Paris. L'Harmattan. 1996. 111 p. : ill.
J'ai délibérément choisi la chronologie pour ce premier essai, étant donné qu'il faudra plus de temps et plus d'arguments pour mieux circonscrire la pensée politique du parlementaire patriote que fut Yacine Diallo dont tous les contemporains, en Métropole comme en Afrique, s'accordent à reconnaître les qualités exceptionnelles d'homme d'État.
J'espère qu'un jour, des historiens plus avertis ou encore des politologues mieux outillés lui consacreront une partie de leur temps.
En attendant, je voudrais souligner que la clef de voûte de la pensée politique de Yacine Diallo était l'indépendance dans l'amitié et le respect mutuel. Selon lui toute séparation brutale avec la France métropolitaine aurait pu ètre interprétée en son temps comme un « acte inamical », c'est-à-dire hostile ou malveillant. Ceci lui paraissait d'autant plus inutile que la voie de l'émancipation, puis de l'autodétermination se trouvait fixée dans la Constitution. L'effort devait porter sur sa plus stricte application.
C'est pour cette raison qu'il s'est battu comme un lion, tenant le droit d'une main et l'amitié franco-guinéenne de l'autre.
En tant que député-Sénateur, il est parvenu, avec d'autres élus africains, à soustraire une bonne partie de l'Afrique colonisée de l'indigénat, du travail forcé et à faire rétablir la liberté d'association et de presse. Ce faisant, ces dignes fils de l'Afrique, pères authentiques de l'indépendance, pavaient la voie de l'émancipation dans l'esprit des institutions démocratiques.
C'est justement ce combat qui conduira à l'indépendance des peuples africains à travers l'éveil de la conscience et les dénonciations permanentes du colonialisme dans tout ce qu'il avait d'arbitraire, d'inhumain et de condamnable.
D'ailleurs, Yacine Diallo a pleinement utilisé cette arme redoutable tout comme il s'est servi du débat parlementaire au Palais-Bourbon pour améliorer progressivement les conditions de vie des populations colonisées en général et de celles de la Guinée Française en particulier.
Evidemment, Yacine Diallo croyait fermement en un certain esprit novateur de la Métropole, tout comme dans les capacités des colonisés à se libérer du joug colonial. Toutefois, la grande question qui se posait à lui était de savoir si en Afrique les populations étaient à même de se servir toutes seules des progrès de la science et de la technique pour leur développement autonome ? La réponse était oui, à condition de former d'abord les cadres nécessaires à la gestion des ressources nationales ; gestion à la fois technique et morale.
Ainsi, Yacine Diallo entendait d'abord inciter les Africains dits « évolués » à encadrer les masses paysannes afin qu'elles sortent vite de l'ornière du sous-développement, de manière à ce qu'elles puissent gérer l'indépendance politique une fois acquise.
Si dans les débats, Yacine Diallo exigeait la loyauté de la part de ses concitoyens envers l'Union Française, ce n'était nullement qu'il était un instrument des autorités coloniales françaises. Mais bien au contraire, il y entrevoyait un instrument efficace pour débarrasser l'Afrique de la colonisation. Cela était tout à fait possible dans une situation de loyauté réciproque : la France tient ses promesses et l'Afrique tient ses engagements de loyale coopération dans l'intérêt mutuel.
C'est dans ce sens que l'indépendance de la Guinée en 1958 n'a pas été autre chose que l'aboutissement de l'oeuvre des députés africains, dont Yacine Diallo fut l'une des figures de proue.
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