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Ethnographie


Jacques Germain
Administrateur en chef des Affaires d'Outre-Mer (ER)
Guinée. Peuples de la Forêt

Académie des Sciences d'Outre-Mer. Paris. 1984. 380 p.


Chapitre II
L'HOMME


Lorsqu'en tournée, au soir d'une étape, préférant au tam-tam et danses « folkloriques » sur commande, une veillée à la lueur du feu avec les notables, autour d'une gourde de vin de palme, les propos s'échangeaient sur l'histoire du pays, l'origine des Kpellé ou des Manon, nous aurions pu croire, d'après les récits, que la Forêt de Nzérékoré n'abritait l'homme que depuis deux siècles au plus.

Leur mémoire n'avait enregistré que des souvenirs somme toute récents, relatifs à la dernière migration, celle qui, venant des savanes de Missadougou dans la région de Beyla, amena Zoho Missa Koma et ses compagnons dans la Forêt du Sud. Trouvèrent-ils celle-ci vide ?

Il existait bien une autre série de récits aussi bien chez les Kpellé que chez les Manon qui avaient trait à la descente d'ancêtres sur telle ou telle montagne (étaient-ils considérés comme des êtres supraterrestres ?) s'alliant à des femmes autochtones, ce qui présupposait donc un peuplement antérieur à la venue de ces migrateurs, envahisseurs ou conquérants.

Mais avant ceux-ci ou entre cette arrivée et la migration venant du Nord, rien. Que de maillons manquent à la chaîne !

Peut-on connaître avec plus de précision d'où viennent les différents Peuples de la Forêt de Haute-Guinée et des régions limitrophes ? Posée ainsi, la question reste équivoque : en effet, se demander où étaient auparavant Kpellé, Kono, Manon, Toma, Kissi, Lelé, Dan, etc. signifie qu'on les considère comme des entités avant existé, en tant que telles sinon depuis des temps immémoriaux du moins depuis une époque reculée, alors qu'en fait les populations que nous étudiions en 1946-1947 n'étaient que la résultante d'un brassage de peuples soit sur l'habitat actuel, soit dans d'autres régions d'où une migration les aurait amenés dans la région forestière refoulant d'autres peuples en partie, se mélangeant avec eux en partie également.

On doit donc parler de Peuples et non de races. Dans son livre les Races de l'Afrique 15, le Professeur Seligman donne de la race, la définition suivante : « Une race est un groupe de populations qui ont en commun certains caractères physiques bien marqués. Par convention on appelle race pure, une race pour laquelle nous n'avons pas de raisons de penser qu'elle est formée à partir de plus d'une source à une époque relativement récente ».

A condition de s'ente ndre sur l'expression « relativement récente », cette notion ne s'applique absolument pas aux Peuples de la Région forestière de Haute-Guinée et tout effort de classification s'avère ardu.

Le Gouverneur Delafosse dans son « Haut-Sénégal-Niger » 16, a parfaitement défini les différentes méthodes d'approche pour l'étude et la classification des populations d'Afrique Occidentale et aussi mis en lumière leurs limites : que ce soit la méthode anthropologique qui repose sur « l'étude comparative des caractères physiques des individus et sur les mensurations des vivants et des squelettes » et dont l'insuffisance provient de l'hétérogénéité de la population à la suite des migrations et métissages ; que ce soit la méthode généalogique « s'appuyant sur les origines et l'ascendance des familles actuelles » dont l'insuffisance provient de la tendance des familles notables à s'attribuer une origine qui les anoblisse ; que ce soit la méthode ethnographique « basée sur les analogies et les différences des civilisations matérielles et sociales » et dont l'insuffisance provient des adoptions et assimilations, le peuple conquis ou le peuple conquérant adoptant les coutumes, les croyances de l'autre ; que ce soit enfin la méthode linguistique « qui a un avantage incontestable, celui d'être basée sur des données actuellement exactes, faciles à contrôler et ne laissant une fois établies place à aucune discussion » mais qui pour les mêmes raisons que les précédentes ne peut donner entière satisfaction car des peuples ont pu abandonner leur langage pour celle de leur vainqueur ou de leur vaincu ou plus simplement de leur voisin.

Aucune méthode à elle seule n'est suffisante et si toutes doivent être simultanément utilisées, elles ne peuvent aboutir à une classification unique satisfaisante : seule la culture est relativement homogène, dépendant avant tout des conditions du milieu, l'histoire est encore à démêler et son étude apportera sans doute pendant longtemps encore, et peut-être toujours, plus de questions que de réponses.

Un fait est probable, c'est que le peuplement de la région forestière de Haute-Guinée est beaucoup plus ancien que les traditions locales ne le laisseraient supposer, du moins en ce qui concerne sa lisière nord. Peut-on parler de Préhistoire à ce sujet ?

Ce que R. et M. Cornevin écrivent de l'Afrique en général ne s'applique guère à notre région. Ce qui est vrai du Sahara, du Sahel et même du Soudan ne l'est pas de la Haute-Guinée forestière. Ce n'est pas « un terrain d'études rêvé pour le préhistorien » et le sol n'est pas « littéralement jonché d'outils préhistoriques en pierre attestant une occupation humaine prolongée » 17.

Ce n'est pas qu'il y ait absence totale de documents archéologiques mais ainsi que le dit R. Mauny 18, nos connaissances en ce domaine sont faibles et fragmentaires, ce qui n'a rien d'étonnant car « la recherche est rendue malaisée par la densité de la végétation » et devons-nous ajouter par les conditions de conservation des vestiges tout-à-fait défavorables : l'humidité constante, l'ombre, le travail des micro-organismes sont autant de facteurs qui annulent la possibilité de trouver d'autres témoins que des objets en pierre.

Ces vestiges existent à la lisière, mais ont également été découverts dans la forêt elle-même.

Jusqu'en 1961 vingt-huit restes osseux humains préhistoriques avaient été découverts dans l'Ouest Africain. R. Mauny en a donné la liste dans une note parue dans le bulletin de l'IFAN 19. Tous les sites à l'exception de ceux de Kourounkorokalé et de Segoukoro au Sud, et d'Aîn-el-Guettara au Nord, se trouvent dans une bande étroite comprise entre les 15° et 20° de latitude Nord. Au Sud de cette bande les conditions ne paraissent pas favorables à la conservation des squelettes (sauf les deux exceptions ci-dessus) et ceci est encore plus vrai pour la région forestière.

Les seuls vestiges archéologiques sont donc des mégalithes, des objets en pierre (parfois en bois dur) et des tessons de poterie.

On connaissait déjà l'aire des mégalithes sénégambiens. On sait maintenant à la suite de certaines découvertes et certaines études, que cette aire s'étend bien plus à l'Est avec certes une moins grande densité tout au moins dans l'état actuel des découvertes.

Le géologue A. Chermette a consacré un article à un monument mégalithique, le monolithe de Sanana, mis à jour en 1948 lors de la construction d'une piste reliant Kankan à un chantier de prospection minière 20. A la suite de cette découverte, M. Houis se rendait sur les lieux et avait la chance d'en découvrir deux autres 21.

Le premier avait l'aspect « d'un obus de gros calibre avec renflement au tiers inférieur » en latérite taillée assez grossièrement ou « d'un pain de sucre bombé latéralement de façon dissymétrique ». Il mesure à peu près deux mètres de hauteur et son diamètre, à sa partie la plus large, est de 0,70 m.

Les deux autres, situés à trois cents mètres du premier, et à deux cent cinquante mètres l'un de l'autre, étaient couchés et à demi-enfoncés dans le sol : leurs dimensions étaient respectivement de 1,73 m sur 0,26 m et 1,45 m sur 0,49 m et leur aspect général analogue à celui du monolithe d'A. Chermette.

