agricoles et Prodex pour les autres produits, à l'exception des minerais), et quatorze sociétés nationales d'importation.
L'Etat se révèlant incapable d'assurer un approvisionnement correct des populations, le commerce privé contre-attaque. Il s'en suit une prolifération des intermédiaires qui aggrave encore la situation, du fait notamment de hausses illicites des prix et d'exportations frauduleuses.
L'expérience de la libéralisation est stoppée net par la loi-cadre du 8 novembre 1964 qui comporte les mesures les plus autoritaires jamais adoptées par l'Etat guinéen : suppression des licences d'importation pour les privés, sévère réglementation de la profession commerciale, création d'une commission de vérification des biens, baisse autoritaire de tous les prix, etc. Accompagnées, évidemment, d'une brutale répression à l'égard des commerçants, ces mesures aboutissent toujours à l'inverse des résultats escomptés. Les prix flambent sur le marché parallèle. Jusqu'à la libéralisation amorcée en 1978 qui lui restituera le commerce intérieur, le secteur privé restera baillonné.
Les déboires du secteur commercial ont été amplifiés dans une large mesure par l'incohérence de la politique monétaire et financière. Mais ici, comme dans d'autres domaines, on observe surtout que Sékou Touré ne pouvait pas faire autrement. Ainsi en est-il de la création de la monnaie nationale, le 1er mars 1960. Selon diverses sources, la fuite de capitaux vers la France au cours de la première année d'indépendance a réduit de moitié la masse monétaire en circulation. Si une telle hémorragie s'était poursuivie, l'asphyxie totale de l'économie aurait été inévitable. De plus, comme on l'a vu, la Guinée ne pouvait plus prétendre à des crédits de la BCEAO (Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest). D'où la mise en place d'une zone monétaire autonome et son corollaire, le contrôle des changes, avec toutes les mesures restrictives que cela suppose.
Les francs CFA sont échangés contre les francs guinéens, unité pour unité, et pour l'équivalent de 0,0036 gramme d'or fin. La masse monétaire totale est estimée, en 1960, à 6 milliards de FG, alors qu'elle aurait dû être, d'après les ratios de trésorerie de la Banque centrale, de 9 milliards. Ce qui confirme bien une contraction de 3 milliards, signalée par Samir Amin 1, soit par évasion, soit par destruction de billets par les sociétés et banques françaises. Sans aucune garantie extérieure, le franc guinéen est donc devenu une simple monnaie de papier qu'il convient de gérer avec la plus grande prudence. Or, le laxisme dans la politique du crédit engendrera un formidable endettement de l'Etat à l'égard du secteur bancaire.
Ainsi, en juin 1963, les prêts et avances accordés par la Banque aux pouvoirs publics atteignent 42 milliards de FG, soit 84 % du PIB (Produit intérieur brut). Cette proportion touchera le sommet des 90 07o en septembre 1972. Or, les avances à long terme consenties par la Banque centrale à l'Etat correspondent à une pure création de monnaie, qui engendre une inflation galopante. Le cours clandestin du dollar atteint 1 250 FG en 1967 (au lieu de 245 FG), pour culminer à l'équivalent de 2 600 FG à la veille de la chute du régime, le 3 avril 1984. Lorsque le franc guinéen est remplacé par le syli en octobre 1972, au taux de 10 FG pour 1 syli, la masse monétaire en circulation représente trois fois ce qu'elle était en 1960, soit 69 % du PIB, alors que ce taux ne dépasse guère 25 % dans les autres pays d'Afrique de l'Ouest.
L'état des finances publiques est aggravé par la charge de la dette extérieure : de l'ordre de 200 millions de dollars (environ 80 % du PIB) en 1965, selon les estimations de la Banque mondiale, soit une charge de remboursement équivalant à 25 % des recettes d'exportation. Le seuil fatidique de 20 % a donc été franchi. C'est dans une large mesure le résultat de l'exceptionnel effort d'investissement accompli durant le premier plan triennal de développement (1960-1963). Mais elle tient aussi à l'effondrement de la production agricole d'exportation.
