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3ème république
Crise des 2 et 3 février 1996
Le Général Lansana Conté, Chef de l'Etat
s'explique sur les évènements des 2 et 3 février 1996 à Conakry.
1ère édition, Présidence de
la République
Conakry, 25 février 1996
Liminaire
Au moment où le Peuple et les amis de la Guinée cherchent
à comprendre la réalité des faits, il nous a semblé
opportun de publier les premières mises au point du Président
de la République sur les évènements des 2 et 3 février
1996, à travers ses appels, sa conférence de presse, ses entretiens
et son message à laNation. L'objectif étant d'armer les citoyens
contre les spéculations et les rumeurs orientées à
des fins de confusion.
Bien qu'il soit très tôt pour les quelques collaborateurs
immédiats du Chef de l'Etat, qui ont été des témoins
oculaires des faits, d'en révéler tous les détails,
nous pouvons d'ores et déjà affirmer :
- qu'il n'y a jamais eu de négociation au cours des entretiens
que le Général Lansana Conté avait bien voulu accorder
aux délégués des mutins;
- que les seules revendications qui furent présentées par
le Lieutenant Mory Kébé de l'artillerie, dans la matinée
du 2 février 1996 au Président de la République, ne
mentionnaient ni le terme de « non poursuite » des mutins,
ni d'&laqno; amnistie », encore moins ceux d'« unpunité
» ou de « pardon pour les so ldats mutins »;
- que l'entretien accordé à la délégation
des putschistes dirigée par le Sous-Iieutenant Mohamed Lamine Diarra,
du BATA, ne porta ni sur les revendications soumises à la haute
appréciation du Chef de l'Etat, ni sur de nouvelles revendications
; ce délégué, très agressif, plus vindicatif
et plus déterminé n'avait qu'une mission : &laqno; partir
avec le Président de la République au Camp Alpha Yaya où
l'attendent des officiers » ; ayant essuyé un refus catégorique
et responsable, il se retirera, avec ses hommes en grommelant... Vers 19
heures, le Palais des congrès est bombardé par un B10 installé
au niveau du Ministère des Finances.
Par contre, les seuls engagements que le Chef de l'Etat avait pris au
cours de ces deux rencontres et qu'il confirma au Camp Alpha Yaya, où
il n'avait pas pu se faire entendre de tous, et au Camp Almamy Samory concernaient:
- sa visite promise et programmée au Camp Alpha Yaya Diallo;
- l'amélioration des conditions d'existence des soldats. Le processus
était déjà avancé quand survinrent les événements;
- la mise à l'écart de des autres points en vue de leur
application appropriée; &laqno; tout est faisable », affirma-t-il
le 4 février 1996;
- sa volonté de faire toute la lumière sur les évenements
des 2 et 3 février 1996, à travers les institudons légales
et conformément à nos lois.
Ainsi, ni les mutins, ni les putschistes, - étant sûrs d'atteindre
leurs objectifs -, n'ont envisagé la situation que nous vivons. Et
ce n'est qu'à partir du lundi 5 février que la spéculation
sur les concepts « impunité », « amnistie »,
&laqno; pardon », « non poursuite » a commencé,
pour des besoins inavoués...
En fait, pour les vrais démocrates, le problème se pose
autrement.
- Ceux qui ont proclamé à la radio, le 2 février
1996, &laqno; la suspension de la Constitution, la dissolution de l'Assemblée
Nationale et du Gouvemement, etc. » savaient qu'ils s'attaquaient
aux institutions républicaines et à leur fondement juridique.
- Ceux qui ont bombardé le Palais des Nations savaient que cet
édifice abritait la Présidence de la République et
que le Président de la République, démocratiquement
élu après une confrontation multipartite, s'y trouvait.
- Ceux qui ont lancé l'obus sur la ville de Conakry savaient qu'ils
auraient atteint un quartier, une concession, des familles et même
l'AP.T. (dépôt national des carburants, à environ 500
mètres de la concession de Momo Soumah dit Morly atteinte par l'obus),
avec des conséquences prévisibles (des morts, des blessés,
des dégâts matériels importants et même la destruction
de la capitale).
- Enfin, ceux qui ont pillé, saccagé des biens publics
et privés, tué et blessé d'innocentes victimes, l'ont
fait sciemment.
A nos yeux, aucune cause ne justifie et ne peut justifier de tels actes.
Alors recherchons et remettons plutôt les coupables ou les présumés
coupables de ces délits, politique et civil, aux institutions judiciaires;
et, pendant que la procédure se poursuit en vue d'un procès
transparent et équitable, souhaité par le Président
de la République, attelons-nous à des tâches essentielles
: remettre les Guinéens au travail, rassurer nos partenaires au développement
en entretenant un climat plus propice à l'investissement, consolider
et diversifier la coopération bilatérale et multilatérale.
Il y va de la réalisation de nos projets économiques vitaux
et de la solution à nos différents défis sociaux.
Tant pis pour ceux qui voulaient profiter des douloureux évènements
pour s'imposer à l'opinion nationale et internationale, se tailler
une personnalité politique, alors qu'ils s'étaient tus au
moment où se déroulaient les graves évènements
des 2 ef 3 février 1996 et où le Peuple avait besoin d'entendre
leur voix. Le Guinéen n'est plus dupe. Il ne pardonne surtout jamais
aux ingrats.
Conakry le 25 février 1996
Sidiki Kobélé Keita
Chef de Cabinet Civil du Président de la République