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Institut Français d'Afrique Noire
Centre de Guinée

Etudes Guinéennes. Numéro 2. 1947


Rév. P. Lassort et Lelong
Chez les Kpèlè du Libéria et les Guerzé de la Guinée Française

p.8-24


Le pays kpèlè, ses limites, ses voisins

Depuis la frontière Sud du cercle de Nzérékoré en Guinée française, à partir du village manon de Sopa, canton de Gbènson, on peut suivre d’abord le Gben, qui se jette dans le Nyè, et l’on arrive au fleuve Saint-John, qui sépare nettement les Manon, à l’Est, des Guérzé, ou Kpèlé, à l’Ouest.
Plus au Sud,le village de Wonita, sur la Poni River, au Libéria, marque l’extrême Sud du pays guerzé avec les Bassa pour voisins, au Sud.
Les Guerzé, se retrouvent tout le long de la, route de Gbanga à Kakata. Puis, en allant vers l’Ouest, on trouve des Guerzé mêlés aux Américo-libériens, et aux autochtones, les Dê, jusqu’à White-Plain et Muhlenberg, sur le Saint-Paul.
En remontant le cours du Saint-Paul, nommé là-bas Dé, et chez les Guerzé Yano, on trouve des Guerzé sur les deux rives du fleuve, mêlés aux Véï à l’Ouest jusqu’à Bopolop marqué sur les cartes de Dakar : Bopara. Les Guerzé étaient captifs des Véï dans cette région.
Toujours en remontant le Saint-Paul, là où l’on a situé les Gbanda sur la carte de l’Université Harvard, 1938, ce sont toujours des Guerzé. Les Gola, et un peu plus au Nord-Est les Bélé, sont leurs voisins.
Là où l’on a marqué Loma sur la même carte, ce sont toujours les Guerzé, qui arrivent jusqu’à 10km de Zorzor, pointe extrême Est du pays toma.
Nous pénétrons alors dans le cercle de Macenta, où nous trouvons encore des Guerzé dans tout le canton de Loho, à l’Ouest du Saint-Paul. Mais à partir de ce canton les Guerzé ne tiennent plus que la partie à l’Est du Diani, jusqu’à la Toffa. Cette rivière et son affluent le Monouya font ensuite la limite entre les Guerzé et les Toma jusqu’à la hauteur de Yagbangay, à l’Ouest de Boola. Les cantons de Boola et de Foumbadougou, du cercle de Beyla, constituent la limite Nord de l’habitat des Guerzé. Le deuxième, à vrai dire, est spécifiquement Konon, mais les Konon ne sont autre chose que des Guerzé, parlant un dialecte beaucoup plus différent du guerzé de par ici que celui des libériens.
On peut voir par là qu’une grande partie du Libéria est occupée par les Guerzé. Aucune autre tribu n’y possède un aussi grand territoire. De même nous voyons que la majorité des Guerzé se trouve au Libéria.
Dans des notes de service aux District Commissionners, en date du 15 juin 1943, M. Richard N. Holder, guerzé lui-même par sa mère, alors Secrétaire au Ministère de l’Intérieur, fait l’énumération des provinces et des cantons de l’hinterland et 11 cantons sont attribués aux Guerzé, répartis dans 4 Districts :

En pays français, presque tout le cercle de Nzérékoré sauf trois cantons manon, et quelques îlots de Guéré et Gê et de Yakouba à l’Est. Ajoutez à cela un canton du cercle de Macenta, celui de Loho, et les deux cantons de sa et de Foumbadougou, du cercle de Beyla.
Nous notons ici qu’il n’y a pas de Toma dans le cercle de Nzérékoré, mais seulement une bande de terrain, très peu large, à l’Est du Diani, où résident d’authentiques Guerzé, qui parlent aussi le toma, comme les riverains du Diani à l’Ouest, de Nzébéla à Koyama, parlent le guerzé parfaitement, tout en étant de vrais Toma.

Organisation du pays

Comme en Guinée, l’organisation imposée par le Gouvernement a supplanté l’ancienne ou plutôt s’est superposée à elle, et le pays est divisé en cantons commandés par des chefs appelés paramount-chiefs. Ils ont sous leurs ordres des clan-chiefs, qui commandent sept villages, et chaque village, à son tour, est commandé par un town-chief. La division du village en cours ou quartiers est la même qu’ici, et il y a aussi une cour désignée à tour de rôle pour les services administratifs de chaque jour : portages de lettres ou de bagages, réception des Européens ou des Noirs américo-libériens et assimilés.

Coutumes diverses.

