Recherches africaines. Nos. 2-3. Avril-Septembre 1963. p. 32-33
En complément à l'article du professeur Portères sur les monnaies de fer de l'Ouest africain (Recherches Africaines, N° 4 - 1960), nous voudrions apporter certaines précisions sur l'état actuel de l'usage des guinzé en Guinée.
En pays Kissi et en pays Guerzé, l'usage des guinzé comme monnaie s'est perdu, semble-t-il, entre les deux guerres mondiales. Les guinzé n'ont conservé que leurs usages rituels.
Dans la partie sud du pays Toma (Koyama) les guinzé continuent d'être utilisées comme élément de la dot, mais on ne s'en sert plus comme monnaie.
En revanche, l'usage monétaire des guinzé s'est perpétué dans la partie nord du pays Toma (Bofossou, Balizia, Binikala) jusqu'à l'époque actuelle.
Le lieu (ou l'un des lieux) de fabrication était le village de forgerons de Dianforodou, en pays konianké 1, au pied du Simandou.
Ces forgerons utilisent aujourd'hui, pour l'ensemble de leurs fabrications (qui vont de l'outillage traditionnel, dabas, haches, pics de mineurs, etc.), au fusil de chasse 2 des ferrailles d'importation.
Seules les guinzé continuaient, jusqu'à l'automne 1960, à être produites à partir du minerai de fer local. Le minerai utilisé était extrait d'une carrière située au pied du Simandou, en bordure d'un ruisseau, dans des terrains alluvionnaires. On y choisissait des blocs de magnétite (fragments de quartzites ou fragments de cuirasse entraînés par soliflixion sur les pentes, puis intégrés aux alluvions) pour alimenter des fourneaux de terre.
Le dernier fourneau a été allumé en 1960. La création d'un poste administratif à Binikala (région où s'écoulaient les guinzé) a sonné le glas de cette fabrication. Les fonctionnaires (commis, gendarmes, gardes, instituteurs) ne pouvaient s'approvisionner en riz ou autres denrées locales sur les marchés où seules les guinzé avaient cours. Le chef de poste a donc pris un arrêté interdisant l'emploi monétaire des guinzé.
Les forgerons de Dianferodou s'en plaignent amèrement, cette décision leur faisant perdre un débouché pour leur fabrication. Le cours des guinzé sur le lieu de production était, en mars 1960, de 165 frs guinéens le paquet de cent guinzé.
D'après le chef du poste administratif de Bofossou, si l'emploi des guinzé est interdit sur les marchés contrôlés par l'administration, il est certain qu'on les utilise encore (en juin 1961) dans les marchés isolés et non contrôlés par l'administration dans sa circonscription.
J. Suret-Canale.
Notes
1. C'est le premier village que l'on rencontre sur la route qui conduit de la grande route Beyla-Kérouané à Damaro.
2. Une tige de direction de voiture abandonnée étant utilisée pour faire le canon.
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Fulbright Scholar. Rockefeller Foundation Fellow. Internet Society Pioneer. Smithsonian Research Associate.