Le 28 septembre 1958, par un vote massif, rejetant le projet de constitution instituant la Communauté, l'ancienne Guinée Française est devenue une République Indépendante.
Ce passage inattendu et, pourrait-on dire, instantané du stade de territoire semi-autonome à la souveraineté totale, a créé tout naturellement d'importants problèmes aux responsables de la Jeune République Guinéenne (les majuscules sont du ministre. Ndla). Il convient de souligner le caractère rarissime de cette accession à l'indépendance sans une goutte de sang, sans un coup de fusil, dans l'unité nationale la plus totale et dans le calme le plus absolu.
Les perturbations que l'on pouvait légitimement redouter entre la fin de la souveraineté française et la prise en mains par les autorités guinéennes des services dont le fonctionnement était jusqu'alors assuré par le personnel français (cadres de l'administration générale, personnel de commandement, magistrature, ingénieurs-techniciens, etc.) n'ont pas été observées malgré une certaine hâte des autorités françaises dans le retrait des cadres métropolitains.
Deux mois après l'accession à l'indépendance, l'ensemble des services de la République de Guinée fonctionnait normalement. Le ministère des Travaux Publics, des Transports et Télécommunications groupe l'ensemble des services techniques de la nation : Routes, Port, Chemin de fer, Postes et Télécommunications, Aviation civile.
Ce ministère a vu partir en masse les techniciens français. Leur remplacement par des cadres africains des écoles de France et aussi de l'École des Travaux Publics de Bamako s'est effectué sans difficulté.
Il est à noter que plus de cent cinquante ingénieurs et techniciens français assumaient les responsabilités dans les différents services énumérés ci-dessus. Actuellement, ils sont moins de 10 et n'assument aucune responsabilité directe.
En effet, nous avons posé comme une nécessité politique absolue l'africanisation de l'ensemble des services du ministère, c'est-à-dire que, du sommet à la base, les Africains doivent être responsables et diriger, de leur propre initiative, la totalité des services publics de la nation.
Néanmoins, nous avons prévu un bureau d'assistance technique formé d'un petit nombre d'ingénieurs qualifiés qui seront chargés des études et projets dans le cadre d'une planification et d'un développement rationnels du pays.
Nous ne perdons pas de vue la nécessité impérieuse d'une formation accélérée dans toutes les spécialités techniques de jeunes Africains, en particulier dans le domaine de la navigation aérienne, de la sécurité maritime, de l'hydraulique, etc.
La formule de l'assistance technique avec un nombre réduit de
spécialistes étrangers (français ou autres), répond au double souci de développer, dès maintenant, chez les Africains, le sens de la responsabilité, la confiance en soi, tout en évitant d'autre part avec nos collaborateurs étrangers, les incompréhensions liées à l'ancien système de l'administration directe qui ne laissait aucune initiative aux Africains réduits au rôle peu enviable de subalternes.
Nous sommes persuadés que seuls des hommes qui ont le sentiment net de leur utilité et de leur responsabilité peuvent prendre à coeur les tâches immenses qui sont les nôtres en Afrique, pays sous développé et pauvre.
La Guinée nouvelle sera ainsi un double champ d'expérience. En même temps qu'ils doivent nécessairement promouvoir le développement rapide de leur patrie, les Africains de Guinée auront à s'éduquer eux-mêmes et à se montrer à la hauteur des responsabilités qu'ils assument.
Aux Travaux Publics, nous voulons avant tout maintenir le niveau de technicité atteint dans tous les services et, très rapidement, créer avec les cadres africains les outils techniques qui nous permettront d'accélérer la mise en valeur économique de la nation. En un mot, nous avons pour objectif de liquider le sous-développement en Guinée en nous servant pour l'essentiel des forces techniques africaines éduquées au contact de la réalité guinéenne.
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Fulbright Scholar. Rockefeller Foundation Fellow. Internet Society Pioneer. Smithsonian Research Associate.