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Ibrahima Cissé Mohamed Salif Keita
Presse et médias en Guinée

Littérature guinéenne
L'Harmattan. Paris, 2005. 175 pages
Notre Librairie.
N°88/89 Juillet-septembre 1987. Pages 169-170


La périodisation indiquée dans cet article est certes correcte. Mais elle contient des assertions erronées, qu'il convient de relever.

  1. La conférence fondatrice du R.D.A. eut lieu à Bamako en octobre 1946 et non pas en 1947
  2. C'est la section guinéenne du RDA qui fut créée le 14 mai 1947 à Conakry.
  3. Le RDA n'apporta pas l'éveil dans les empires coloniaux d'Afrique (français, britannique, portugais, espagnol) ; il réaffirma plutôt une conscience politique antérieure.
  4. La phase proprement dite de “la lutte pour l'indépendance” ne s'étend pas de 1947 à 1958. Elle se limite aux années 1957-1958, c'est-à-dire au constat de l'échec du régime de semi-autonomie de la loi-cadre Gaston Deferre (1956-1958). Auparavant, la philosophie et le programme des leaders et partis politiques africains — y compris Sékou Touré et le PDG — visaient la réforme et le ré-aménagement du système colonial et non pas l'indépendance vis-à-vis de la métropole. — [T.S. Bah]

La fin de la Seconde Guerre mondiale marque le début de l'éveil politique de l'Afrique. En octobre 1947, le R.D.A. naît à Bamako. Le mouvement a déjà le mérite de réunir un ensemble régional qui groupe la plupart des pays de l'Ouest Africain francophone. En Guinée, le Parti Démocratique de Guinée (Section du R.D.A.) voit le jour. Des groupements et des cercles politiques se forment. Des partis politiques s'implantent, tels le BAG (Bloc Africain de Guinée), le Parti Socialiste (affilié à la SFIO), etc. Ils se donnent une tribune de laquelle ils marqueront, pendant leur existence éphémère (les interdits et les saisies étaient nombreux), la période qui va de 1947 à 1958.
Logiquement, on peut distinguer trois périodes dans l'histoire des médias guinéens.

La lutte pour l'indépendance

Dès 1947 à 1958, c'est la phase de la lutte pour l'indépendance. Tous les journaux se donnent pour mission de refléter les vues des populations, dont ils sont censés défendre les intérêts dans les partis et les mouvements politiques d'alors. Tout au plus, ils se faisaient échos de revendications syndicales, qui, se systématisant, devinrent plus tard des revendications politiques pour l'indépendance.
La radio, durant toute cette époque, s'employait surtout à communiquer les mouvements des navires bananiers. Elle était du reste étroitement dans les mains de l'administration coloniale qui contrôlait le contenu de toutes les émissions.

La litanie idéologique

De 1958 à 1984, on entre dans une phase qui aurait dû voir un développement des journaux et de la Radio, capables de jouer un rôle d'avantgarde dans la vie de la nation toute entière. Malheureusement, l'indépendance qui a consacré la suprématie d'un seul parti voit s'éteindre tous les autres journaux au profit d'un seul, La Liberté devenu Horoya. La conséquence n'est pas reluisante. Elle est ce que l'on sait.
La Radio et l'unique journal perdront leur fonction originelle. Ils excellent, pendant 26 ans dans l'art fastidieux de la litanie idéologique d'un parti dont le secret désir a toujours été de contrôler l'information.
Evidemment, la Guinée qui n'a jamais eu une économie en bonne santé, ne pouvait avoir des médias en bonne santé. De journaux de partis, faibles des faiblesses de leurs formations respectives, deviennent dès 1958, la radio et le journal de l'unique parti au pouvoir, le Parti Démocratique de Guinée (P.D.G.). Quel impact pouvaient-ils dès lors produire sur les lecteurs et les auditeurs ? Personne ne peut le dire, dans la mesure où dans cette Guinée d'après l'indépendance, il n'y a jamais eu aucune enquête sociologique à ce sujet.

