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Depuis la frontière Sud du cercle de Nzérékoré en Guinée française,
à partir du village manon de Sopa, canton de Gbènson, on peut
suivre dabord le Gben, qui se jette dans le Nyè, et lon arrive
au fleuve Saint-John, qui sépare nettement les Manon, à lEst,
des Guérzé, ou Kpèlé, à lOuest.
Plus au Sud,le village de Wonita, sur la Poni River, au Libéria,
marque lextrême Sud du pays guerzé avec les Bassa pour voisins,
au Sud.
Les Guerzé, se retrouvent tout le long de la, route de Gbanga
à Kakata. Puis, en allant vers lOuest, on trouve des Guerzé mêlés
aux Américo-libériens, et aux autochtones, les Dê, jusquà White-Plain
et Muhlenberg, sur le Saint-Paul.
En remontant le cours du Saint-Paul, nommé là-bas Dé, et chez
les Guerzé Yano, on trouve des Guerzé sur les deux rives du fleuve,
mêlés aux Véï à lOuest jusquà Bopolop marqué sur les cartes
de Dakar : Bopara. Les Guerzé étaient captifs des Véï dans cette
région.
Toujours en remontant le Saint-Paul, là où lon a situé les Gbanda
sur la carte de lUniversité Harvard, 1938, ce sont toujours des
Guerzé. Les Gola, et un peu plus au Nord-Est les Bélé, sont leurs
voisins.
Là où lon a marqué Loma sur la même carte, ce sont toujours les
Guerzé, qui arrivent jusquà 10km de Zorzor, pointe extrême Est
du pays toma.
Nous pénétrons alors dans le cercle de Macenta, où nous trouvons
encore des Guerzé dans tout le canton de Loho, à lOuest du Saint-Paul.
Mais à partir de ce canton les Guerzé ne tiennent plus que la
partie à lEst du Diani, jusquà la Toffa. Cette rivière et son
affluent le Monouya font ensuite la limite entre les Guerzé et
les Toma jusquà la hauteur de Yagbangay, à lOuest de Boola.
Les cantons de Boola et de Foumbadougou, du cercle de Beyla, constituent
la limite Nord de lhabitat des Guerzé. Le deuxième, à vrai dire,
est spécifiquement Konon, mais les Konon ne sont autre chose que
des Guerzé, parlant un dialecte beaucoup plus différent du guerzé
de par ici que celui des libériens.
On peut voir par là quune grande partie du Libéria est occupée
par les Guerzé. Aucune autre tribu ny possède un aussi grand
territoire. De même nous voyons que la majorité des Guerzé se
trouve au Libéria.
Dans des notes de service aux District Commissionners, en date
du 15 juin 1943, M. Richard N. Holder, guerzé lui-même par sa
mère, alors Secrétaire au Ministère de lIntérieur, fait lénumération
des provinces et des cantons de lhinterland et 11 cantons sont
attribués aux Guerzé, répartis dans 4 Districts :
En pays français, presque tout le cercle de Nzérékoré sauf trois cantons manon,
et quelques îlots de Guéré et Gê et de Yakouba à lEst. Ajoutez
à cela un canton du cercle de Macenta, celui de Loho, et les deux
cantons de sa et de Foumbadougou, du cercle de Beyla.
Nous notons ici quil ny a pas de Toma dans le cercle de Nzérékoré,
mais seulement une bande de terrain, très peu large, à lEst du
Diani, où résident dauthentiques Guerzé, qui parlent aussi le
toma, comme les riverains du Diani à lOuest, de Nzébéla à Koyama,
parlent le guerzé parfaitement, tout en étant de vrais Toma.
Comme en Guinée, lorganisation imposée par le Gouvernement a supplanté lancienne ou plutôt sest superposée à elle, et le pays est divisé en cantons commandés par des chefs appelés paramount-chiefs. Ils ont sous leurs ordres des clan-chiefs, qui commandent sept villages, et chaque village, à son tour, est commandé par un town-chief. La division du village en cours ou quartiers est la même quici, et il y a aussi une cour désignée à tour de rôle pour les services administratifs de chaque jour : portages de lettres ou de bagages, réception des Européens ou des Noirs américo-libériens et assimilés.