Bien qu'appelés Mokhoninkaba, c'est-à-dire les pierres des petits hommes elles étaient considérées également comme le produit de la transformation d'hommes en pierre pour échapper aux troupes de Samory ! Il ne semblerait pas qu'un culte leur fût rendu ni que les habitants de Sanana éprouvassent une crainte quelconque à leur égard.

Notons cependant que d'après M. Houis il les découvrit « malgré de nombreuses restrictions de la part des vieux ».

Au Sud de Kissidougou, à 20 km environ de ce chef-lieu de cercle, au col de Oualto lors de la construction de la route, on découvrit une pierre à cupules d'un mètre de haut. Ce mégalithe a été transporté au Centre de l'Institut Français d'Afrique Noire à Conakry. R. Mauny pense que ces cupules sont peut-être artificielles et que la pierre porte en outre des incisions plus récentes mais aucune signification n'avait été donnée aux unes et aux autres 23.

A Sinko, dans la région de Beyla, ont été découvertes des boules de pierre associées aux vestiges d'une civilisation d'agriculteurs.

R. Schnell 24 rapproche cette découverte du fait, signalé par R. Mauny en Angola, de l'emploi de boules de pierre pour la préparation par percussion de meules dormantes. A Sinko, écrit R. Schnell « le sol sur un vaste espace est parsemé de meules dormantes et creusé de cavités paraissant être d'anciens silos. Plusieurs sphères de pierre de la taille d'une grosse orange ont été recueillies au même endroit ».

Dans la même région mais entre Beyla et Gouécké, à Baya donc entre les Konianké et les Kpellé et sur l'habitat primitif de ces derniers, R. Mauny note :

« un monument qui semble peu commun est le cercle de pierres dressées délimitant une aire complètement pavée qui sert de lieu de réunions et de palabres. On ne connaît pas son âge » 25.

Des « monuments » de la même espèce sont signalés par D. Paulme dans les villages Kissi 26 où, sur la place centrale marquée par des blocs de pierre, des grandes plaques de granit sont dressées, évoquant le souvenir d'un ancêtre.

En pays Kpellé, essentiellement dans la région proche du Diani donc à la limite du pays Toma, nous avons pu faire la même observation mais il s'agit alors purement et simplement d'un cimetière : les plus grands notables sont enterrés sous une dalle horizontale de schiste ou de granit à la tête de laquelle est dressée une autre dalle. Ces tombes sont disposées en cercle et les vieux du village s'y réunissent : ils font une libation de quelques gouttes de vin de palme sur les dalles avant de boire.

Il est vrai que D. Paulme, dans le même ouvrage, signale dans le Sud et l'Est du pays Kissi (là où l'influence mandé est la moins forte), la coutume de ficher une grande pierre verticale à la tête de la tombe au lieu du pieu et de l'auge à offrande que l'on trouve ailleurs. Les plus hautes de ces pierres sont entourées d'une bande de coton. Les Kissi également en font un lieu de réunion 27.

On est donc en présence de monuments qui peuvent être aussi bien contemporains que préhistoriques.

R. Mauny cite enfin les découvertes du Docteur Cariou en pays Kouranko de la Subdivision de Faranah 28 : il s'agit de blocs d'un rayon variant entre trente et soixante centimètres avec un rebord élargi. Un de ces blocs était non pas hémisphérique mais cylindrique. La face plane était dirigée vers le haut, la partie convexe partiellement enterrée.

Les habitants du lieu nommaient ces pierres « la pierre qui vient du ciel » (Gyira Kuru) et leur faisaient des sacrifices.

D'autres découvertes concernent des objets de petite dimension « L'exploitation des alluvions des régions diamantifères de la Haute-Guinée vers Beyla donna à E. Lütten un matériel allant du paléolithique à l'époque subactuelle et dont certains éléments trouvés profondément dans les graviers peuvent être d'âge médiéval : fragments de poteries, massues de bois dur » 29.

Tous ces sites intéressent la région limitrophe de la grande forêt, du pays Kouranko à l'Ouest au Konian à l'Est mais l'occupation humaine ancienne ne semble pas s'être arrêtée à la lisière Nord de la forêt qui au surplus a varié dans le temps.

En effet, en pays Guéré de Côte-d'Ivoire et plus spécialement dans la région de Guiglo, R. Viard a trouvé en grande abondance des instruments en pierre polie 30 : hachettes, grattoirs qu'il considère de dimension et de facture identique à ceux trouvés dans la boucle du Niger.

Sur certains affleurements rocheux, R. Viard signale des cuvettes rondes, creusées de main d'homme à son avis, et qu'il suppose être des polissoirs fixes (à Kambli, village situé à huit kilomètres au Sud de Toulepleu par exemple).

R. Schnell fait la même observation sur la montagne Ditrou près du village Tinhou dans la Subdivision de Toulepleu également. Un abri sous roche est précédé d'une terrasse avec « une cavité allongée paraissant être un polissoir fixe creusé dans la masse du rocher ».

On a d'ailleurs déterré une pierre polie brisée dans la caverne elle-même, qui serait un fragment de hache néolithique 31. Elle pourrait aussi avoir servi plus tard à l'aiguisage des couteaux.

De la terrasse en corniche part un passage pour accéder au plateau du sommet: ce sont des pierres plates empilées régulièrement formant les murs d'un boyau carré de 1,50 m de section. Ce chemin fait de main d'homme débouchant sur le sommet approximativement plat est parsemé « d'énormes blocs granitiques arrondis, entassés et formant abris sous-roches nombreux et parfois spacieux. L'un de ces abris a la forme d'une allée couverte formée de blocs énormes, haute d'un mètre environ et large d'un mètre, toute droite et assez régulière de forme ».

R. Schnell a exploré d'autres montagnes : Montagne Debé, voisine du village Guéré de Dozebli, Montagnes Kébai et Béa près de Diboké.

Aucune trace de squelette, seulement des tessons de poterie d'argile à Ditrou et Kebai et un bracelet en fer à Ditrou.

Ces vestiges n'ont pu être datés. Certaines poteries cependant présentent une cassure nette et un aspect récent (Ditrou). Ailleurs, (Kebai) elles sont plus corrodées. Bien que ces poteries semblent différentes de celles utilisées par les Guéré actuels et leurs voisins, leur origine ne semble pas très ancienne. Nous reviendrons sur cette question au chapitre suivant.

Le site le plus important qui ait été étudié scientifiquement en Région forestière est la grotte de Blandé. Celle-ci est située en pays Kono dans le cercle de Nzérékoré.

C'est en 1949 que J.L. Tournier, chef du centre de l'IFAN en Côte-d'Ivoire et chargé de la Base IFAN du Nimba, la signale. B. Holas en effectue la reconnaissance et entreprend des fouilles préliminaires dont le résultat fera l'objet de deux articles dans le Bulletin de l'IFAN 32. Des nouvelles fouilles donnent lieu à un article de synthèse de R. Mauny et B. Holas en 1953 33.

Cette grotte ou abri sous roche est située près de la route internationale Nzérékoré-Danané (Guinée-Côte-d'Ivoire) plus exactement près de Nzo à mi-chemin entre la Base IFAN et le village de Kooulenta. A cet endroit règne la savane et non pas la forêt. Dans un bosquet un marigot prend sa source, le Blan, qui s'enfonce profondément dans le sol et est ainsi caché par la végétation. D'où l'hypothèse de B. Holas sur l'étymologie : Blan signifierait : cours d'eau sans rives et dé : tomber. En effet, le Blan fait une chute de huit mètres environ et cette cascade porte le nom de Blandé. C'est à son pied que s'ouvre la grotte qui est d'ailleurs plutôt un abri sous roche de vingt mètres de façade sur dix de profondeur.

Plus de deux mille fragments de poterie et de cent pièces lithiques ont été découverts et analysés.

L'ancienneté de la grotte ne semble pas très grande. Les agents climatiques autant que géologiques ont contribué à sa formation et l'action érosive du Blan explique la désagrégation du terrain. Il y a en effet un double effet d'alluvionnement et d'érosion, les formations provenant de l'alluvionnement et celles provenant d'effondrements (éboulis) étant séparées par une crête qui s'est révélée la plus riche en vestiges.