D’une façon générale, on peut dire que ce sont les mêmes coutumes que chez les Guerzé de la Guinée. Quelques détails seulement changent ici ou là, et plus spécialement dans le district de Kakata et dans la partie de celui de Bopolu occupée par les Guerzé. Leur tribu n’a là qu’une bande de terrain peu large,–60 km parfois,–et, par suite, elle est plus en contact avec les autres tribus et plus touchée par les influences étrangères Bassa, d’une part, au-Sud, et Vèï, Gola et Bélé, d’autre part, à l’Ouest.

a. Le village.

Comme par ici, les alentours du village sont mieux nettoyés que les chemins. Ces derniers s’élargissent aux entrées et aux sorties des villages. Il y a aussi des barrières avec portes à ressort fait de lianes; ou bien encore des échelles doubles pas très hautes, composées de quatre ou cinq échelons, ayant pour but d’empêcher le bétail d’aller dans les champs, tout en permettant aux hommes de passer.
Les cases sont, comme ici, disposées dans le village, au petit bonheur, plus ou moins serrées les unes contre les autres.
En plus des cases d’habitation, sur lesquelles je reviendrai, il y a à noter le hangar à palabres, les hangars pour moutons et chèvres, les greniers à riz, les arbres à gendarmes, et les kouneñ
Le hangar à palabres est un simple hangar rectangulaire, avec ou sans plafond. Mais à l’encontre de ceux d’ici, ils sont plusvastes et ne servent pas en même temps de greniers à riz. Deplus, assez souvent ils sont à demi fermés par une murette en terre ou une barrière en planches, et à l’intérieur, une barrière sépare les juges des inculpés et des plaignants. Un vrai tribunal.
Les hangars pour moutons et chèvres sont aussi des hangars rectangulaires beaucoup plus petits. (On n’en trouve pas pour les bovins qui, plus gros et plus forts, peuvent se défendre contre les panthères.) Ils ont ceci de particulier qu’ils sont sur pilotis, par peur des panthères, très nombreuses dans la région. Pour y accéder, les bêtes doivent monter un escalier de cinq marches. Une séparation en bans ou en branches a été faite dans le sens de la longueur, les caprins sont admis d’un côté et les ovins de l’autre.
Nous avons vu aussi de petits édicules semblables à des cases en réduction que nous trouvons par ici, et qui ne sont que des cases à gris-gris. Là-bas, ce sont des poulaillers. Toutefois nous avons vu aussi des poulaillers sous les vérandas, simples coffres en terre munis d’une toute petite. porte, que l’on ferme avec un caillou, comme ceux de par ici.
Les greniers à riz de la partie de Guinée sont des hangars, qui servent, aussi d’abris, voire de cases d’habitation dans les champs. Ceux que nous avons vus là-bas ne sont que des greniers, sans autre destination. Le riz se met en gerbes, sous le toit. Un plafond en bans descend à 1m50 environ, du sol. Très souvent on les trouve en bordure du village, groupés assez loin des cases, par peur du feu.
Les kouneñ, petits enclos faits de bans serrés les uns contre les autres, qui cachent ceux qui se lavent, sont les mêmes que ceux d’ici, quoique peut-être en moins grand nombre. Les kouneñ proprement dits sont très rares, surtout sur la grande route, de Naama jusqu’à Kakata. On appelle ici kouneñ (au Nord : koumouñ) une clôture en bans, analogue aux salles de bain des indigènes, mais plus grande, qui entoure une ou plusieurs cases, de façon à former une cour intérieure, fermée aux regards, et dans laquelle on ne peut entrer que par une des cases. La famille s’y trouve ainsi tout à fait chez elle. Les femmes y travaillent et s’y lavent; les vieux y passent une bonne partie de la journée dans un doux farniente,
Nous en avons vu quelques-uns, jusqu’à Naama, et aussi sur le chemin du retour de Hanoye à Zorzor, mais chez les chefs seulement. Cela peut s’expliquer naturellement par la rareté des raphias.
Dans quelques villages, en particulier à Haye (Salayé), à une vingtaine de kilomètres de Zorzor, nous avons vu ces enceintes en bans remplacées par de véritables murettes en terre, couvertes de feuilles de raphia.
Les arbres à gendarmes. — Dans tous les villages guerzé du Nord, presque sans exception, il y a ce quon appelle heê-ulu l’arbre à gendarmes, car il sert de refuge à ces mange-mil du pays appelés vulgairement gendarmes. Au Libéria, nous en avons vu jusqu’à Naama. Ensuite ils disparaissent complètement jusqu’à la mer. Sur le chemin du retour nous avons constaté leur réapparition à Hanoye seulement.

b. L’habitation.