Dune façon générale, on peut dire que ce sont les mêmes coutumes que chez les Guerzé de la Guinée. Quelques détails seulement changent ici ou là, et plus spécialement dans le district de Kakata et dans la partie de celui de Bopolu occupée par les Guerzé. Leur tribu na là quune bande de terrain peu large,60 km parfois,et, par suite, elle est plus en contact avec les autres tribus et plus touchée par les influences étrangères Bassa, dune part, au-Sud, et Vèï, Gola et Bélé, dautre part, à lOuest.
Comme par ici, les alentours du village sont mieux nettoyés que
les chemins. Ces derniers sélargissent aux entrées et aux sorties
des villages. Il y a aussi des barrières avec portes à ressort
fait de lianes; ou bien encore des échelles doubles pas très hautes,
composées de quatre ou cinq échelons, ayant pour but dempêcher
le bétail daller dans les champs, tout en permettant aux hommes
de passer.
Les cases sont, comme ici, disposées dans le village, au petit
bonheur, plus ou moins serrées les unes contre les autres.
En plus des cases dhabitation, sur lesquelles je reviendrai,
il y a à noter le hangar à palabres, les hangars pour moutons
et chèvres, les greniers à riz, les arbres à gendarmes, et les
kouneñ
Le hangar à palabres est un simple hangar rectangulaire, avec
ou sans plafond. Mais à lencontre de ceux dici, ils sont plusvastes
et ne servent pas en même temps de greniers à riz. Deplus, assez
souvent ils sont à demi fermés par une murette en terre ou une
barrière en planches, et à lintérieur, une barrière sépare les
juges des inculpés et des plaignants. Un vrai tribunal.
Les hangars pour moutons et chèvres sont aussi des hangars rectangulaires
beaucoup plus petits. (On nen trouve pas pour les bovins qui,
plus gros et plus forts, peuvent se défendre contre les panthères.)
Ils ont ceci de particulier quils sont sur pilotis, par peur
des panthères, très nombreuses dans la région. Pour y accéder,
les bêtes doivent monter un escalier de cinq marches. Une séparation
en bans ou en branches a été faite dans le sens de la longueur,
les caprins sont admis dun côté et les ovins de lautre.
Nous avons vu aussi de petits édicules semblables à des cases
en réduction que nous trouvons par ici, et qui ne sont que des
cases à gris-gris. Là-bas, ce sont des poulaillers. Toutefois
nous avons vu aussi des poulaillers sous les vérandas, simples
coffres en terre munis dune toute petite. porte, que lon ferme
avec un caillou, comme ceux de par ici.
Les greniers à riz de la partie de Guinée sont des hangars, qui
servent, aussi dabris, voire de cases dhabitation dans les champs.
Ceux que nous avons vus là-bas ne sont que des greniers, sans
autre destination. Le riz se met en gerbes, sous le toit. Un plafond
en bans descend à 1m50 environ, du sol. Très souvent on les trouve
en bordure du village, groupés assez loin des cases, par peur
du feu.
Les kouneñ, petits enclos faits de bans serrés les uns contre les autres, qui cachent ceux qui se lavent,
sont les mêmes que ceux dici, quoique peut-être en moins grand
nombre. Les kouneñ proprement dits sont très rares, surtout sur la grande route,
de Naama jusquà Kakata. On appelle ici kouneñ (au Nord : koumouñ) une clôture en bans, analogue aux salles de bain des indigènes,
mais plus grande, qui entoure une ou plusieurs cases, de façon
à former une cour intérieure, fermée aux regards, et dans laquelle
on ne peut entrer que par une des cases. La famille sy trouve
ainsi tout à fait chez elle. Les femmes y travaillent et sy lavent;
les vieux y passent une bonne partie de la journée dans un doux
farniente,
Nous en avons vu quelques-uns, jusquà Naama, et aussi sur le
chemin du retour de Hanoye à Zorzor, mais chez les chefs seulement.
Cela peut sexpliquer naturellement par la rareté des raphias.
Dans quelques villages, en particulier à Haye (Salayé), à une
vingtaine de kilomètres de Zorzor, nous avons vu ces enceintes
en bans remplacées par de véritables murettes en terre, couvertes de
feuilles de raphia.
Les arbres à gendarmes. Dans tous les villages guerzé du Nord, presque sans exception,
il y a ce quon appelle heê-ulu larbre à gendarmes, car il sert de refuge à ces mange-mil du
pays appelés vulgairement gendarmes. Au Libéria, nous en avons
vu jusquà Naama. Ensuite ils disparaissent complètement jusquà
la mer. Sur le chemin du retour nous avons constaté leur réapparition
à Hanoye seulement.
