webGuinée
Bibliothèque


Recherches Africaines
(Etudes guinéennes, nouv. sér.) (1959-1965)


Présentation

C'est en Janvier 1947 que parut le premier numéro des « Etudes Guinéennes », sous l'égide du Centre local de l'Institut Français d'Afrique Noire (Centrifan) de Guinée.
Le dernier numéro parut en 1956, daté de 1955.
En reprenant, sous le titre nouveau de « Recherches Africaines », la publication d'une revue, l'Institut National de Recherches et de Documentation de la République de Guinée, héritier de l'ancien « Centrifan », se doit de situer son entreprise.
Bien qu'il constituât, dans son ensemble, un phénomène profondément négatif, le système colonial, comme toute réalité, comportait des aspects contradictoires. Bien que la colonisation — et tout particulièrement la colonisation mercantile de l'Ouest africain — n'ait guère accordé d'attention à la Recherche scientifique, elle ne pouvait la négliger totalement. Pour exploiter, pour administrer au mieux des intérêts de la colonisation, il fallait disposer d'un minimum de connaissances sur le pays. Cet effort de Recherche, si limité qu'il ait été, était en lui-même positif et la Guinée aujourd'hui indépendante n'entend ni l'ignorer, ni le sous-estimer. Elle ne fait, elle ne fera preuve dans ce domaine d'aucun complexe.
Ce qui était négatif, c'était l'utilisation faite de cette Recherche, les conditions étriquées dans lesquelles elle était pratiquée, et qui reflétaient les impératifs coloniaux.
Longtemps, la Recherche fut pratiquement l'apanage du corps omnipotent et omnivalent des administrateurs des colonies : ceux-ci produisirent des travaux nullement négligeables — il suffit de rappeler dans ce domaine le nom de Maurice Delafosse. Mais le caractère même des fonctions de ces administrateurs, l'idéologie qui était la leur, l'insuffisance de leur formation qui n'était pas orientée vers la Recherche, limitaient la valeur qualitative comme l'ampleur quantitative de leurs travaux.
Aussi bien le Gouverneur Angoulvant, dans une circulaire célèbre, rappelait-il aux administrateurs que leur rôle ne consistait pas à faire des observations ethnographiques, géologiques ou autres, mais à administrer : à savoir, faire rentrer l'impôt, fournir les prestataires pour le travail forcé, répondre aux exigences des sociétés de commerce ou des colons.
La création, à la veille de la seconde guerre mondiale, de l'Institut Français d'Afrique Noire, constitua incontestablement un progrès sur la situation antérieure. Mais, quels que fussent le désintéressement et le dévouement de ses animateurs et de bon nombre de ses chercheurs, l'I.F.A.N. ne pouvait pas ne pas refléter le contexte colonial dans lequel il avait été créé. Comme son nom même l'indique, il avait pour objet, moins de former une élite de chercheurs africains que de mettre à la disposition de savants on chercheurs français des moyens d'études. Il se cantonnait pratiquement dans la Recherche « africaniste », dans les domaines « spéciaux » à l'Afrique, écartant totalement certains secteurs de la Recherche pure (par exemple les sciences physiques et mathématiques) et négligeant aussi certains domaines où il eût été imprudent — face à l'administration coloniale — de s'aventurer : par exemple l'histoire, et singulièrement l'histoire contemporaine. Inutile de dire que, dans le domaine humain, l'idéologie coloniale avait marqué l'esprit de beaucoup de ces chercheurs français, spécialement dans le domaine des sciences humaines, et par là avait faussé plus ou moins profondément leurs perspectives. Il n'est que de relire maints travaux parus au cours de ces vingt dernières années pour s'en rendre compte.
Toutes ces remarques ne sauraient cependant faire sous-estimer l'importance et la valeur des travaux accumulés par l'I.F.A.N. : en ce sens, par rapport à lui, nous nous situons dans la continuité.
Mais il va de soi que le contexte de l'Indépendance marque dans notre orientation et nos méthodes un changement radical. Notre Institut, comme la Revue qui doit refléter son activité, ne sauraient se limiter à l'activité plus ou moins artisanale d'un petit nombre de spécialistes africanistes. Notre Institut doit s'intégrer totalement à la vie nationale. Au service des deux causes inséparables de la Science et de l'Afrique, de la Vérité et du Peuple, il fera largement appel à la participation et à l'initiative de tous les hommes et de toutes les femmes de Guinée, à l'initiative des jeunes, pour faire de la Recherche scientifique une activité de masse. Sous la direction et avec l'aide du Parti Démocratique de Guinée, il s'efforcera de remplir avec honneur ses devoirs.
Dans son message au Congrès des écrivains noirs, le Président Sékou Touré disait des « intellectuels ou artistes, des penseurs ou chercheurs que leurs capacités n'avaient de valeur que si elles concourent réellement à la vie du peuple, que si elles sont intégrées de manière fondamentale à l'action, à la pensée, aux aspirations des populations. »
La vocation de notre revue, de ses collaborateurs, ne saurait être mieux définie.

Recherches Africaines


[ Home | Etat | Pays | Société | Bibliothèque | IGRD | Search | BlogGuinée ]


Contact :info@webguine.site
webGuinée, Camp Boiro Memorial, webAfriqa © 1997-2013 Afriq Access & Tierno S. Bah. All rights reserved.
Fulbright Scholar. Rockefeller Foundation Fellow. Internet Society Pioneer. Smithsonian Research Associate.