Cette action des agents physiques a amené un remaniement des terrains de telle sorte que devant la coexistence d'objets lithiques et de tessons de poterie, d'une technique et d'un style différents, on peut se demander si ce sont des techniques qui coexistaient à une certaine époque ou bien si primitivement ces différents vestiges se trouvaient dans des couches géologiques bien distinctes et qu'ils auraient été mélangés par l'effet des phénomènes naturels bouleversant l'ordre des couches.

Le géologue Lamotte a analysé les matériaux dont sont faits les objets lithiques. Il s'agit d'une « dolérite typique à grain très fin riche en magnétite, la texture microgrenue a donné une grande résistance à l'altération, la richesse en magnétite une forte densité et une grande dureté ».

Or la dolérite n'est pas en place dans la grotte et ses environs qui présentent une carapace latéritique recouvrant une formation de gneiss plus ou moins amphibolitiques. Près de Nzo existe une verrue doléritique qui a dû fournir la matière première.

Cependant, B. Holas dans sa note complémentaire de 1952, signalait des outils faits d'une roche cristalline, amphibolite silicifiée ou quartzite amphibolique, roches existant dans la bordure métamorphique du Nimba.

Parmi les pièces lithiques, il a été noté une vingtaine de pics ou haches, herminettes, ciseaux, d'une longueur allant de 125 à 195 mm et d'une largeur de 35 à 60 mm (les côtés sont tranchants et parfois ondulés) une quinzaine de tranchets ou tout au moins classés comme tels sans certitude, des pointes, des bifaces : l'un trouvé lors des premières fouilles est de forme amygdaloïde, grossièrement taillé. Sa lame n'est polie que d'un côté, il a été trouvé à un mètre et demi de profondeur. L'autre, découvert lors des fouilles postérieures, mesure 125 mm sur 88 mm et a une épaisseur de 65 mm. Ses arêtes sont vives et il ne présente pas de patine qui puisse faire penser à une ancienneté plus grande que celle des objets précédents.

Les hachettes polies sont au nombre de quatre. Elles sont de petite taille (40 mm environ) ; leur tranchant ne semble pas avoir servi et B. Holas en déduit qu'il s'agirait plus d'un objet rituel que d'un outil utilitaire, bien que les Kono actuels ne semblent pas connaître les pierres de foudre. R. Viard signale dans son ouvrage, « les Guéré, peuple de la forêt » que ceux-ci utilisent comme talisman contre l'orage des hachettes polies qu'ils trouvent dans le sol où ils croient que la foudre les a déposés (p. 12).

Il faudrait donc supposer que les hommes qui les ont fabriquées, bien que leur donnant la forme d'une hachette, leur auraient donné une valeur votive quoique connaissant leur origine, et que leurs successeurs leur auraient donné à la fois une origine et un usage magiques. Ces haches microlithiques servent également à aiguiser les instruments de scarification lors de l'Initiation au Polon 34.

En outre, il existe de nombreuses pièces indéterminées et des déchets de fabrication (B. Holas en a recensé trois cents sur quatre mètres carrés).

Les poteries révèlent des techniques de fabrication plus ou moins avancées et posent des problèmes de datation. Aucune poterie n'a été trouvée entière, il s'agit de fragments dont on déduit qu'il s'agissait de récipients à fond sphérique bien qu'il n'ait pas été possible de reconstituer une pièce complète. B. Holas conclue à une analogie avec les « canaris » des habitants actuels.

Sur certaines pièces, la technique semble rudimentaire : la pâte est simplement séchée sans aucune cuisson. Certains tessons ont une épaisseur remarquable sans que la dimension de la pièce entière déduite de la courbure du fragment, en soit plus importante.

En surface ou dans la couche supérieure, on trouve par contre des fragments minces à cassure sombre.

Les dessins ornementaux d'une grande variété sur les fragments les plus anciens sont gravés, ceux sur les fragments les plus récents sont cordés. Bien que certains motifs soient proches des motifs traditionnels utilisés par les potières des villages de Gogota et Ouyakoré dans la région de Lola aujourd'hui, B. Holas n'en déduit pas une parenté proche avec les productions Kono par suite du caractère universel de certaines ornementations classiques en poterie.

Que ce soit dans le domaine de l'industrie lithique ou dans celui de la poterie, on peut donc distinguer deux groupes : celui des pierres taillées montrant une technique rudimentaire peu adaptée au matériau travaillé et celui de l'outillage lithique poli.

Si le premier se prête à la technique d'éclatement par percussion, il ne permet pas un fini très poussé. Les retouches grossières de la surface et le nombre extrême de pièces avortées sont pour B. Holas une preuve d'archaïsme.

Les poteries séchées, faites d'une argile rouge brique à la texture grossière, aux parois épaisses, sont-elles d'une époque plus récente bien que très antérieure à la strate culturelle actuelle ?

L'outillage lithique poli est-il de la même époque que ces poteries ?

Les tessons plus fins, à la cassure gris sombre trouvés près de la surface, correspondent-ils simplement à un habitat de réfugiés récents dans la grotte appartenant aux groupes en place à l'époque contemporaine ?

Il y a donc, ou bien coexistence de ces trois techniques à une époque où la métallurgie n'avait pas pénétré en forêt, bien que pouvant exister en d'autres régions, ou bien succession dans le temps mais mélange dans le site sous l'effet des remaniements dus aux agents physiques.

Par analogie avec d'autres sites préhistoriques africains, encore que nous devrions nous méfier de ce qualificatif appliqué à une région où préhistoire et histoire peuvent coexister, on peut suivre R. Mauny dans l'appellation de «Néolithique Guinéen » dont la caractéristique serait de présenter des outillages aux différents stades du perfectionnement technique 35.

La rareté des objets lithiques polis par rapport au très grand nombre des pics et autres objets grossièrement taillés, a amené un rapprochement avec les gisements du Cap Manuel à Dakar et de Bamako.

Ce Néolithique Guinéen constitue une appellation que R. Mauny substitue à celle de Toumbien et caractérise de la façon suivante : « c'est une industrie caractérisée par l'association d'un outillage biface grossier (haches, pics, houes, etc. poli ou non, souvent de dolérite ou autres roches volcaniques), avec des microlithes. Ses affinités semblent plutôt le rattacher à l'Afrique Centrale tropicale qu'au monde saharien et maghrébien, sauf en ce qui concerne les microlithes.

A Blandé, les éléments grossiers sont seuls présents, les microlithes n'étaient représentés que par des fragments de quartz : la difficulté de travailler cette roche constitue la raison pour laquelle elle a été utilisée en simples éclats compacts sans avoir été réellement travaillée.

« Que nous ayons affaire à Blandé à du Néolithique malgré le caractère archaïque de certaines pièces, nous ne pouvons en douter : la présence en profondeur de trois hachettes polies, de la hache à lame polie et des poteries le confirme 36 ».

Les découvertes de Blandé seront-elles suivies d'autres en région forestière de Haute-Guinée permettant d'augmenter et de préciser nos connaissances sur la préhistoire ou la protohistoire de ce pays ?

Le couvert forestier épais rend difficile la prospection et les grottes ne semblent pas nombreuses.

Si quelques vestiges classés au Néolithique Guinéen éclairent quelque peu le problème de l'occupation antérieure de la région, l'absence de vestiges paléolithiques semble bien être totale (et explicable) d'après R. Schnell 37.

« l'installation de la forêt actuelle sous un climat humide succédant à la phase du durcissement de la carapace, se serait accompagnée d'une disparition souvent totale de l'ancien niveau d'érosion à carapace, c'est-à-dire d'un rajeunissement du sol grâce au régime humide, permettant une érosion régressive intense ».