Elles sont en général les mêmes quen Guinée. Cest la case
ronde qui domine. Mais les cases carrées ou rectangulaires on
devrait plutôt dire trapézoïdales y sont plus nombreuses quici.
Il y a aussi dans presque tous, les villages, surtout au Sud de
Gbanga, des cases pour chefs ou étrangers, de formes carrées ou
rectangulaires, assez compliquées à lintérieur, comprenant jusquà
quatre et cinq pièces. Nous en avons vu une, celle du chef de
Sallala, qui comprend jusquà huit pièces.
Les cases rondes, sont identiques à celles de par ici ? Les autres
ont en général clés vérandas plus larges. Elles sont aussi volontiers
plus élevées. La case du chef de Uloputa est très élevée. On y
accède par un escalier en bois de huit marches.
A noter quelques cases de forme vraiment ellipsoïdale. Pour ces
dernières, comme aussi pour les cases rectangulaires, le toit
est à double pointe, surtout entre Gbanda et Kakata.
Les murs sont faits, comme ici, dune armature de bois et
lianes recouverte de boue épaisse à lintérieur et à lextérieur.
Quand tout est sec, on crépit avec de la terre argileuse grise.
Le kaolin leur donne ensuite une couleur plus gaie.
A Dyeeñdyu (Zienshu) nous avons vu des cases dont les murs étaient
faits de clayonnage en nervures de Raphia vinifera, coupées menu et tressées. Plus au Sud, nous en avons encore vu
quelques autres spécimens, mais cest rare.
Comme il y a peu de raphia, les charpentes sont entièrement faites
de branches darbres. Cest surtout un arbre appelé lolo très
dur et qui nest pas attaqué par les tarets, si lon a enlevé
lécorce tout de suite. Cest le même arbre qui sert le plus souvent,
là-bas comme ici, de piquets pour larmature des cases.
De menues branches ou des lianes sont fixées, comme ici, par-dessus
la charpente, pour y attacher les bouquets de feuilles de raphia
qui couvriront les cases. Quelques cases sont couvertes en papeaux,
mais très rares
Même procédé quici dans lensemble. Mais tandis que la véranda
nest faite ici quen dernier lieu, après les murs et le sol de
la case, là-bas nous avons vu les Libériens faire dabord le sol
et les vérandas, et terminer par les murs.
De plus nous avons vu à Dyeeñdyu une chose que lon trouverait
ici impossible. Des hommes pétrissaient de la terre pour faire
les murs dune, case, etcela sans tam-tam, ni musique daucune
sorte, même sans chanter…
Plus lon va vers le Sud, plus aussi les lits en bois sont nombreux,
ainsi que les chaises, soit entièrement en bois, soit en bois
avec siègeen rotins entrelacés. Mais chez les gens ordinaires,
cest toujours le lit en terre de par ici, simple élévation du
sol
Beaucoup de plafonds sont recouverts par-dessous dun clayonnage
en nervures de raphia coupées menu et entrelacées.
Sur les murs extérieurs il y a aussi davantage de dessins que
par ici. Ce sont des représentations dhommes et de femmes, de
nyomou échassier, danimaux : cheval, panthère, éléphant, de bateaux,
dautomobiles et surtout davions.
Beaucoup de portes en bois. Un village na que des portes en ailerons
de fromagers, aussi sappelle-t-il Gbon neuy, ce qui veut dire le pays des portes.
Jusquà Gbanga on peut dire quil ny a pas de différences avec
notre région. Mais à partir de là, nous ne trouvons plus de ces
vêtements amples pour les hommes, appelés en guerzé gbawi, genre
de chasuble gothique descendant jusquà mi-jambe et un peu plus
large que lenvergure dun homme.
Nous avons vu aussi beaucoup denfants nus, qui par ici, auraient
certainement, vu leur âge (5 ou 6 ans), porté au moins un slip.
De même nous avons vu des jeunes gens de 15 à 20 ans et plus portant
seulement autour des reins une ficelle qui retenait un lambeau
détoffe passant entre les jambes. Il y en avait même deux qui,
au lieu dune ficelle, portaient un collier de verroterie, ornement
réservé par ici exclusivement aux femmes.
A notre grande stupéfaction, nous avons vu à Gbon neuy, au Sud
de Gbanga, une femme portant seulement un cache-sexe en plein
village et sans se cacher. Ici on laurait conspuée, car les femmes
ne peuvent enlever leur pagne, sinon dans les cours intérieures,
dans les maisons et dans les champs.