1. Les formes.

Elles sont en général les mêmes qu’en Guinée. C’est la case ronde qui domine. Mais les cases carrées ou rectangulaires — on devrait plutôt dire trapézoïdales — y sont plus nombreuses qu’ici.
Il y a aussi dans presque tous, les villages, surtout au Sud de Gbanga, des cases pour chefs ou étrangers, de formes carrées ou rectangulaires, assez compliquées à l’intérieur, comprenant jusqu’à quatre et cinq pièces. Nous en avons vu une, celle du chef de Sallala, qui comprend jusqu’à huit pièces.
Les cases rondes, sont identiques à celles de par ici ? Les autres ont en général clés vérandas plus larges. Elles sont aussi volontiers plus élevées. La case du chef de Uloputa est très élevée. On y accède par un escalier en bois de huit marches.
A noter quelques cases de forme vraiment ellipsoïdale. Pour ces dernières, comme aussi pour les cases rectangulaires, le toit est à double pointe, surtout entre Gbanda et Kakata.

2. Les matériaux.

Les murs sont faits, comme ici, d’une armature de bois et lianes recouverte de boue épaisse à l’intérieur et à l’extérieur. Quand tout est sec, on crépit avec de la terre argileuse grise. Le kaolin leur donne ensuite une couleur plus gaie.
A Dyeeñdyu (Zienshu) nous avons vu des cases dont les murs étaient faits de clayonnage en nervures de Raphia vinifera, coupées menu et tressées. Plus au Sud, nous en avons encore vu quelques autres spécimens, mais c’est rare.
Comme il y a peu de raphia, les charpentes sont entièrement faites de branches d’arbres. C’est surtout un arbre appelé lolo très dur et qui n’est pas attaqué par les tarets, si l’on a enlevé l’écorce tout de suite. C’est le même arbre qui sert le plus souvent, là-bas comme ici, de piquets pour l’armature des cases.
De menues branches ou des lianes sont fixées, comme ici, par-dessus la charpente, pour y attacher les bouquets de feuilles de raphia qui couvriront les cases. Quelques cases sont couvertes en papeaux, mais très rares

3. Construction des cases.

Même procédé qu’ici dans l’ensemble. Mais tandis que la véranda n’est faite ici qu’en dernier lieu, après les murs et le sol de la case, là-bas nous avons vu les Libériens faire d’abord le sol et les vérandas, et terminer par les murs.
De plus nous avons vu à Dyeeñdyu une chose que l’on trouverait ici impossible. Des hommes pétrissaient de la terre pour faire les murs d’une, case, etcela sans tam-tam, ni musique d’aucune sorte, même sans chanter…

4. Ameublement et ornementation

Plus l’on va vers le Sud, plus aussi les lits en bois sont nombreux, ainsi que les chaises, soit entièrement en bois, soit en bois avec siège–en rotins entrelacés. Mais chez les gens ordinaires, c’est toujours le lit en terre de par ici, simple élévation du sol…
Beaucoup de plafonds sont recouverts par-dessous d’un clayonnage en nervures de raphia coupées menu et entrelacées.
Sur les murs extérieurs il y a aussi davantage de dessins que par ici. Ce sont des représentations d’hommes et de femmes, de nyomou échassier, d’animaux : cheval, panthère, éléphant, de bateaux, d’automobiles et surtout d’avions.
Beaucoup de portes en bois. Un village n’a que des portes en ailerons de fromagers, aussi s’appelle-t-il Gbon neuy, ce qui veut dire le pays des portes.