R. Schnell met en parallèle les phases climatiques du Nimba avec les grandes divisions du quaternaire telles qu'elles ont été observées dans d'autres régions de l'Afrique. D'après son essai de synchronisation qu'il qualifie lui-même d'hypothétique en l'absence de vestiges, on peut dresser le tableau suivant :

Troisième phase du Nimba Seconde partie : léger dessèchement
<—>
Dessèchement récent en Egypte VIe au ler Millénaire av. J.-C.
Troisième phase du Nimba Première partie : climat humide
<—>
Période humide du Néolithique Saharien et Est Africain
Deuxième phase du Nimba durcissement de la carapace Paléolithique Moyen ?
<—>
Durcissement des carapaces de Guinée où l'on trouve des objets du Paléolithique inférieur.
Première phase du Nimba régime humide avec torrents importants
<—>
Epoque humide du Paléolithique inférieur (Kamasien, premier pluvial de Leakey)

« Cette synchronisation, écrit R. Schnell, repose entre autres sur la contemporanéité des carapaces des vallées et des plateaux inférieurs avec les carapaces du Fouta-Djallon, englobant des vestiges du Paléolithique inférieur. Elle s'accorde avec les caractères du modelé qui ne semblent pas assigner à ces carapaces une ancienneté plus grande ».

Cet essai de synchronisation amène à penser avec R. Mauny et B. Holas que le gisement de Blandé coïnciderait approximativement avec la fin de la troisième phase du Nimba, c'est-à-dire celle du dessèchement du Sahara qui a entraîné l'émigration des néolithiques sahariens vers les zones soudanaises et par contrecoup celle des paléonigritiques du Soudan vers la zone guinéenne et le peuplement, peu dense probablement, de la région forestière qui connaissait alors corrélativement un léger dessèchement

Cependant, ainsi que l'observent R. et M. Cornevin, la Préhistoire se continue pour beaucoup de peuples dans une période historique pour nous : ils mettent en parallèle les masques et tatouages des Senoufo avec les peintures prébovidiennes du Tassili des Ajer, les pasteurs bovidiens du Sahara humide avec les Peuls actuels et ajoutent :

« Si ces survivances éclairent ainsi considérablement la période postgamblienne, elles contribuent également à embrouiller terriblement une chronologie qui ne peut être basée comme en Europe sur des critères archéologiques.
Comment dater le Néolithique d'Afrique Occidentale puisque certaines populations réfugiées dans les zones montagneuses utilisent encore de nos jours un outillage de pierres, puisque les haches en pierre plus considérées comme « pierres de tonnerre » porte-bonheur se vendent encore sur les marchés du Soudan » 38.

Dans notre région, les habitants n'en sont plus à l'âge de pierre, mais nous l'avons vu, tant en pays Guéré que Kono, les abris sous roche ont pu servir aux populations actuelles ou à leurs prédécesseurs comme refuge : les fragments de poterie fine en couche superficielle, à Blandé, le bracelet de fer à Ditrou, sont là pour l'attester.

« La grotte jusqu'à ce jour continue à servir de lieu de consécration des devins. Ceux-ci après un isolement de un à deux jours à Blandé, sont censés y puiser non seulement leurs connaissances mais encore y trouver l'équipement nécessaire à l'exercice de leur profession » 39.

Faut-il voir une communion avec les premiers habitants ? On peut le croire puisque par ailleurs, selon les Kono, les âmes des morts ont une prédilection pour les eaux de la cascade et le fond de la cuvette de réception est considéré comme la porte du séjour des morts.

Nous avons laissé à part ces vestiges que constituent les statuettes de stéatite que l'on trouve en pays Kissi et en pays mendi et qui portent le nom de pòmta (pluriel de pòmdo, de pòm : mort). En effet, ces statuettes que l'on trouve dans le sol et qui sont souvent déterrées à l'occasion de défrichement deviennent le siège d'un ancêtre qui le fait savoir en rêve à ses descendants. Ceux-ci rendront désormais un culte à l'ancêtre en la personne de la statuette.

Ces statuettes ont été étudiées depuis très longtemps. Alldridge les signala le premier, Rutimeyer les étudia en 1901 et conclut à une origine hamitique « égyptienne », tandis que le Docteur Neel conclut, lui, à une origine sémitique (phénicienne). Entre eux, Joyce y voit l'oeuvre de noirs (1903).

L'Administrateur Humblot, cité par Delafosse en 1914, prétend que les Kissi continuent à sculpter en secret, et l'Administrateur G. Itier croit lui aussi à une survivance secrète de cet art.

La question semble oubliée jusqu'aux études que D. Paulme et Y. Person consacrent au Kissi. Alors que pour la première, ces statuettes ne sont l'œuvre ni des habitants actuels ni de leurs ancêtres immédiats, pour le second, s'il convient que les Kissi contemporains ne les sculptent plus, il attribue cet art aux ancêtres des Kissi eux-mêmes et pense qu'il a survécu jusqu'à une date relativement récente. Nous reprendrons à propos du peuplement Kissi et de l'histoire de l'ouest de la région forestière, l'étude très fournie et très documentée de Y. Person 40.

Notons seulement dans le cadre de ce chapitre que l'origine égyptienne qu'attribuait Rutimeyer n'était que la conséquence d'un état d'esprit où l'on ne pensait pas que les noirs fussent capables de créer de véritables œuvres d'art et l'on attribuait à une influence étrangère tout ce qui semblait avoir quelque caractère remarquable.

Quant à l'origine orientale-phénicienne, elle était tributaire de l'authenticité des navigations carthaginoises sur la côte occidentale d'Afrique, or celles-ci, après avoir été mises en doute, sont considérées aujourd'hui comme purement légendaires au-delà du Maroc, le périple d'Hannon en particulier.

Cette opinion était celle du Docteur H. Neel qui se fondait sur l'examen d'une pièce Sherbro représentant un personnage coiffé d'un turban, un autre portant au bras gauche un bouclier rond, enfin sur le caractère phallique de beaucoup de statues, ce qui l'inclinait à faire un rapprochement avec les cultes de fécondité de l'Orient.

Chacun de ces arguments est contrebattu par Y. Person. Les cultes phalliques sont universels et nullement étrangers à l'Afrique Noire, au Dahomey en particulier.

Les boucliers ronds, il faut le reconnaître, ont une origine asiatique, mais le Docteur Montandon, qui a étudié leur aire d'extension, y englobe le continent africain. Y. Person reconnaît qu'il n'en existe pas de trace dans la zone Sierra-Leone-Libéria-Guinée, mais il le rattache aux armures portugaises du XVe siècle que D. Paulme avait identifiées sur d'autres pièces.

Enfin le turban était attribué par H. Neel à l'influence orientale en prétendant que les Noirs ne connaissaient pas le tissage. Or au Soudan, les populations connaissaient le tissage dès le Moyen-Age selon Ch. Monteil et R. Mauny s'appuyant sur un texte de El Bekri. Certes dans notre Région, le tissage n'avait peut-être pas encore pénétré (on sait que les vêtements étaient faits de pagnes en écorce d'arbre battue) mais ce turban peut n'être qu'un bonnet en cuir comme il en existait.

Ni égyptienne, ni phénicienne, la statuaire de la région forestière doit être attribuée aux Noirs et peut-être aux ancêtres des Kissi ou à leurs prédécesseurs selon que l'on suit Y. Person en totalité ou en partie, mais à une époque qui ne peut être réellement qualifiée de préhistorique.

En effet, la stéatite demande, pour être sculptée, un outillage en fer or la métallurgie n'a pas été introduite en Afrique Occidentale, surtout à cette latitude, avant le Ve siècle ap. J.-C. De plus, certaines statues sont munies d'anneaux métalliques.

Enfin, les armures portugaises reconnues par D. Paulme sur certaines pièces, en font des objets de l'ère tout-à-fait historique, même si celle-ci n'est pas connue avec autant de précision qu'en Europe.