Au début des années soixante-dix, le service annuel de la dette devient insupportable. Les arriérés de paiement vont s'accumuler pour atteindre 113 millions de dollars (environ 28 milliards de F CFA) à la mi-1976. Début 1984, ils atteignent 200 millions de dollars (80 milliards de F CFA) pour une dette extérieure totale de l'ordre de 1,6 milliard de dollars (640 milliards de F CFA).
De plus, les rééchelonnements obtenus en 1975-1976 auprès de certains pays font qu'au cours des années à venir les échéances vont se télescoper et se traduire par un remboursement d'environ 100 millions de dollars (40 milliards de F CFA) par an, sans compter les arriérés.
Il est évident que la Guinée ne saurait faire face à une telle charge.
Force sera pour elle d'aller frapper à la porte du Club de Paris, assemblée des pays créanciers. Si la Guinée en est arrivée là, c'est bien en raison d'une politique économique hasardeuse, faite de surenchères dans l'étatisation, marquée de temps d'arrêt suivis de replis vers une libéralisation incertaine. A titre d'exemple, pendant longtemps la doctrine officielle a prêché la « voie non capitaliste » du développement, alors que l'adoption de la voie socialiste ne sera proclamée qu'en 1967. De là, un lamentable gâchis dans le domaine de l'agriculture qui enregistre le plus cuisant échec qu'ait connu le régime défunt de Sékou Touré.
C'est à partir de 1960, avec le premier plan triennal, que les structures collectivistes sont imposées dans les campagnes. D'inspiration soviétique, des Coopératives agricoles de production (CAP) sont créées, assistées de Centres de modernisation rurale (CMR) dont le but est de vulgariser les techniques modernes et d'assurer la formation des paysans. L'expérience, au demeurant fort limitée (4 % seulement de,la population active rurale), se révèle catastrophique. D'une manière générale, toutes les productions agricoles s'effondrent ou stagnent faute de soutien aux prix à la production.
L'Etat ne renonce pas pour autant à sa politique de collectivisation. Bien au contraire, il l'accentue en 1974 par la création des brigades attelées de production (BAP), utilisant les animaux de trait, et les brigades motorisées de production (BMP), équipées de tracteurs. Puis, en 1978, on met en place les fermes agropastorales d'arrondissement (FAPA) qui doivent jouer le rôle de fermes collectives « pilotes ». Elles ont pour but de fournir une assistance technique aux BAP et aux BMP, qui ont été fusionnées et transformées en Fermes agricoles communales (FAC). On retourne ainsi au modèle coopératif du début des années soixante.
Le bilan est particulièrement désastreux. Ces fermes sont devenues pratiquement des « cimetières d'engins », alors que l'objectif d'autosuffisance alimentaire s'éloigne de plus en plus. L'agriculture occupe aujourd'hui encore 80,9 % de la population active contre 85 % en 1958. Sa part dans le PIB au cours de la même période est tombée de 70 % à 40 %, et dans les recettes d'exportations de 60 % à 3 % seulement. Quelque 1,4 million d'hectares sont cultivés sur 7,4 millions. Les rendements ne dépassent guère 0,5 tonne de riz décortiqué à l'hectare contre plus de 15 tonnes dans d'autres pays (chiffres cités par l'ancien président guinéen lors d'un séminaire à Conakry en février 1979).
Depuis 1973, la production du secteur agricole régresse en moyenne de 0,7 % par an en termes réels. Résultat : elle est actuellement inférieure à ce qu'elle était à la veille de l'indépendance. A titre d'exemple, les exportations de bananes qui avaient atteint 100 000 tonnes en 1955 (contre 35 000 tonnes pour la Côte d'Ivoire) sont aujourd'hui nulles. En revanche, les importations de riz, nourriture de base de la population urbaine, ne cessent de croître d'année en année (100 000 tonnes en 1983).
Dans le secteur secondaire, les performances ne sont guère plus brillantes. Avec quelque cinquante entreprises, toutes étatisées ou mixtes, et dont certaines ne sont que de simples ateliers de fabrication, le tissu industriel guinéen est un des plus minces du continent. Et puis, la plupart fonctionnent à 10 %, 30 % au plus de leur capacité de production. L'énumération des causes de cet état de choses serait fastidieuse : matériel obsolète, pénurie de pièces détachées, implantations dans des zones où les matières premières agricoles ne sont pas disponibles, faiblesse du personnel, mauvaise gestion financière, etc. Au total, le secteur manufacturier contribue pour moins de 5 % au produit intérieur brut.