c. L’habillement

Jusqu’à Gbanga on peut dire qu’il n’y a pas de différences avec notre région. Mais à partir de là, nous ne trouvons plus de ces vêtements amples pour les hommes, appelés en guerzé gbawi, genre de chasuble gothique descendant jusqu’à mi-jambe et un peu plus large que l’envergure d’un homme.
Nous avons vu aussi beaucoup d’enfants nus, qui par ici, auraient certainement, vu leur âge (5 ou 6 ans), porté au moins un slip.
De même nous avons vu des jeunes gens de 15 à 20 ans et plus portant seulement autour des reins une ficelle qui retenait un lambeau d’étoffe passant entre les jambes. Il y en avait même deux qui, au lieu d’une ficelle, portaient un collier de verroterie, ornement réservé par ici exclusivement aux femmes.
A notre grande stupéfaction, nous avons vu à Gbon neuy, au Sud de Gbanga, une femme portant seulement un cache-sexe en plein village et sans se cacher. Ici on l’aurait conspuée, car les femmes ne peuvent enlever leur pagne, sinon dans les cours intérieures, dans les maisons et dans les champs.
Entre Kakata et Hanoye, sur le chemin du retour, nous devions voir bien autre chose. Dans cette région toute jeune fille, même nubile, ne porte qu’une petite bande d’étoffe, très peu large, passant entre les jambes et retenue à la ceinture de verroterie, ou même à une ficelle. Elle n’aura pas d’autre habit tant quelle n’aura pas eu de relations avec son mari (ou avec un autre homme, si elle n’est pas encore mariée).
Nous croyons que cette diminution des vêtements a pour raison première la pénurie de coton. Cette région est en effet presque entièrement dépourvue de champs de coton, tandis que dans le Nord du Libéria les champs de coton abondent et aussi les vêtements.

d. Les chemins.

Nous ne parlons pas, bien entendu, des routes automobiles, mais des simples pistes de village à village et de style indigène.
Ces chemins sont du même genre que ceux d’ici, et en général assez bien entretenus.
Les ponts que nous trouvons sont semblables à ceux de par ici, sauf toutefois les ponts ordinaires, dont le dessus est souvent fait de menues branches entrelacées de lianes, ce qui assure une certaine facilité de passage, mais la durée est moindre, car les branches sont très petites.
Nous, avons vu aussi un pont dont les extrémités sont sur fourche et le milieu, assez long (10m environ), suspendu comme les ponts de lianes aux branches des arbres environnants. Nous ne souvenons d’en avoir vu qu’un seul dans le cercle de Nzérékoré, tout proche de la frontière libérienne.
A Peata, petit village sur le bord du Diani (Pieta de la carte Harvard), il y a des pirogues pour le passage du fleuve. Faites d’un tronc de fromager creusé,, elles ont environ 6m de long, 75cm. de large et presque autant de profondeur. Elles sont stables et se manœuvrent avec une seule pagaie. Mais nous sommes passés par là aux eaux basses. Quand le fleuve a des crues, nous ne savons s’il en est de même.
Nous avons vu à l’aller un gros arbre tombé en travers du chemin et que l’on avait négligé de couper. A vrai dire il y en avait beaucoup sur les pistes, mais pour celui-ci on avait poussé le luxe jusqu’à poser de part et d’autre de l’arbre une de ces mêmes échelles doubles qui permettent aux piétons de passer par-dessus les barrières des villages. Il y avait même une rampe de chaque côté.
Enfin sur les routes du Sud, sans. doute à cause du grand nombre des travailleurs de la Firestone, qui y passent souvent, s’ont installées de temps en temps des cases qui servent d’auberges. On y vend du vin de palme, du manioc, des colas, et même en certains endroits des plats de riz ou de manioc avec viande ou poisson.

e. Culture et élevage.

Comme les gens d’ici, les Guerzé libériens ne sont pas éleveurs. Il y a à peu près partout des moutons et des chèvres. Partout il y a de la volaille. Mais les bovins sont assez rares. C’est surtout dans les districts de Gbanga et de Zorzor que nous en avons vu. Pas decheavaux. Nous n’ en avons vu qu’un, à Monrovia même. Et nous croyons que la mission luthérienne de Zorzor en possède, mais c’est tout.
Les cultures sont celles du riz bien entendu, du manioc, et les cultures maraîchères indigènes : tomates, gombo, herbes à sauce… Les champs de coton cessent complètement après Dyeeñdyu (Zienshu) et au retour nous n’en avons retrouvé que dans les alentours de Hanoye.
Au Sud-Ouest, après Kakata, toutes les cultures cèdent le pas au caoutchouc et à la canne à sucre. Cette dernière ne sert pas à faire du sucre, mais seulement une eau-de-vie très médiocre, qui se vend fort cher, et se consomme néanmoins en très grande quantité, surtout dans le Sud et sur la côte.
Au Nord nous n’avons trouvé de plantation de caoutchouc que dans un village nommé Taylor’s Farm. Un tailleur, possesseur d’une machine à coudre, fait travailler des Guerzé, qui se sont groupés autour de lui, au milieu de l’exploitation.

f. Industries.