Si donc le peuplement de la périphérie de la région forestière et même de la Forêt, et singulièrement de ses montagnes, est un fait accepté dès le néolithique guinéen, sans que l'on puisse absolument repousser l'idée d'un peuplement paléolithique, motif pris de ce qu'aucune trace n'en est décelable (mais R. Schnell avance des hypothèses vraisemblables pour l'expliquer), la question se pose de savoir quels étaient ces hommes des temps reculés et en particulier si l'hypothèse d'un peuplement négrille ou pygmée peut être admise, en forêt tropicale humide de la zone guinéenne comme il existe encore aujourd'hui en forêt équatoriale d'Afrique Centrale et Orientale, du Cameroun aux grands lacs.

Le problème n'est pas simple et deux questions se posent, d'ailleurs liées ensemble:

  1. Les pygmées ou négrilles constituent-ils une race à part ou le produit de l'adaptation de rameaux de la race noire aux conditions de vie en forêt ?
  2. Le Nord de l'Afrique Occidentale, c'est-à-dire le Soudan, a-t-il connu un peuplement négrille dans les temps préhistoriques ou antiques ?

Si à la première, il est répondu, comme l'ont fait d'éminents chercheurs, que les pygmées ne sont que des tribus paléonégritiques ou bantou avant subi une adaptation à leur habitat de refuge et non une race résiduelle, la seconde question ne se pose pas

Et pourtant les légendes sont nombreuses au sujet de la présence de pygmées en Afrique Occidentale.

Hérodote 41 nous dit qu'Etéarque, roi des Ammoniens, avait raconté à des gens de Cyrène venus consulter l'oracle d'Ammon, que des Nasamons, peuples de Libye, et plus précisément de la Syrte, avaient envoyé cinq fils de notables explorer le désert de Libye le plus loin possible au Sud. Quittant les régions habitées, ils traversent la zone au Nord du Sahara, peuplée de bêtes fauves puis un vaste espace sablonneux.

« Après bien des jours de marche, ils aperçurent dans la plaine des arbres venus naturellement, ils y coururent et se mirent à en cueillir les fruits ; pendant qu'ils les cueillaient, de petits hommes de taille au-dessous de la moyenne, survinrent, les saisirent et les emmenèrent. Nul des Nasamons n'entendait leur langue et nul d'entre eux celle des Nasamons. On conduisit ces derniers à travers de vastes marais et finalement ils arrivèrent à une ville où tout le monde était de la nième taille que ceux qui les avaient pris : tous étaient noirs. Auprès de la ville coulait un grand fleuve : il venait de l'occident et courait à l'orient, et l'on y voyait des crocodiles ».

Bien entendu, en lisant ce récit, on pense au Niger et au Nord du Soudan.

A l'opposé, des récits égyptiens nous font connaître que les Pharaons envoyaient des expéditions en Haute-Nubie et peut-être plus au Sud pour ramener des nains du « Pays des Esprits » pour danser devant eux 42.

A une époque beaucoup plus récente, le lieutenant Desplagnes cité par A. Arcin 43, recueille le récit d'un vieux de Bengassi au Soudan :

« les premières populations nigériennes furent de petits sauvages, nains roux, vivant de chasse et de pêche, habitant sous des abris de rochers ou dans les taillis. Ces négrilles ont depuis longtemps été refoulés dans les grandes forêts du Sud ou de l'Ouest».

Et A. Arcin d'ajouter :

« ils portaient le nom générique de Diallam ou Ierre et le nom de leurs familles, tous monosyllabiques, étaient Bo, Ka, La, Om, Houm ».

Notons au passage que Bo est le nom à la fois d'un clan Guéré et d'un clan Kpellé mais cela n'a pas grande signification.

Le Docteur Rançon qui, en 1895, explora la Haute-Gambie et les régions du Nord-Ouest de la Guinée, pays Tenda en particulier, rapporte que selon les traditions locales, les montagnes du Fouta-Diallon abritaient autrefois de petits hommes appelés Fadoubé, sorciers redoutables, devins renommés et fabricants de poisons 43 bis.

Nous avons relevé que les Malinké appelaient Mokhoninkaba, les pierres des petits hommes, les Mégalithes de Sanana près de Kankan découverts par A. Chermette et M. Houys.

Les auteurs modernes sont plus circonspects ou même plus catégoriques. Pour R. Mauny 44 :

« la question s'est posée de savoir si des pygmées avaient habité anciennement à l'Ouest du Niger dans la Forêt. On a recueilli un peu partout en Afrique Occidentale des contes parlant de « petits hommes rouges » mais il semble bien que pour la savane, on ait à faire à une simple légende ».

Cette opinion, qui ne fait aucun cas des traditions, s'appuie sur l'anthropologie. Gates, S. Cole et G. Thilmans sont formels: les Négrilles ou Pygmées ou Tvides ne forment pas une race à part mais sont des refoulés qui se sont transformés pour s'adapter merveilleusement aux conditions de la vie forestière.

Cette question avait été abordée il y a longtemps puisqu'en 1935, le Professeur Seligman écrivait 45 :

« en ce qui concerne la position des Négrilles dans l'histoire naturelle de l'Homme, quelques auteurs les regardent comme descendants de leurs voisins nègres de grande taille (par ce qu'on peut seulement appeler un processus de dégénération) mais cette manière de voir n'est pas généralement acceptée et elle paraît en fait insoutenable. Ils devraient plutôt être considérés comme représentant un type humain infantiloïde, aussi bien physiquement que mentalement ».

Depuis quarante ans, notre connaissance des pygmées a progressé : on ne peut parler de dégénérescence mais d'adaptation et sûrement pas d'infantilisme ni physique ni moral. Il ne s'agit pas d'individus dont le développement aurait été arrêté. Ils sont de taille peu élevée (entre 1,44 m et 1,50 m), leur teint est clair, rougeâtre, leur pilosité plus développée mais ils sont parfaitement proportionnés, et leur intelligence, dans les conditions de vie où ils se trouvent placés ne cède en rien à celle des grands noirs qui les entourent. Ce ne sont pas des nains pathologiques.

Selon Gates, cité par R. Mauny, ils dériveraient donc d'ancêtres de taille normale, attirés dans la forêt par le dessèchement. Les conditions de vie précaire dans le milieu forestier seraient responsables de la diminution de leur taille.

Mais les auteurs semblent considérer la taille comme la seule caractéristique des Pygmées. Est-ce que l'adaptation à la vie en forêt peut expliquer le teint (absence de soleil ?), la pilosité, la forme du nez ?

S. Cole, sans les énumérer, englobe tous ces caractères particuliers dans sa conclusion 46.

« Nous estimons que les Pygmées sont les survivants des peuples qui furent autrefois plus nombreux et qu'ils ont acquis leurs caractères particuliers comme résultat de l'isolement et de la sélection dans ce milieu très spécial qu'est la forêt ».

G. Thilmans a conduit des recherches craniométriques sur l'origine des Pygmées 47. Utilisant les méthodes modernes qui permettent d'estimer la parenté des groupes et d'évaluer la distance les séparant les uns des autres, il conclue lui aussi qu'il faut « considérer les Négrilles comme un groupe bantou dont une mutation favorisant la vie en forêt a réduit la taille ». Il rapproche ainsi les différents groupes qu'il a constitués de certaines familles de grands noirs. Par exemple, les Pygmées Gabonais - Tetela - Babinga - Bambutu se rapprocheraient des Achanti (qui ne sont pas des Bantou !).

Que les Négrilles ou Pygmées ne constituent pas une race à part, n'exclut pas que la forêt de l'Ouest Africain n'en ait pas abrités. Leur souche aurait été simplement différente de celle de leurs semblables de la forêt équatoriale.