Entre Kakata et Hanoye, sur le chemin du retour, nous devions
voir bien autre chose. Dans cette région toute jeune fille, même
nubile, ne porte quune petite bande détoffe, très peu large,
passant entre les jambes et retenue à la ceinture de verroterie,
ou même à une ficelle. Elle naura pas dautre habit tant quelle
naura pas eu de relations avec son mari (ou avec un autre homme,
si elle nest pas encore mariée).
Nous croyons que cette diminution des vêtements a pour raison
première la pénurie de coton. Cette région est en effet presque
entièrement dépourvue de champs de coton, tandis que dans le Nord
du Libéria les champs de coton abondent et aussi les vêtements.
Nous ne parlons pas, bien entendu, des routes automobiles, mais
des simples pistes de village à village et de style indigène.
Ces chemins sont du même genre que ceux dici, et en général assez
bien entretenus.
Les ponts que nous trouvons sont semblables à ceux de par ici,
sauf toutefois les ponts ordinaires, dont le dessus est souvent
fait de menues branches entrelacées de lianes, ce qui assure une
certaine facilité de passage, mais la durée est moindre, car les
branches sont très petites.
Nous, avons vu aussi un pont dont les extrémités sont sur fourche
et le milieu, assez long (10m environ), suspendu comme les ponts
de lianes aux branches des arbres environnants. Nous ne souvenons
den avoir vu quun seul dans le cercle de Nzérékoré, tout proche
de la frontière libérienne.
A Peata, petit village sur le bord du Diani (Pieta de la carte
Harvard), il y a des pirogues pour le passage du fleuve. Faites
dun tronc de fromager creusé,, elles ont environ 6m de long,
75cm. de large et presque autant de profondeur. Elles sont stables
et se manuvrent avec une seule pagaie. Mais nous sommes passés
par là aux eaux basses. Quand le fleuve a des crues, nous ne savons
sil en est de même.
Nous avons vu à laller un gros arbre tombé en travers du chemin
et que lon avait négligé de couper. A vrai dire il y en avait
beaucoup sur les pistes, mais pour celui-ci on avait poussé le
luxe jusquà poser de part et dautre de larbre une de ces mêmes
échelles doubles qui permettent aux piétons de passer par-dessus
les barrières des villages. Il y avait même une rampe de chaque
côté.
Enfin sur les routes du Sud, sans. doute à cause du grand nombre
des travailleurs de la Firestone, qui y passent souvent, sont
installées de temps en temps des cases qui servent dauberges.
On y vend du vin de palme, du manioc, des colas, et même en certains
endroits des plats de riz ou de manioc avec viande ou poisson.
Comme les gens dici, les Guerzé libériens ne sont pas éleveurs.
Il y a à peu près partout des moutons et des chèvres. Partout
il y a de la volaille. Mais les bovins sont assez rares. Cest
surtout dans les districts de Gbanga et de Zorzor que nous en
avons vu. Pas decheavaux. Nous n en avons vu quun, à Monrovia
même. Et nous croyons que la mission luthérienne de Zorzor en
possède, mais cest tout.
Les cultures sont celles du riz bien entendu, du manioc, et les
cultures maraîchères indigènes : tomates, gombo, herbes à sauce
Les champs de coton cessent complètement après Dyeeñdyu (Zienshu)
et au retour nous nen avons retrouvé que dans les alentours de
Hanoye.
Au Sud-Ouest, après Kakata, toutes les cultures cèdent le pas
au caoutchouc et à la canne à sucre. Cette dernière ne sert pas
à faire du sucre, mais seulement une eau-de-vie très médiocre,
qui se vend fort cher, et se consomme néanmoins en très grande
quantité, surtout dans le Sud et sur la côte.
Au Nord nous navons trouvé de plantation de caoutchouc que dans
un village nommé Taylors Farm. Un tailleur, possesseur dune
machine à coudre, fait travailler des Guerzé, qui se sont groupés
autour de lui, au milieu de lexploitation.
Pas de cordonnier guerzé comme il y en a ici.
Les forges sont les mêmes quici, mais en moins grand nombre.
Il ny en a pas dans tous les villages.
Les métiers à tisser sont aussi les mêmes. Nous avons vu entre
Hanoye et Zorzor un bâti composé de quatre poteaux comme les autres,
mais au lieu dêtre verticaux et enfoncés en terre, ils forment
comme les arêtes dune pyramide.