L'exploitation minière est incontestablement le domaine qui a enregistré les progrès les plus notables. Avec plus de 20 % du PIB, elle fournit près de 97 % des recettes d'exportation. Et pourtant, des immenses ressources minérales de la Guinée, seuls le diamant et la bauxite sont mis en valeur. La mine de Fria-Kimbo, à 150 km à l'est de Conakry, est exploitée par la société mixte Friguia (depuis 1958) dont le capital est réparti entre l'Etat guinéen (49 %) et un consortium des principaux producteurs mondiaux d'aluminium dénommé Frialco (51 %) 1. C'est la seule usine qui opère une transformation sur place de la bauxite : 600 000 tonnes d'alumine (à partir de 2 millions de tonnes de bauxite) dont 90 % sont vendus aux partenaires de la Guinée (à raison de 200 dollars la tonne en 1980), et le reste sur le marché libre. A 300 km au nord de Conakry, le gisement de Boké-Sangarédi est exploité depuis 1973 par la CBG (Compagnie des bauxites de Guinée), société mixte groupant l'Etat guinéen (49 % du capital) et le consortium Halco (51 010 des parts) 3. La production de 9,2 millions de tonnes (dont une faible partie est calcinée sur place) est exportée par le port de Kamsar, relié à la mine de Sangarédi par une ligne de chemin de fer de 136 km. A partir de 1974, l'OBK (Office des bauxites de Kindia) dont le capital est entièrement détenu par l'Etat guinéen exploite la mine de Kindia-Débélé. Le projet a été financé par un prêt soviétique à long terme de 85 millions de roubles au taux de 2 %.
Les accords passés avec la Guinée prévoient que 90 % de la production totale (1,8 million de tonnes) sont attribués à l'URSS — 55 % pour rembourser la dette guinéenne et 35 % pour l'achat de matériel destiné à l'OBK — et 10 % à la Guinée. Avec 12 millions de tonnes de bauxite, la Guinée en est ainsi devenue le deuxième exportateur mondial, après l'Australie. Sans cette manne, on voit mal comment l'économie de ce pays aurait pu survivre. L'exploitation du diamant en Haute-Guinée (environ 40 000 carats) constitue également un appoint non négligeable.
Le PIB n'a commencé à croître réellement qu'à partir de l'entrée en fonction des mines de Boké et de Kindia au début des années soixante-dix pour atteindre le rythme de … 2 % en moyenne et par an durant la période 1969-1975, selon les évaluations de la Banque mondiale. Au cours des deux dernières décennies, le Produit national brut (PNB) a été quasiment stagnant alors que le taux de croissance démographique s'est situé à 2,9 % par an. D'où la dégradation continuelle du niveau de vie des Guinéens (dont le revenu moyen par tête n'atteint pas 300 dollars). Comment s'étonner alors de voir 2,5 millions de ceux-ci prendre le chemin de l'exil pour échapper à la misère, mais aussi aux violations des droits de l'homme ?
Que faire pour sortir l'économie guinéenne d'une situation aussi inquiétante ? Un commencement de réponse est déjà fourni par l'abolition d'un régime autoritaire qui a paralysé pendant un quart de siècle les forces productives. L'orientation libérale proclamée début avril par le régime du colonel Lansana Conté a permis une amélioration considérable du climat psychologique dans les milieux d'affaires. Il en est résulté une réconciliation entre les pouvoirs publics et les agents économiques. Avec le retour à l'orthodoxie bancaire (garantie du secret, suppression du plafond de retrait) le 9 avril dernier, la monnaie nationale a regagné aussitôt une grande partie de la confiance du public, comme on l'a déjà constaté ailleurs. Autre conséquence salutaire de ces mesures : le démantèlement — qui interviendra bientôt — des structures étatiques paralysantes. Il faut, dans les meilleurs délais, abolir le monopole d'Etat sur le commerce intérieur et extérieur, libérer l'initiative privée et créer des structures réceptives au capital étranger.