Que le dessèchement du Sahara ait provoqué le refoulement des paléo-négritiques soudanais par ces populations de négrides métissés de proto-berbères qui occupaient le Sahara humide et que ces paléo-négritiques aient eux-mêmes refoulé dans la Forêt des Négrilles qui auraient habité anciennement la zone au nord de la forêt, ou que ces paléo-négritiques aient pénétré en Forêt sous la poussée des migrants du Sahara et aient subi une évolution d'adaptation, le résultat est le même et nous n'irons pas plus avant dans le débat ouvert sur l'origine des Pygmées.

Nous noterons simplement que si la paléontologie est muette sur ce point, il en va de même pour les paléolithiques guinéens et centrafricains. L'absence de découverte de squelettes de Pygmées dans l'ouest africain guinéo-soudanais n'est pas une preuve suffisante de leur absence de ces régions en tant que race individualisée, a fortiori en forêt guinéenne où les conditions de conservation sont déplorables.

Si évolution de l'espèce il y a eu, elle a été relativement rapide : en effet, le début de la dernière phase du dessèchement saharien est fixé approximativement au sixième millénaire avant Jésus-Christ, mais la poussée migratoire nord-sud n'a eu toute sa force qu'à partir de 2500 et elle s'est effectuée en deux étapes : Sahara-Soudan puis Soudan-Congo-Guinée.

En effet, ce n'est que vers -1000 que le surpeuplement de la zone soudanaise aurait donné lieu à un nouveau mouvement.

Dans ces conditions, deux à trois mille ans seraient-ils suffisants pour admettre une telle mutation dans les caractéristiques de la race ?

Quoiqu'il en soit, pouvons-nous admettre l'existence de Négrilles dans la Forêt ouest-africaine à l'époque préhistorique ou protohistorique ? Cette hypothèse repose sur deux séries de faits :

Ces légendes sont confuses en ce sens que la frontière entre petits hommes et génies est très imprécise. Parfois, ce sont d'anciens habitants du pays aujourd'hui disparus, bien qu'on admette qu'ils aient pu être à l'origine d'un métissage par les femmes avec de nouveaux arrivants ; parfois ils existent encore et sont l'objet de descriptions précises mais malheureusement, nul européen ne les a vus bien sûr, et nul informateur n'a été le témoin oculaire de leurs manifestations.

R. Schnell, tout en étant d'une grande prudence dans l'interprétation des faits recueillis, était passionné par ce problème et nous nous souvenons de longs entretiens que nous eûmes à ce sujet à N'zo et à Nzérékoré. Après avoir rédigé divers articles dans les Notes Africaines, il a esquissé une synthèse dans la revue l'Anthropologie 48.

Les caractères communs des petits êtres objets des traditions locales sont les suivants : taille de 1,20 m à 1,50 m, peau claire d'un brun rougeâtre, grosse tête, yeux très mobiles quant aux caractères physiques ; ne possèdent ni villages, ni champs, vivent de chasse, de cueillette (du miel en particulier), sont experts en poisons et en médicaments, quant au mode de vie.

Jusque là, cette description est conforme à ce que les auteurs traitant du Soudan (Desplagnes, d'Escavrac de Lauture, Rançon) ont rapporté.

Mais d'autres traits font de ces petits hommes des êtres surnaturels et non des créatures véritables : ils ont un seul œil, leurs pieds sont retournés 49, ils se transforment en tourbillons de vent ou en animaux aquatiques, seuls les féticheurs peuvent les voir, leur rencontre est funeste, elle fait mourir ou rend fou le simple mortel.

Ces petits hommes habitent généralement les cavernes ou les abris sous roche de la montagne.

Plus la forêt est dense, inhabitée, plus on est sûr que de petits hommes y résident : forêt du Bas-Cavally, forêt du centre sud de la Côte-d'Ivoire. En 1935, selon R. Schnell, une femme aurait conté à Roubaud 50 que son grand-père avait capturé un petit homme à peau claire, vivant dans les arbres à la manière de singes, mais que son caractère sauvage lui faisait refuser toute nourriture. Il avait fallu le relâcher. Ce renseignement ne fut l'objet d'aucun recoupement et aucun témoin oculaire ne put être trouvé malgré la proximité de l'époque.

D'après R. Viard 51, des Négrilles occupaient auparavant la forêt entre Sassandra et Cavally, ce sont « de petits hommes roux considérés comme génies maléfiques issus de la forêt ».

A Toulépleu, R. Schnell a entendu parler d'un petit homme de la brousse, homme véritable, premier habitant du pays dont le nom est Niankonkla. Décrit comme ayant la peau rouge ou noire, il vit nu avec de longs cheveux, un corps velu, une grosse tête portant la barbe. C'est un chasseur qui détache les animaux des pièges dressés par les Guéré.

Mais en même temps qu'on le considère comme le premier habitant, on en parle au présent.

Selon le chef de canton, il avait été vu peu d'années auparavant. Certains Guéré prétendaient qu'il avait attaqué leur père. Mais aucun témoin oculaire, là non plus, n'a pu être interrogé.

Cette créature, humaine au début, prend dans la légende, le caractère immortel.

Dans une région en dehors de la nôtre, près de Tai, la montagne Nienokoué aurait été habitée par de petits hommes auxquels le chef de Tribu aurait offert des boeufs que les petits hommes auraient sacrifié à Gnon-Sua, divinité qui en échange aurait donné de puissantes amulettes au chef.

Chez les Dan, de petits hommes du nom de Bruni auraient habité les pentes du Nimba. Portant eux aussi de longs cheveux, n'ayant ni outils, ni armes, ils chassaient sans doute au piège.

Enfin, Mgr Leroy cite un témoignage du R.P. Koelle rapportant une légende selon laquelle de petits hommes barbus et chasseurs vivraient près d'un lac Liba en Sierra-Leone.

R. Schnell rapporte un renseignement que nous lui avions fourni en 1946 : les premiers Kpellé arrivant dans le Niekolé trouvèrent un petit homme sur une montagne.

Il faut très honnêtement avouer que nulle par ailleurs nous n'avons recueilli de légende sur un peuplement négrille de la région que nous avons nous-mêmes étudiée : le cercle de Nzérékoré.

Les ethnologues doivent se méfier de leurs informateurs : ceux-ci, parlant français, sont généralement passés par l'Ecole et leurs « informations » même quand leur rôle n'est que d'interpréter le récit d'un vieux, sont la réplique de ce qu'ils ont appris ou croient avoir appris à l'Ecole Primaire, à savoir que les premiers habitants de l'Afrique Occidentale étaient des Pygmées et ils appliquent sans nuances à leur circonscription, à leur canton, ce qui n'est qu'une notion vague et générale. Ce ne sont plus « nos ancêtres les Gaulois » mais « nos ancêtres les Pygmées ».

Les récits ayant trait aux génies de la montagne et que B. Holas a notés dans son ouvrage sur le culte de Zié 52, bien que mettant en jeu de petites créatures, concernent manifestement des êtres surnaturels et non des créatures humaines. On peut citer les Yeou Hinga de la montagne Sia.

Il existe aussi bien des géants, les hã nyomounga, forme prise par l'âme d'un mort qui refuse de se rendre au village des morts parce qu'une formalité a manqué à ses funérailles. D'autres géants, mais qui peuvent reprendre une taille normale pour entrer dans les maisons, sont les nyô kama hinga.

Pas plus qu'on ne peut déduire de l'existence légendaire de ces géants que la Forêt a été primitivement peuplée de grands hommes, pas plus on ne peut affirmer que les Négrilles en furent les premiers occupants motif pris de ce que le folklore de la forêt et de la montagne fait référence aux petits hommes.

Convenons cependant que d'éventuels occupants très anciens, précédant les peuples actuels, ont pu laisser un souvenir dans la mémoire de ceux-ci en changeant de nature.

Mais quelle preuve avons-nous de cette première occupation ? Pouvons-nous faire reposer cette hypothèse sur des données anthropologiques ?

Certains auteurs croient reconnaître des Pygmées parmi les tribus de la région forestière sinon groupés du moins en tant qu'individus.

