L'aube sanglante
(Collectif anonyme). 1973
“Littérature guinéenne”
L'Harmattan. Paris, 2005. 175 pages
Notre Librairie.
N°88/89 Juillet-septembre 1987. Page 178
De toutes les pièces créées et jouées sous l'ancien régime, L'aube sanglante est à mon avis la meilleure. Originellement écrite et présentée au IXe Festival National en 1973 par l'ex-Fédération de Dabola, la pièce est adoptée et remaniée une première fois par la Troupe universitaire, puis une seconde fois (1976) par la Troupe Nationale de Théâtre qui l'a jouée à Conakry, à l'intérieur du pays et hors de la Guinée ; partout elle fit salle comble et remporta un vif succès.
Cela s'explique par le contenu vivant et engagé de L'aube sanglante qui, même contenant de nombreuses imperfections, emporte toujours le spectateur ou le lecteur. En fait ce qu'il y a de bon dans la pièce, c'est l'idée dominante de réhabilitation de l'Afrique, notre continent qui n'a pas fini d'émerger des ténèbres du colonialisme ; la pièce dénonce avec force et éloquence les crimes du colonialisme, elle exalte le combat libérateur dont l'un des épisodes dramatiques constitue la trame : des tirailleurs sénégalais rentrant du front de la Seconde Guerre mondiale sont assassinés en masse au camp de Thiaroye-sur-Mer à Dakar pour avoir réclamé leurs économies, que les autorités militaires en place ont décidé de détourner à leurs propres fins.
Dans l'interprétation, bien des acteurs ont révélé leur talent. Parmi eux la palme revient sans doute à Richard Turpin, étudiant, dans le rôle du Dr Duclos.
Retenons que L'aube sanglante fait exception dans cette masse de pièces jouées sous le régime défunt et dont la plupart n'étaient que flagorneries pour le parti ou son leader.