Pour redynamiser l'agriculture, il est indispensable de mettre en place un système de soutien aux prix à la production. Il y a lieu également de liquider les FAPA et les FAC pour en céder le patrimoine aux agriculteurs. Les conditions climatiques sont si favorables en Guinée, malgré l'existence de zones où la sécheresse sévit sporadiquement, que l'autosuffisance alimentaire est à portée de main. Dans le secteur secondaire, l'Etat devrait laisser la place au capital privé national et étranger, pour ne conserver que les entreprises d'intérêt public (eau, électricité). Seul domaine où l'Etat pourrait encore avoir une certaine primauté : l'exploitation des ressources du sous-sol où une large place n'en devrait pas moins être faite au privé.
Dans l'immédiat, la priorité qui s'impose est la réhabilitation de l'outil existant avant tout lancement de projet nouveau, une réhabilitation qui ne va pas à l'encontre d'une nécessaire économie de moyens de financement fort limités.
Notes
1. Alain Cournanel. Planification et investissement privé dans l'expérience guinéenne. Thèse, Université de Paris, 1969.
2. Samir Amin. Trois expériences africaines de développement : le Mali, la Guinée, le Ghana. Paris, PUF, 1962.
3. Répartition des actions dans le groupe Frialco : Noranda (Canada) 19,25 %, Pechiney (France), opérateur : 18,25 % ; British Aluminium (Grande-Bretagne) 5,50 % Alusuisse (Suisse) : 5,50 % ; Vereinigte Aluminium Werke (Allemagne fédérale) 2,50 %, soit 51 au total.
4. Les actions du groupe Halco sont réparties comme suit : Alcoa (Etats-Unis) : 13,77 %, Halco-Alcan (Canada), opérateur : 13,77 % ; Martin-Marietta (Etats-Unis) : 10,20 % Pechiney (France) : 5,10 % ; Vereinigte Aluminium Werke (Allemagne fédérale) : 5,10 %, Montedison (Italie) : 3,06 %. Soit 51 % au total.
Des réserves inexploitées | |||
Population | 5 500 000 habitants | ||
Population émigrée | 2,5 millions de personnes environ | ||
Villes principales | |||
Conakry | Kankan | ||
550 000 habitants | 65 000 habitants | ||
Produit national brut (PNB) | 1,6 milliard US$ | ||
PNB par tête | 290 US$ | ||
Dette extérieure | 1,6 milliard US$ | ||
Répartition du Produit intérieur brut (PIB) | |||
Agriculture | Industrie | Mines | Services |
40 % | 4 % | 20 % | 36 % |
Budget Général | 14 milliards de sylis (environ 140 milliards F CFA) | ||
Budget de Fonctionnement | 11,8 milliards de sylis (environ 118 milliards de F CFA) | ||
Budget d'Equipement | 3,2 milliards de sylis (environ 32 milliards de F CFA) | ||
Energie | |||
Electricité | 65 mégawatts (MW) puissance installée | ||
Source : Ministère de l'Agriculture et service du contrôle de la statistique. |
Commerce extérieur | ||
Exportations | 11,129 milliards de sylis (environ 111,29 milliards de F CFA) | |
Importations | 8,945 milliards de sylis (environ 89,45 milliards de F CFA) | |
Principal fournisseur | France | |
Principal client | Etats-Unis | |
Composition des exportations | ||
Produits miniers | Produits agricoles | |
97 % | 3 % | |
Principales productions | ||
Minières | ||
Bauxite | Alumine | Diamants |
12 millions de tonnes | 580 000 tonnes | 40 000 carats. |
Agricoles (1980 — en milliers de tonnes) | ||
Riz | 351 | |
fonio | 50,6 | |
maïs | 35,7 | |
arachide | 52,7 | |
manioc | 342 | |
mil-sorgho | 3,3 | |
igname | 47,3 | |
patate | 63 | |
taro | 30,5 | |
Elevage (en milliers de têtes) | ||
Bovins | 2 300 | |
Ovins | 370 | |
Caprins | 400 | |
Volaille | 6 000 | |
Source : Ministère de l'Agriculture et service du contrôle de la statistique. N.B. Les chiffres de ce tableau sont donnés à titre purement indicatif, l'appareil statistique de l'Etat guinéen demandant une refonte totale. D'où la création d'un ministère de la Statistique et du Plan. |