De Lartigue dans « Campagne contre Samory » cité par Arcin 53 écrit :

« dans la forêt du Sud de la Guinée, on trouve de petits hommes chez les Guerzé qui marchent toujours courbés avec une vitesse rare, malgré cette position, leurs sentiers n'ont pas plus de 1,30 m de haut ».

Le R.P. Casthelain est aussi affirmatif 54 :

« le type pygmée se retrouve à l'état erratique il est vrai, mais enfin il se retrouve chez les Guerzé. Et tel indigène que l'on rencontre sur les sentiers de la forêt semble avoir servi de modèle aux photographies des livres si bien documentés de Mgr Leroy et du Père Trilles. Il s agit d'un fait assez rare sans doute mais difficile à expliquer si l'on n'admet pas à l'origine de la race Guerzé un mélange de sang pygmée dont l'influence reparaît brusquement ».

A une époque voisine de celle où écrivait de Lartigue, des observations étaient faites par A. Chevallier. Celui-ci avait soumis quelques crânes de Dyola de Côte d'Ivoire, au Docteur Poutrin du Muséum d'Histoire Naturelle à Paris et ce dernier établissait que des individus de la forêt ivoirienne présentaient des analogies avec les Négrilles d'Afrique Centrale.

Il signalait en outre qu'un peuple ou une tribu, les Béré, dont la taille avoisinait 1,50 m, lui semblait apparenté aux Pygmées ce qui était confirmé par l'analyse d'un crâne .

Ces Béré dont l'habitat était au Libéria fréquentaient les marchés de Nzo et Lola.

Une monographie inédite du Pays Toma citée par R. Schnell, dont l'auteur est le sergent Leonard (1902) signale également les Béré « peuple très sauvage et redouté de ses voisins et dont la taille ne dépassait pas 1,50 m». Leonard les situe à Goarouzou et R. Schnell assimile ce peuple aux Bellé et le village à Paourouso.

A. Chevallier 55 aurait précisé à R. Schnell que ces individus pygmoïdes semblaient vivre en demi esclavage parmi les habitants de la région Nzo-Danané.

R. Schnell pense que si des erreurs de localisation n'ont pas été faites, cette extension des Béré hors de leur habitat peut s'expliquer « soit par une extension ancienne plus considérable soit par la présence fréquente de Béré comme esclave par divers peuples de la Forêt » 56. Il cite en pays Toma la présence de nombreux Béré, il y a quelques dizaines d'années, lesquels en position d'esclaves, étaient rentrés dans leur pays après la conquête française, sauf certains qui auraient fait souche sur place (à Bodezia en particulier). Il en aurait été de même dans la région de N'zo 57.

Pour notre part, nous avons noté un clan G'béré venu du village de Glan en pays Dan (ou Mini) qui s'établit entre Nzo et Zan et qui est une composante des Manon, une des relativement plus anciennes certes, mais qui ne semble pas présenter de caractéristiques physiques particulières.

Certains faits sont évidemment troublants mais des opinions trop absolues ne peuvent être suivies. Il nous est arrivé de trouver des individus ayant non pas même le type pygmée mais des caractères pygmoïdes : stature inférieure à 1,50 m, nez très large, lèvre supérieure non éversée, prognathisme accentué, système pileux très développé. Sur cent individus examinés, un seul avait avec une stature pygmée (1,44 m), un indice nasal de 144 et le teint clair. C'est le seul que l'on pouvait considérer comme pygmée.

Parmi les quatre-vingt-dix neuf autres, 15% avait une stature petite (entre 1,50 m et 1,59 m) et 56% avait un indice nasal supérieur à 100, mais les deux caractères ne coexistaient pas vraiment dans chaque individu : les uns étaient petits mais mésorhiniens, les autres grands mais hyperplatyrhiniens. On ne peut certes pas parler de véritable tribu pygmée parmi les peuples de la Forêt, ni même d'individus pygmées, mais de traces dans l'ensemble de la population, ce qui implique plus un refoulement et une destruction avec quelques croisements des envahisseurs avec des femmes pygmées, qu'un brassage et un métissage.

R. Schnell lui aussi cite le clan G'béré, ayant recueilli sur place des informations à peu près concordantes avec les nôtres. Il ajoute que c'est dans les villages les plus retirés et avant le moins de contact avec l'extérieur qu'il a trouvé le plus d'individus à caractères pygmoïdes (Thio - Nion - Seringbara). Sur vingt-deux individus, quatre mesuraient moins de 1,50 m et huit entre 1,50 m et 1,60 m. La largeur nasale à la base était supérieure à 50 mm chez onze sur dix-huit.

Nous partageons l'avis de R. Schnell quand il écrit :
« seuls pourront être considérés comme démonstratifs les cas réunissant plusieurs de ces caractères, mais il ne faut pas oublier que la disjonction mendelienne peut isoler divers éléments chez des individus différents. Un individu physiquement analogue à ses congénères pourra ainsi devoir tel ou tel caractère à un métissage lointain dont il ne sera pas possible d'apporter la preuve». (p. 236).

Par contre, nous faisons des réserves sur certains aspects de sa conclusion :

« seuls des individus isolés, mêlés à la population et représentant un faible pourcentage de celle-ci possèdent parfois un tel aspect. Il y a lieu cependant de noter que ces cas s'observent essentiellement dans des régions retirées à l'écart des grandes voies de pénétration. Ils semblent plus fréquents dans les générations plus âgées que chez les jeunes ». (p. 241).

En effet, la notion de région retirée et de voie de pénétration est bien moderne et liée à la construction des routes depuis la colonisation. Quant à la différence entre nouvelles et anciennes générations, cela laisserait supposer que les caractères pygmoïdes se sont maintenus pendant des millénaires et qu'en une génération on observerait une mutation visible !

Cette réserve faite, il est certain qu'avec R. Schnell on peut conclure en se demandant si ces observations « ne correspondraient pas à une trace atténuée d'un ancien fond ethnique de petite taille, peut-être assimilable à des Négrilles. L'hypothèse cadrerait avec un ensemble assez important de faits ».

Pour R. Viard 58, il n'y a pas de doute sur l'occupation de la forêt entre Sassandra et Cavally par des Négrilles. Il donne un argument intéressant reposant sur l'étude des pièces lithiques découvertes dans la région de Guiglo. Il déduit des dimensions de ces hachettes, grattoirs, etc. en pierre polie et de la comparaison avec les mêmes instruments en fer utilisés par les Guéré d'aujourd'hui, la stature de leurs fabricants et utilisateurs :1,35 m/1,45 m, c'est-à-dire la taille de nos Pygmées. Il les considère comme beaucoup plus petites que celles trouvées en Europe et ayant appartenu à des races de haute stature.

On peut rétorquer que s'il s'agit, du moins en ce qui concerne les haches polies, d'objets votifs et non utilitaires, leur petite dimension (40 mm) n'est pas plus probante que les petits masques faits par les Toma, Kpellé et Kono (Lougonga) à des fins cultuelles.

Mais selon l'auteur, et il a certainement raison, les Guéré ne seraient pas les descendants directs de Négrilles : et ceci est en concordance avec les thèses modernes. Si les pygmées résultent d'une adaptation des grands noirs à la forêt, les conditions d'existence restant les mèmes, on ne voit pas comment le mouvement inverse se produirait et comment les Guéré qui mesurent 1,68 m en moyenne auraient pour ancêtre des Négrilles de 1,40 m !

Il s'agit donc d'une invasion qui aurait refoulé, détruit les Négrilles en place sans qu'on puisse exclure certains croisements avec les femmes des vaincus (dont le souvenir reste sous la forme d'êtres malfaisants, jouant des tours aux hommes, dont la vue fait mourir ou rend fou). Ces croisements sont à l'origine des traits pygmoïdes que l'on peut observer chez certains individus à travers toute la région forestière. Notons que B. Holas 59 a observé chez les Dan du Libéria une taille moyenne pour les femmes de 1,54 m contre 1,66 m pour les hommes (et 1,64 m pour les Krahn, proches des Guéré), avec un teint clair sporadique et une platyrhinie chez plus de 98% des sujets, hommes ou femmes.

