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Les Archives Nationales
Entretien avec Almamy Stell Conté

Littérature guinéenne
L'Harmattan. Paris, 2005. 175 pages
Notre Librairie.
N°88/89 Juillet-septembre 1987. Pages 171-173


M. Conté, vous êtes depuis 1984 Directeur des Archives Nationales de Guinée ; pouvez-vous nous dire d'où vous tirez votre formation d'archiviste ?

J'ai reçu ma formation à l'Université de Montréal, à l'École de Bibliothéconomie, et je me suis spécialisé en archivistique pendant deux ans.

Il y avait une sélection à l'entrée ?

Il y avait bien sûr une sélection sur concours.

Ces archives, comment les avez-vous trouvées, quand vous êtes arrivé à la Direction ?

Je dois vous dire que la situation des archives en Guinée est inquiétante, et plus particulièrement celle des Archives Nationales. Pour le moment, nous sommes confrontés à un manque de local pour la bonne conversation des archives, à l'insuffisance du matériel d'équipement, à un manque de législation, de budget et de personnel qualifié.

En quoi consistaient ces archives ?

Les Archives Nationales de Guinée sont constituées de documents d'archives, antérieures à 1958, et d'une petite partie d'archives administratives, postérieures à 1958.
Celles qui sont antérieures à 1958 sont des archives d'époque coloniale ; ce sont donc des archives d'administrateurs de l'époque des Commandants de Cercle, des administrateurs en place, d'un volume considérable.
Après 1958, le régime défunt a bien sûr laissé des archives qui jouent un rôle très important dans le processus de développement économique d'une nation et nous en faisons le traitement.

Est-ce que Sékou Touré attachait une certaine importance aux archives? A-t-il voulu déjà préparer l'avenir, utiliser les archives pour se créer son personnage ? ou bien était-ce au second plan de ses préoccupations ?

C'est une question très pertinente pour moi ; je dois dire que pendant le régime défunt, les archives existaient, mais les gens n'en connaissaient pas l'importance pratique. A ce point de vue, les archives étaient laissées à l'abandon. C'est au cours du deuxième régime que les gens ont commencé à voir leur intérêt et leur importance.

N'est-ce pas, pour les Africains en général, une découverte relativement récente que celle des archives ? Traditionnellement, vous êtes de culture orale, mais vos archives sont votre mémoire collective que vous vous transmettez les uns aux autres. Cette notion même d'archives n'est-elle pas relativement nouvelle pour les Africains ?

Disons que c'est relativement nouveau. En Guinée, nous avons connu des archives orales, c'est vrai; mais en plus, comme nous avons une civilisation où l'écrit passe en première position, je pense que nous avons encore plus d'intérêt à garder nos propres archives, à les faire connaître aux autres.

En tout cas, du temps du régime défunt, on aurait pu imaginer que votre Président soit désireux d'effacer un peu le passé. Cela ne s'est pas produit ?

Pas à ma connaissance, je crois que non. Les archives ne sont pas restées sur place : nos archives sont en France, à Aix-en-Provence, et à Dakar.

Comment a été effectué ce partage entre Aix- en-Provence et Dakar ?

Je n'ai pas assez d'informations précises à cet égard. Dakar était le siège du Gouvernement général de l'A.O.F. et la France collectait toutes les activités des colonies, j'imagine que les archives de Guinée se trouvent en grande partie dans ces deux pays.

Vous pensez un jour faire revenir toutes ces archives chez vous ?

Oui, c'est l'objet de ma mission en France : voir dans quelle mesure nous pouvons avoir toutes les archives de Guinée à Conakry.
Il y a un problème de priorité à régler : c'est la construction d'un bâtiment neuf, ne serait-ce que pour recevoir ces archives en Guinée.

Quels problèmes immédiats avez-vous ?

Eh bien ! je pense qu'il est important pour nous de sauver d'abord ce qui existe et de trouver un local approprié pour la bonne conservation de ces archives que nous avons trouvées en mauvais état. Nous n'avons pas pu en faire la restauration, parce que nous n'avons pas d'atelier.

Votre travail consiste à collecter les archives dispersées dans les différents ministères et à les traiter ?

Pour le moment, je m'occupe de cette petite portion d'archives de 1958 à nos jours, qui se trouve aux Archives Nationales.
Après leur traitement, je les distribue dans certains ministères, pour leur faire comprendre que ces archives sont importantes.

Toutes les lettres administratives écrites de 1958 à nos jours, vous les retrouvez ?

Je vois des correspondances concernant l'administration, et aussi l'économie, l'énergie.

Oui, c'est assez considérable. Vous n'avez pas de problèmes avec les différents ministères pour obtenir que ces différents dossiers soient archivés chez vous ?

Je ne pense pas qu'on puisse avoir des problèmes et nous allons réaliser la législation des Archives de Guinée. C'est la Direction des Archives qui a fait des propositions. Nous les avons soumises aux autorités compétentes pour les juger. Je pense que ça va aboutir à un bon résultat, parce qu'une législation est absolument nécessaire. Le problème du local est à résoudre par la suite.

Quels sont vos problèmes les plus immédiats dans l'ordre d'urgence ?

Trouver un local est la première nécessité ; ensuite, former du personnel ; acquérir un budget et mettre sur pied la législation des Archives de Guinée.

Vous avez dit : « formation du personnel »; à votre avis, formation à l'extérieur, comme vous-même, ou sur place, en Guinée ?

Disons, en un premier temps, à l'extérieur de la Guinée, parce qu'il y a l'E.B.A.D. l'École des Bibliothécaires Archivistes de Dakar, et l'Université de Mulhouse en France.

Avez-vous déjà des réalisations concrètes à votre actif, depuis que vous êtes Directeur des Archives ?

En collaboration avec mes camarades, nous avons réalisé un répertoire qui regroupe 967 dossiers traités. C'est le résultat du premier Séminaire archivistique en Guinée avec le concours de la Fondation Ford. La seconde réalisation concrète, c'est que nous avons fait un grand séminaire national sur l'archivistique avec le concours du gouvernement français. Michel Maréchal, Vice-Président de l'Association des Archivistes français et Directeur des Archives Départementales de l'Allier, est venu l'animer. Les participants étaient nombreux. Ils venaient surtout des ministères, des préfectures et des sous-préfectures. C'était une sensibilisation au problème des archives, pour l'ensemble de l'Administration Guinéenne, plus qu'une formation réellement technique. Et nous avons mis sur pied la confection de deux répertoires.

Aujourd'hui, vous êtes venu en France suivre un stage, Avez-vous retrouvé des collègues africains et avez-vous pu vous faire part mutuellement de vos impresions ? Dans les autres pays africains, y a-t-il les mêmes problèmes que chez vous ?

Oui, il y en a au point de vue de la formation du personnel, ou de l'appartenance même de la Direction des Archives. Dans certains pays, la Direction des Archives appartient au ministère de l'Intérieur, dans d'autres à la Culture.

Disons que ce sont des structures différentes ; mais les problèmes de conservation, de local, ne sont-ils pas les mêmes ?

Oui.

Ça vous décourage plutôt, ou ça vous encourage de voir que les autres ont les mêmes problèmes que vous ?

Oh ! ça m'encourage …

Propos recueillis par Marie-Clotilde Jacquey

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