Le nouveau régime

Avant de dire quelques mots sur la nouvelle ère qui s'ouvre pour les médias, faisons remarquer que c'est en 1978 que la Télévision fait son apparition en Guinée. Elle exerce sans doute un attrait irrésistible, mais son incidence demeure encore trop réduite. En effet, pour parler un langage élémentaire, ses émissions qui ne durent pas plus de quatre heures par jour ne sont captées qu'à Conakry, et dans un rayon variant entre 50 et 150 km. Très peu de gens peuvent d'ailleurs s'offrir le luxe de s'acheter un appareil T.V. Il est tout de même un fait indéniable, qu'en couvrant l'ensemble du pays, la Télévision pourra jouer un rôle fondamental et même décisif dans la transmission de certains messages économiques et socio- culturels dont elle peut faciliter la compréhension, l'assimilation, car, contrairement à la radio par exemple, elle a l'avantage de réunir l'image, le son et la parole.
Il est patent qu'actuellement, faute de moyens adéquats et d'un personnel hautement qualifié, les programmes sont pauvres, ne collent pas totalement aux réalités et sont très souvent conçus ailleurs qu'en Guinée. Peut-être qu'un jour, ce formidable support connaîtra le développement qu'on est en droit d'attendre de lui et sera d'une couleur vraiment guinéenne tout en restant ouvert sur le monde. La Télévision, nouvelle venue dans le monde des médias guinéens, n'échappe pas aux nombreux problèmes de croissance qui se posent à Horoya et à la Radio.
Depuis 1984, l'avènement d'un nouveau régime à orientation libérale devrait permettre une renaissance des médias, où la liberté d'expoession, la liberté de la presse, le droit à l'information seraient reconnus à la fois comme la manifestation et les résultats de l'exercice du jeu démocratique.
Dans une déclaration, peu après la prise du pouvoir par l'Armée, le Comité Militaire de Redressement National (C.M.R.N.) proclame la liberté d'expression. Plus tard, le Chef de l'Etat, dans des discours de circonstance et d'orientation parlera de celle de la presse. Mais les choses restent encore à ce niveau. Or, il existe encore des esprits qui réfléchissent et conçoivent selon des canons anciens, pensant que les médias sont trop importants et dangereux pour être la seule affaire des journalistes. Il est au contraire tout à fait réconfortant de constater l'existence d'un fort courant de pensée qui croit fermement à l'inverse.
Alors, le souhait est qu'il l'emporte, car la presse (journaux, radio, T.V.) est sans conteste un instrument de développement, une plateforme pour l'exercice de la démocratie. Des médias libres et responsables sont un garde-fou contre les abus, un instrument d'équilibre face à l'exécutif, au législatif et au judiciaire.
Dans quel cadre juridique évoluent les médias guinéens ? Il n'en existe pas. Le pays, aujourd'hui pas plus qu'hier, n'en a fait cas dans sa constitution. Il y a 26 ans, parce que la presse était une presse au pas. Depuis le 3 avril, parce qu'aucune constitution ne régit encore la vie politique du pays.
Les médias guinéens ne jouent que timidement, sinon imparfaitement, leur double mission de participation au développement et de censeur de certains comportements répréhensibles qui sont de vrais freins au développement.
L'Etat guinéen, bâti désormais sur les valeurs de la société libérale, a le droit de garantir la liberté de la presse.
Notons qu'une Association des journalistes vient de voir le jour. Elle milite pour une presse libre, responsable, au service de la Guinée et a élaboré des statuts et une charte déontologique.
Pour terminer, nous citerons Thomas Jefferson qui disait en 1787 : « Si l'on me donnait à décider, si nous devions avoir un gouvernement et pas de journaux, ou des journaux et pas de gouvernement, je n'hésiterais pas un instant à choisir la deuxième proposition ». Voilà qui donne à réfléchir.

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