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Guinée. Prélude à l'indépendance.
Conférence des Commandants de Cercle. Conakry. 25-27 juillet 1957

Paris. Présence Africaine. 1958. 175 p.

Une des réalisations les plus caractéristiques du gouvernement de Sékou Touré fut, pendant l'été 1957, la suppression es chefferies traditionnelles. Décision aussi révolutionnaire en un sens que la suppression de la polygamie par M. Bourguiba. On sait le rôle essentiel, religieux, administratif et politique de la chefferie dans la société africaine. Il est vrai qu'il y a chefferie et chefferie. Et que fort habilement, M. Sékou Touré avait distingué les chefs religieux, qu'il voulait cantonner dans ce rôle et les chefs de canton dont beaucoup ne dataient que de la conquête française elle-même. Flattant les uns, digérant les autres, se débarrassant par la ruse ou la violence de tels irréductibles, il éliminait par avance tous ceux qui eussent pu peut-être s'opposer à son autorité. Lorsqu'on pense au rôle modérateur joué par les marabouts sénégalais (dans un contexte sociologique assez différent du reste), lors du Référendum, on peut être tenté de penser que c'est à ce moment-là que M. Sékou Touré a en fait réalisé l'indépendance de son pays ; et de reprocher au Gouvernement d'alors de s'être prêté à cette opération. Mais on pourrait dire aussi que l'inefficacité et l'impopularité de beaucoup de chefs de canton étaient patentes en Guinée ; et que c'est mû par un authentique souci de justice sociale et de progrès économique que M. Sékou Touré voulut les remplacer par une administration plus moderne. Et la France devait-elle livrer de douteux combats de retardement ? N'avait-elle pas intérêt à ce que le pays « marchât » mieux !

Robert Jumeaux.

Réforme. n° 713 du 15-11-58