Fer | |||
Gisements | Réserves (milliards de tonnes) | Teneur (%) | |
Mont Nimba | 2 | 65 à 70 | |
Mont Simandou | 7 | 65 à 70 | |
Kaloum (Conakry) | 6 | 50 à 52 | |
Forécariah (quartzitz) | 0,1 | 40 à 50 | |
Bassin de la Tominé | 0,5 | 45 à 50 | |
Total | 15,6 | ||
Bauxite | |||
Gisements | Réserves (millions de tonnes) | Teneur (%) | |
Alumine | Silice | ||
Boké* | 2 000 | 58 à 62 | 0,8 à 1 |
Fria* | 500 | 45 à 48 | 2 à 3 |
Kindia* | 100 | 48 à 52 | 2 à 3 |
Tougué* | 4 000 | 47 à 52 | 3 à 4 |
Dabola** | 1 000 | 48 à 52 | 2 à 3 |
Pita | 200 | 48 à 52 | 2 à 3 |
Dinguiraye | 60 | 45 à 48 | 3 à 4 |
Siguiri | 30 | 45 à 48 | 3 à 4 |
Forécariah | 10 | 44 à 47 | 4 à 5 |
Gaoual Ayé-Koyé** | 1 300 | 58 à 62 | 0,8 à 1 |
Total | 9200 | — | — |
*Gisements exploités. | |||
**Exploitation projetée. |
Mamadou Alpha Barry
« Enseignant malgré moi »
Partir. S'extirper du ghetto guinéen. Tel est le désir quasi obsessionnel de la majorité des jeunes diplômés de l'Institut polytechnique de Conakry (IPC). Partir pour un peu plus de liberté. Mais aussi pour que leur savoir soit enfin reconnu. Et donc mieux utilisé. C'est dans cet esprit que je débarque le 10 mars 1972 à Abidjan. Après une fantastique odyssée : 1 000 kilomètres en taxi-brousse, à bicyclette et… à pied. Avec comme seul bagage le précieux cartable contenant les décrets et autres arrêtés ministériels attestant mes qualifications. Car aucun établissement scolaire ou universitaire guinéen ne délivre de diplômes.
Que faire lorsqu'on arrive dans une métropole comme Abidjan qui reçoit tous les jours des dizaines d'immigrants ? D'abord s'assurer gîte et couvert chez quelque lointain cousin ou ami. Puis aller de place en place en quête d'un hypothétique emploi. Ancien professeur d'économie à Conakry, je me présente d'emblée aux portes de l'Ecole nouvelle ivoirienne (ENI), le plus grand lycée privé d'Abidjan à l'époque. Coup de veine ! Le chargé du cours d'économie générale, un jeune expatrié — venu en Afrique plus « pour voir du pays » que par vocation — a décidé de rentrer en France. « Nous avons un poste libre après les congés de Pâques », m'annonce le directeur des études. Traitement : 90 000 F CFA par mois et pour 18 heures hebdomadaires. Avec une prime : 3 000 F CFA pour une heure supplémentaire. Diable ! Mon revenu va faire subitement un bond de 50 %.
Le 5 avril 1972, je me présente pour mon premier cours en terminale. Et quelle n'est pas la surprise des élèves de me voir manier les concepts économiques avec une certaine aisance ! De fait, les enseignants africains doivent d'abord faire leurs preuves. Normal. Mon contrat est renouvelé l'année suivante. Mais la gestion de l'ENI n'est pas des plus saines. Quand l'année scolaire 1973-1974 se termine, je n'ai pas touché mon salaire depuis trois mois. Il faut donc partir au plus vite. Après une recherche acharnée, Je me retrouve à l'Ecole d'enseignement technique commerciale Grand-Jean (EETC). Dirigée par Mme Marie Dosso qui gère son établissement avec une rigueur sans faille, l'EETC me verse 110 000 F CFA par mois. Soit l'équivalent du traitement d'un haut-fonctionnaire dans la plupart des pays voisins de la Côte d'Ivoire. Un an après, le collège Saint-Simon me propose mieux : 125 000 F CFA. Dans tous ces établissements, la proportion d'expatriés africains se faisait toujours plus grande. Il est vrai qu'à qualification égale, les nationaux ivoiriens préfèrent à l'enseignement une carrière dans l'administration, dans l'industrie ou le commerce.
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