Laye Camara. Le Regard du Roi
Paris. Plon. Presses Pocket. 1954. 256 p.
“Littérature guinéenne.”
L'Harmattan. Paris, 2005. 175 pages
Notre Librairie.
N°88/89 Juillet-septembre 1987. Pages 10-13
Avec Le Regard du Roi, nous abordons un genre insolite entre l'allégorie et le roman. Clarence, le héros du livre, est un petit Blanc qui a basculé dans une espèce de folie douce et rejoint le clan des Noirs. Après des mésaventures tragi-comiques avec un aubergiste cupide, suivies d'une parodie de jugement, Clarence échappe à ses poursuivants et s'enfonce dans la forêt, flanqué d'un vieux mendiant cynique et philosophe et de deux jumeaux turbulents, Nagoa et Noaga. Au terme d'une étrange errance, la petite troupe parvient à un village mythique du sud, Aziana.
Vendu au chef du village par le mendiant, Clarence commence alors une existence extraordinaire: complètement oisif tout le jour, il s'abandonne pendant la nuit à un véritable délire sexuel entretenu par les fleurs aphrodisiaques de la forêt, jusqu'au jour où la sorcière Dioki lui révèle brutalement son véritable rôle d'“étalon” reproducteur de la communauté villageoise.
Mais, au fond de sa déchéance, Clarence n'a jamais renoncé à sa quête de la grâce, symbolisée par le roi au torse gracile entrevu autrefois ; et lorsque le roi arrive enfin à Aziana, il pose son regard sur Clarence et l'arrache à l'angoisse de sa condition misérable.