Pas de cordonnier guerzé comme il y en a ici.
Les forges sont les mêmes qu’ici, mais en moins grand nombre. Il n’y en a pas dans tous les villages.
Les métiers à tisser sont aussi les mêmes. Nous avons vu entre Hanoye et Zorzor un bâti composé de quatre poteaux comme les autres, mais au lieu d’être verticaux et enfoncés en terre, ils forment comme les arêtes d’une pyramide.
Certains métiers, à Haye (Salayé) par exemple, sont placés sous un hangar qui recouvre tout le métier, y compris le traîneau où repose l’extrémité de la trame.
Dans ce même village et aussi à Gbone, il y avait des métiers jumelés.
Les nattes en jonc se fabriquent encore jusqu’à Gbandyû, dernier village avant Naama, mais ensuite jusqu’à la côte il n’y a plus de jonc et donc plus de nattes de cette espèce. Les riches en font venir de Guinée, qui coûtent fort cher, et les gens ordinaires se servent d’une natte plus grossière, faite de nervures de bans coupées très menu et entrelacées de fibres de lianes. Ils appellent cette natte kala.
On trouve des chaises en rotin et des corbeilles un peu partout, mais pour ce qui est des fauteuils tout en rotin et aussi des vans, ce sont des spécialistes qui les fabriquent. La plupart sont Toma. Quelques Guerzé des bords du Diani, où abonde le rotin, en font aussi.
Les hamacs se fabriquent un peu partout. Ils sont faits de raphia. Les indigènes, évolués et non évolués, font du hamac un usage énorme. Nulle part en Guinée nous n’avons vu tant de gens passant tant de temps dans les hamacs. Ajoutez à tout cela dans le Sud-Ouest la distillation de la canne à sucre, dont on exporte l’eau-de-vie jusqu’en Guinée française.

g. Chasse et pêche

Les principes sont les mêmes et les instruments aussi. Il n’y a à noter comme différences que les filets de chasse sont plus longs. Ces filets de chasse, inconnus dans le Nord du cercle, répandus dans tout le Sud, aux abords de la frontière, dans les trois cantons du Boo, de l’Ouna et de Nyèkoèlè, n’ont ici que 3 à 5m de longueur. Nous en avons vu là-bas d’au moins 7m.
Les pièges à panthères sont à peu près comme ceux d’ici, mais diffèrent de ceux du Nord du cercle sur un seul point. Là-haut c’est en passant sur un petit tremplin que la bête déclenche l’amas de troncs d’arbres qui l’écrasera. Par ici et au Libéria on tend au-dessus du tremplin un filet, et c’est en forçant ce filet que la bête fera fonctionner le déclic.
Pêche à la ligne et au filet comme ici, avec toutefois un emploi plus fréquent de l’épervier. Les nasses sont à peu près les mêmes, de même que les pièges à poisson.

h. Les initiations

Nous n’avons vu ni sacrifices, ni autres actes de religion, car nous ne faisions que passer. Mais nous avons vu plusieurs enceintes d’initiation d’hommes; nous avons vu aussi des initiés sortis le jour même de notre arrivée dans leurs villages. Une nuit à Wendyû et une autre à Gbendyu nous avons entendu la musique des hommes masqués, dits nyomou, et ceux-ci ont parlé.
Dans l’ensemble, la même chose qu’ici. Une preuve est l’exode de beaucoup, de jeunes gens de la région allant se faire initier au Libéria. Il peut y avoir çà et là dans quelques détails des différences, qu’il ne nous a pas été donné de constater dans ‘un voyage relativement rapide.

i. Hospitalité

Les porteurs de charges que nous rencontrions avaient toujours avec eux une provision de riz. Même des gens qui allaient pour une affaire ou une autre, dans un village, emportaient une provision de riz. C’était pour leur nourriture, car au Libéria on ne donne rien, tout s’achète. C’est tout juste si l’on ne vous fait pas payer l’eau qu’on vous apporte. Plusieurs, après nous avoir apporté un gobelet d’eau, demandaient un pourboire.
Les étrangers qui n’ont pas de parents ou d’amis dans le village n’ont pas de case pour y passer, la nuit, ils doivent coucher sous les vérandas ou sous les hangars-tribunaux. Il n’y a d’exception à cette règle que pour l’étranger qui a sa femme avec lui; alors, à cause de la femme, on lui donne une case. Mais si c’est trois ou quatre couples, comme nous avons vu le cas à Dyendyu (Zienshu), on trouve qu’ils sont trop nombreux et hommes et femmes doivent doucher sous les hangars.
Les moindres services, indication du chemin par exemple, se paient.
Il est évident, pour quelqu’un qui vient de par ici, que c’est là une déformation d’origine étrangère, je veux dire d’origine américo-libérienne. Il paraîtrait que cela s’est encore accentué depuis. l’arrivée des soldats américains.


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