André Lewin
Ahmed Sékou Touré (1922-1984). Président de la Guinée de 1958 à 1984.
Chapitre 29 — Annexe 1
Texte de la proclamation de l'indépendance
« L'Assemblée Territoriale de la Guinée française, réunie en séance extraordinaire le 2 octobre 1958 ;
Prenant acte de la déclaration solennelle du général de Gaulle, Président du Conseil du Gouvernement de la République Française devant le pays le 25 août 1958, déclaration dont la teneur suit :
“Cette Communauté, la France la propose; personne n'est tenu d'y adhérer. On a parlé d'indépendance ; je dis ici plus encore qu'ailleurs, que l'indépendance est à la disposition de la Guinée. Elle peut la prendre le 28 septembre en disant ‘non’ à la proposition qui lui est faite, et dans ce cas, je garantis que la Métropole n'y fera pas obstacle. Elle en tirera bien sûr des conséquences, mais d'obstacle elle n'en fera pas, et votre Territoire poun·a comme ille voudra et dans les conditions qu'il voudra, suivre la route qu'il voudra”.
Considérant que le préambule de la Constitution de la République Française stipule :
“Le Peuple Français proclame solennellement son attachement aux Droits de l'Homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu'ils ont été définis par la déclaration de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946. En vertu de ces principes et de la libre détermination des peuples, la République offre aux Territoires d'Outre-mer qui manifesteraient la volonté d'y adhérer, des institutions nouvelles fondées sur l'idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité et conçues en vue de leur évolution démocratique”.
Considérant que l'article premier de ladite Constitution dispose que :
“La République et les Territoires Outre-mer qui, par un acte de libre détennination, adoptent la présente Constitution, instituent une communauté”.
Considérant qu'en conséquence, le vote négatif au Référendum du 28 septembre 1958 de la part d'un Territoire Outre-mer consacre l'Indépendance de ce Territoire vis-à-vis de la République française.
Considérant le résultat du Référendum du 28 septembre 1958 : 1.136.324 ‘non’ contre 56.941 ‘oui’.
Constate que cette majorité de voix négatives place le Territoire de la Guinée hors de la République Française en vertu d'une part, de la Constitution française, et, d'autre part, des déclarations du Président du Conseil du gouvernement de la République, le général de Gaulle.
PROCLAME SOLENNELLEMENT L'INDÉPENDANCE NATIONALE DE LA GUINÉE et l'érection de l'Assemblée territoriale présente en ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUANTE SOUVERAINE dont les membres prennent le titre de DÉPUTÉS.
DECIDE d'attribuer à ce nouvel Etat indépendant le nom de RÉPUBLIQUE DE GUINÉE.
Proclame l'adhésion de la République de Guinée aux principes inscrits dans la Charte des Nations-Unies (O.N.U.).
Invite le gouvernement de la République de Guinée à prendre toutes dispositions pour accréditer la République de Guinée auprès des autres Nations et de l'Organisation des Nations Unies.
Donne les pleins pouvoirs au Gouvernement de la République de Guinée pour administrer et gérer les intérêts nationaux, prendre toutes mesures utiles, engager et conclure
toutes négociations dans l'intérêt de la Nation.
POUR UNE AFRIQUE UNIE ET INDÉPENDANTE,
VIVE LA RÉPUBLIQUE DE GUINÉE !
Le Président de l'Assemblée Nationale Constituante
DIALLO Saifoulaye
(NB: les majuscules figurent dans le texte original)