Ce schéma semble en définitive valable pour la région forestière de Haute-Guinée et ses prolongements naturels.

Il existe cependant une exception : les Gagou. Il s'agit d'un petit peuple de la forêt de Côte-d'Ivoire, entouré par les Gouro, les Beté et les Baoulé. Cette fois, il ne s'agit plus de traces pygmées chez des individus, mais de caractères pygmoïdes dans une population. Leur taille moyenne est de 1,55 m et leur poids moyen de 42 kg. La taille courante des femmes se situe entre 1,45 m et 1,50 m (la plus petite observée mesurait 1,33 m). L'indice nasal est fréquemment voisin de 90. Il faut donc convenir que nous nous trouvons devant un véritable cas de métissage sur un fond négrille, sans doute à la suite de l'invasion Gouro.

Ceci appuierait donc la thèse d'un peuplement négrille très ancien de la région forestière, même si l'on doit suivre les thèses modernes faisant fi des traditions sur un peuplement négrille au Soudan, et admettre que nos pygmées ne constituent pas une race à part mais ne sont qu'un rameau de la race noire, refoulé dans la Forêt et adapté aux conditions d'existence qu'ils ont trouvées dans celle-ci.

Notes
15. C.G. Seligman. Les races de l'Afrique. Payot, Paris, 1935.
16. M. Delafosse. Haut-Sénégal, Niger. Réédition, G.P. Maisonneuve et Larose, Paris, 1972, T. I, pp. 109 à 111.
17. R. et M. Cornevin. 2e édition, 1966, p. 9. Histoire de l'Afrique des origines à nos jours. Payot, Paris,
18. R. Mauny. Tableau géographique de l'Ouest africain au Moyen Age. Mémoire IFAN, no. 61, Dakar 1961.
19. R. Mauny. Les vingt-huit restes osseux humains préhistoriques trouvés dans l'Ouest africain. IFAN XXIII, série B, no 3-3, Dakar, 1961.
20. A. Chermette. Monument monolithique de la région de Kankan (Haute-Guinée). Notes africaines, no. 42, IFAN, Dakar, avril 1(49.
21. M. Houis. Les monolithes de Sanana. Notes africaines, no. 48, IFAN, Dakar, octobre 1950.
22. R. Mauny. Tableau géographique de l'Ouest africain. Op. cit. p. 173.
23. R. Ibidem.
24. R. Schnell. Emploi de boules de pierre par un peuple agriculteur ancien de la Haute-Guinée française. Notes africaines, no. 41, IFAN, Dakar, janvier 1949.
25. R. Mauny. Tableau géographique de l'Ouest africain. Op. cit., p. 173.
26. D. Paulme. Les gens du riz. Op. cil., p. 17.
27. D. Paulme. Ibidem, p. 128.
28. R. Mauny. Tableau géographique de l'Ouest africain. Op. cit., p. 173. (Dr Cariou: Notes sur les pierres taillées de grosses dimensions en pays Kouranko, Doc. XV-4, Guinée).
29. R. Mauny. Ibidem, p. 172.
30. R. Viard. Les Guéré, peuple de la forêt. Sociétés d'Editions Géographiques, Maritimes et Coloniales, Paris, 1934, pp. 12-13.
31. R. Schnell. Peuplement ancien de certaines montagnes de Côte-d'Ivoire. Notes africaines, no. 43, IFAN, Dakar, juillet 1949.
32. B. Holas. Notes préliminaires sur les fouilles de la grotte Blandé. BIFAN, XII-4, Octobre 1950, pp. 999 à 1001. Notes complémentaires sur l'abri sous roche Blandé, fouilles de 1951. BIFAN, XV-4, Octobre 1952, pp. 1341 à 1352.
33. B. Holas et R. Mauny. Nouvelles fouilles à l'abri sous roche de Blandé (Guinée). BIFAN, XV-4, octobre 1953, pp. 1605 à 1617.
34. G. Schwab ET G.W. Harley. Tribes of Liberian hinterland. Cambridge, Massachussets, U.S.A., 1947. (Cité par B. Holas, 32).
35. B. Holas. Notes préliminaires sur les fouilles. Notes complémentaires. Op. cit.
36. B. Holas et R. Mauny. Nouvelles fouilles à l'abri sous roche. Op. cit., p. 1016.
37. R. Schnell. Quelques faits pour une esquisse biogéographique de la forêt dense Ouest africaine. Compte-rendu sommaire des séances de la Société de Biogéographie, T. 25, no. 214, 1948.
38. R. et M. Cornevin. Histoire de l'Afrique. Op. cit., p. 16.
39. B. Holas. Notes complémentaires sur l'abri sous roche Blandé. Op. cit.
40. Y. Person. Les Kissi et leurs statuettes de pierre dans le cadre de l'histoire Ouest africaine. BIFAN, T. XXIII, série B, nos. 1-2, Dakar, 1961.
41. Hérodote. Histoires, Livre IV, ch. XXXII.Editions Jean de Bonnot, Paris, 1975, pp. 166-167.
42. C.G. Seligman. Les races de l'Afrique. Op. cit., p. 45.
43. A. Arcin. Histoire de la Guinée française. A. Challamel, Paris, 1911, p. 3.
43 bis. Docteur Rançon. Dans la Haute-Gambie. Voyage d'exploration scientifique. Annales de l'Institut colonial de Marseille, 1895.
44. R. Mauny. Les siècles obscurs de l'Afrique noire. Fayard, Paris, 1970, pp. 20 à 31.
45. C.G.Seligman. Les races de l'Afrique. Op. cit., p. 47.
46. S. Cole. Races of man. Londres, British Museum, 1963.
47. G. Tihilmans. Recherches craniométriques sur l'origine des Pygmées. BIFAN, T. XXX, série B, no 2, avril 1968.
48. R. Schnell. A propos de l'hypothèse d'un peuplement négrille ancien en Afrique Occidentale française. L'anthropologie, T. 52, 1948. pp. 229 à 241.
49. R. Schnell. - Ibidem, p. 220. « L'auteur émet l'hypothèse que cette particularité est symbolique et signifie seulement qu'on ne peut les suivre à la trace ».
50. Roubaud. L'existence probable des négrilles dans les forêts de CÔte-d'Ivoire.
51. R. Viard. - Les Guéré, peuple de la forêt. Op. cit., p. 11.
52. B. Holas. Le culte de Zié, éléments de la religion Kono (Haute-Guinée française). Mémoire IFAN, no 39, Dakar, 1954.
53. A. Arcin. Histoire de la Guinée française. A. Challamel, Paris, 1952, p. 4.
54. R.P. Casthelain. La langue Guerzé. Mémoire IFAN, no. 20, Dakar, 1952, p. 15.
55. A. Chevallier. Rapport sur une mission scientifique dans l'Ouest africain 1908-1910. Nouvelles archives des missions scientifiques et littéraires. Nouvelle série, fasc. 5, 1912, pp. 17 à 46.
56. R. Schnell. A propos de l'hypothèse d'un peuplement négrille ancien en Afrique Occidentale française. Op. cit., p. 234.
57. R. Schnell. Ibidem, p. 235. « Signalons enfin que plusieurs Béré que j'ai eu l'occasion d'observer au Libéria ne se distinguaient nullement par leur aspect physique des peuples voisins ». Auraient-ils évolué si rapidement depuis 1912 vers l'assimilation aux forestiers ? Même remarque en ce qui concerne certaines évolutions récentes que l'auteur croit observer en pays Toma (p. 241).
58. R. Viard. Les Guéré, peuple de la forêt. Op. cit., p. 12-4.
59. B. Holas. Mission dans l'Est libérien. Mémoire IFAN, no. 14, Dakar, 1952.


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