Certains métiers, à Haye (Salayé) par exemple, sont placés sous
un hangar qui recouvre tout le métier, y compris le traîneau où
repose lextrémité de la trame.
Dans ce même village et aussi à Gbone, il y avait des métiers
jumelés.
Les nattes en jonc se fabriquent encore jusquà Gbandyû, dernier
village avant Naama, mais ensuite jusquà la côte il ny a plus
de jonc et donc plus de nattes de cette espèce. Les riches en
font venir de Guinée, qui coûtent fort cher, et les gens ordinaires
se servent dune natte plus grossière, faite de nervures de bans
coupées très menu et entrelacées de fibres de lianes. Ils appellent
cette natte kala.
On trouve des chaises en rotin et des corbeilles un peu partout,
mais pour ce qui est des fauteuils tout en rotin et aussi des
vans, ce sont des spécialistes qui les fabriquent. La plupart
sont Toma. Quelques Guerzé des bords du Diani, où abonde le rotin,
en font aussi.
Les hamacs se fabriquent un peu partout. Ils sont faits de raphia.
Les indigènes, évolués et non évolués, font du hamac un usage
énorme. Nulle part en Guinée nous navons vu tant de gens passant
tant de temps dans les hamacs. Ajoutez à tout cela dans le Sud-Ouest
la distillation de la canne à sucre, dont on exporte leau-de-vie
jusquen Guinée française.
Les principes sont les mêmes et les instruments aussi. Il ny
a à noter comme différences que les filets de chasse sont plus
longs. Ces filets de chasse, inconnus dans le Nord du cercle,
répandus dans tout le Sud, aux abords de la frontière, dans les
trois cantons du Boo, de lOuna et de Nyèkoèlè, nont ici que
3 à 5m de longueur. Nous en avons vu là-bas dau moins 7m.
Les pièges à panthères sont à peu près comme ceux dici, mais
diffèrent de ceux du Nord du cercle sur un seul point. Là-haut
cest en passant sur un petit tremplin que la bête déclenche lamas
de troncs darbres qui lécrasera. Par ici et au Libéria on tend
au-dessus du tremplin un filet, et cest en forçant ce filet que
la bête fera fonctionner le déclic.
Pêche à la ligne et au filet comme ici, avec toutefois un emploi
plus fréquent de lépervier. Les nasses sont à peu près les mêmes,
de même que les pièges à poisson.
Nous navons vu ni sacrifices, ni autres actes de religion, car
nous ne faisions que passer. Mais nous avons vu plusieurs enceintes
dinitiation dhommes; nous avons vu aussi des initiés sortis
le jour même de notre arrivée dans leurs villages. Une nuit à
Wendyû et une autre à Gbendyu nous avons entendu la musique des
hommes masqués, dits nyomou, et ceux-ci ont parlé.
Dans lensemble, la même chose quici. Une preuve est lexode
de beaucoup, de jeunes gens de la région allant se faire initier
au Libéria. Il peut y avoir çà et là dans quelques détails des
différences, quil ne nous a pas été donné de constater dans un
voyage relativement rapide.
Les porteurs de charges que nous rencontrions avaient toujours
avec eux une provision de riz. Même des gens qui allaient pour
une affaire ou une autre, dans un village, emportaient une provision
de riz. Cétait pour leur nourriture, car au Libéria on ne donne
rien, tout sachète. Cest tout juste si lon ne vous fait pas
payer leau quon vous apporte. Plusieurs, après nous avoir apporté
un gobelet deau, demandaient un pourboire.
Les étrangers qui nont pas de parents ou damis dans le village
nont pas de case pour y passer, la nuit, ils doivent coucher
sous les vérandas ou sous les hangars-tribunaux. Il ny a dexception
à cette règle que pour létranger qui a sa femme avec lui; alors,
à cause de la femme, on lui donne une case. Mais si cest trois
ou quatre couples, comme nous avons vu le cas à Dyendyu (Zienshu),
on trouve quils sont trop nombreux et hommes et femmes doivent
doucher sous les hangars.
Les moindres services, indication du chemin par exemple, se paient.
Il est évident, pour quelquun qui vient de par ici, que cest
là une déformation dorigine étrangère, je veux dire dorigine
américo-libérienne. Il paraîtrait que cela sest encore accentué
depuis. larrivée des soldats américains.
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